Ce n'est que le vent qui s'agite

à la recherche d'un passé qui n'est plus là. Sans cesse se heurter au silence malgré les images... sentir que la vie présente a changé. et qu'on vous y demande des attitudes qui vous semblent tellement peu légitimes et parfois si loin de tout ce que vous avez vécu avant. Sentir que les choses changent et ne plus savoir si l'on est fait pour tout cela. Le manque, la sûreté, la confiance semblent désormais loin de toute lumière, ce ne sont plus que de trompeurs feu-follets...

Bonjour Joël,

Le monde égocentrique et individualiste dans lequel on vit ne me convient pas ... J'ai complètement intégré le fait qu'il y a une vie "avant" et une vie "après" et que toute tentative de changer les choses qui se sont passées est vaine et inutile.

Alors, j'ai décidé de renoncer à la vie "d'après" et de continuer à vivre dans le monde "d'avant", le monde dans lequel j'étais heureux, le monde dans lequel Chantal me souriait chaque matin lorsque je la prenais dans mes bras, le monde dans lequel on s'émerveillait ensemble devant un coucher de soleil sur la Mer du Nord ... En résumé, j'ai fait mes valises et je suis parti vivre en "nostalgie"...

Et cela me convient ...

Courage Joël ... l'Amour ne meurt jamais ! :merci:
 
Chez moi, tout est resté "comme avant" ... Si Chantal devait revenir, elle retrouverait toutes ses affaires et vêtements en l'état !

Certains me disent : "Tu te fais du mal en conservant tout ça" ... En fait, ils n'ont rien compris ... Mes enfants eux, ont bien compris que je ne voulais pas faire de la maison un mausolée, mais un lieu de vie qui résonne des cris des petits enfants, un lieu plein de rires et de musique, en fait, un endroit rassurant où tout le monde se rassemble pour faire la fête et évoquer de façon souriante, celles et ceux qui nous ont quittés pour "le monde derrière les étoiles" comme disent mes petits-enfants ... ;)

Plus de colère, plus de regrets ni de souffrances ... Parfois de petits coups de blues, mais avant tout une grande sérénité et une immense quiétude durant laquelle je remercie le destin d'avoir aimé et d'avoir été aimé durant autant d'années.

Quand nous sommes tous réunis, il arrive parfois que je sente une sorte de présence ineffable ... Alors là, je suis pleinement heureux.

C'est cette sérénité que je te souhaite de tout coeur, Joël ! :merci:
 
Moment d'attente... écho de nuits où à travers la fragilité de la mère j'avais encore la famille de mon enfance et les mêmes moments en souvenir avec un être vivant. Mais à présent, qui suis-je ? Juste un grand décalé dans ce monde si violent d'enfants qui se prennent tant au sérieux qu'ils préfèrent tuer en idées, en mots, voire en vrai plutôt que rêver. Je garde en moi cet univers et ce refuge, ce monde et ce subterfuge pour quitter ce monde vidée de présence ... Me sentir en une seconde partir en un autre temps, m'évanouir, m'évader aux pressions vaines et futiles du quotidien où tout autour, le monde semble croire si dur à l'intérêt de ses vains rapports de force.
 
Suis-je arrivé à la fin de mon souffle ? Chaque jour, tout semble si effleuré, si évidemment passé, réalisé, effacé et balayé par le bruit et la vitesse, la fausse nécessité des grandes comédies adultes mais rien ne peut s'oublier. Comment continuer quand les portes de la mort se sont fermées? Agir et essayer de tracer tout en sachant que tout cela est si vain, si fragile et comme dépourvu de sens à présent.
 
  • J’aime
Réactions: TimeCapsule
À la veille de vieillir, de me rendre compte que ce qu'il y a eu de plus beau est passé et que désormais, les heures m'emmènent vers le temps des épuisements, des ralentissements, des fatigues, je peux encore briller mais par pur savoir-faire, l'illumination, la foi et l'espérance ne sont plus là. La beauté, la folle envie d'aimer, de décrocher la jolie jeune fille qui vous aimera pour la vie n'est plus accessible. Il n'est même plus temps de veiller sur la santé des autres, j'y ai depuis longtemps gagné mes ailes d'ange pour mille et un paradis après la vie. À présent, c'est ma santé qui légèrement vacille, grince, se fait secrètement menaçante. Il ne me reste qu'à lutter pour moi-même. Seulement. Tout cela n'a guère de sens. Je n'y trouve plus l'évidence, le chemin, l'implication totale pour vaincre la douleur et la mort. Que m'importe ma propre vie. Il est juste temps de hurler désespérement, en secret.
 
Comme je te comprends, Joël ... :merci:

Souvent, lorsque je me replonge dans mes souvenirs, j'ai l'impression de me retrouver dans un roman que j'aurais lu mille fois avec toujours la même fin terrible et inéluctable ce qui me plonge dans une profonde tristesse !

Mais, j'ai le besoin impérieux de revivre chaque chapitre, l'un après l'autre, phrase après phrase, même si, chaque page que je tourne me rapproche de cette fin que ni le destin, ni les dieux ne peuvent plus changer !

Alors, loin de me résigner, je n'ai de cesse que de reprendre au tout début en me disant qu'un matin je me réveillerai et que tout sera "comme avant".

On paie toujours le prix quand on a trop aimé ... ... :(
 
... Montaigne affirme qu'il a perdu 5 de ses enfants "sans fâcherie".
Cela ne veut pas dire qu'il n'a pas ressenti de la tristesse, mais qu'il n'était pas en colère contre la vie, qu'il en acceptait les lois. ...

(Passage de La sagesse - F. Lenoir)

Etre sur le chemin de la sagesse c'est comprendre qu'il faut aimer la vie pour ce qu'elle est et la vivre avec raison et intuition.
La vie est gratuite... elle nous est donnée... il serait dommage de ne pas la vivre jusqu'au bout.
Et si nous n'avons pas de mode d'emploi (si on vous en a donné un alors abandonnez le pour regagner votre liberté), c'est pour nous laisser libre de la vivre selon notre nature... mais pour faire selon sa nature encore faut-il vouloir se connaitre, entrer en nous et se découvrir pour mener et appréhender la vie et ses étapes comme la succession des saisons pour mieux comprendre le cours du destin. (#15275)
 
Dernière édition:
  • J’aime
Réactions: TimeCapsule
Une autre version ... ne pas se larmoyer sur son sort et ne pas mettre la vie sur un piédestal.
La vie n'a rien d'exceptionnel et nous ne le sommes pas non plus.
A peine de petits êtres rivés sur nos nombrils larmoyants !

Notre seul luxe ici bas est notre espérance de vie.
Quelque que soit le destin, l'histoire qui le compose, les évènements qui auront écrit les pages de notre vie, le seul et réel bénéfice que nous possédons est le temps que la vie nous aura accordé sur cette chienne de Terre.

Alors, je me prête, non sans rire, à lui rendre les coups de putes qu'elles me flanquent.
Elle a emporté mon père, mon frère, des amis, des amies. Elle a essayé avec moi mais je lui ai mis bien profond ... pour cette fois-ci mais évidemment, on s'est donné RDV pour plus tard ... je ne lui rendrai jamais la tache facile.

Elle aura beau essayé de me conditionner à la tristesse de ses emmerdes ... je ne la laisserai jamais y parvenir ... me transformer en victime.
Elle ne m'empêchera jamais le bonheur de noircir des pages de ma plume médiocre. De combler de plaisir la dernière venue. De gouter les plaisirs interdits mais jouissifs. Et même celui juste de m'emmerder dans la contemplation.

Mes amis, et autres cloportes perdus ... la vie n'a rien d'exceptionnel ... mais croquez là à pleine dents ... vous n'aurez rien d'autre ! :cool:
 
Dernière édition:
  • J’aime
Réactions: peyret et TimeCapsule
Vivre et choisir. Vivre et continuer. Mais au fond, à chaque instant, sentir la vague du manque et du souvenir affleurant au moindre regard hors du monde qui bruisse autour de soi. Avoir besoin de plus. Avoir besoin d'encore et encore retrouver ces jolis temps, ces regards de confiance et de bienveillance, de conseil et de présence, d'encouragement et d'espérance. Le temps d'ici n'est pas suffisant.
 
C'étaient de très grands vents sur toutes faces de ce monde,
De très grands vents en liesse par le monde, qui n'avaient d'aire ni de gîte,qui n'avaient garde ni mesure, et nous laissaient hommes de paille.En l'an de paille sur leur erre...Ah ! oui, de très grands vents sur toutes faces de vivants !


Saint-John PERSE
 
Quand tu es considéré comme un ballon vide qui vit à la surface de la violence du monde, Quand tu as donné à ce monde ton meilleur, que tu as accepté toutes les épreuves de ce monde, quand on te remet en cause jusqu'à ta personnalité, ton existence, ton utilité au monde, quand même ton foyer te semble envahi par le vide, tu découvres que tu ne peux vivre ainsi avec ta fragilité face à ces gens si sûrs d'eux-mêmes.
 
Aujourd'hui, en fin d'après midi, j'allais chercher mes petits-enfants à l'école ...

Je marchais comme à mon habitude, un peu "perdu" dans mes pensées, quand j'ai été dépassé par une jeune fille qui portait une "queue de cheval" battant énergiquement la mesure de gauche à droite et de droite à gauche avec une régularité extrême dans un mouvement quasi mécanique !

J'étais totalement fasciné par ce mouvement aussi rythmé que régulier qui, immanquablement, me faisait penser au balancier d'une pendule découpant le temps à l'infini !

A ma grande surprise, il me vint à l'esprit la chanson de Jacques Brel "Les Vieux" avec la référence à la pendule d'argent qui ronronne au salon, qui dit oui, qui dit non et puis qui nous attend...

Et si c'était le destin qui m'envoyait un message, me signifiant que le temps passe et qu'il conviendrait de profiter du temps présent ... Immanquablement, la pendule va s'arrêter un jour, comme cette jeune fille qui a disparu aux hasards des passants.

Dommage, j'aurais voulu la remercier pour ce message subliminal ...

J'ai retrouvé mes petits-enfants à la porte de l'école, et on a été manger une bonne gaufre au glacier du coin tout en espérant que @macomaniac ait raison quand il me dit que, en tant que prématuré, je serai en retard sur la date de ma propre mort !

:merci:
 
Dernière édition:
Quand Georges Brassens chante les Passantes :
il évoque sur le mode du regret une incapacité à saisir le "kairos" avec telle ou telle femme croisée au passage. Terme du Grec ancien désignant l'occation belle à saisir aux cheveux pour en tirer un avantage.

D'une manière toute personnelle et sans vouloir en tirer aucune maxime d'éthique universalisable, je ne m'accorde absolument pas avec ce point de vue entièrement gouverné par un critère de satisfaction "en corps" si je puis dire. Bien au contraire ! le kairos ne consiste pas (pour moi) dans une occasion dont on profite, mais dans une occasion dont on ne profite pas. Dans une occasion (comme le spectacle d'une queue de cheval pendulaire de jeune fille) à laquelle on garde son statut de donnée à l'imagination, c'est-à-dire encore sa valeur spirituelle. Il s'agit rigoureusement d'un principe d'abstention, parce que comme Stéphane Mallarmé l'avait bien relevé :

La chair est triste hélas et j'ai lu tous les livres