Des fois, on fait de grosses bétises sans y réfléchir. Et souvent, ces bétises surviennent par faute de petites déviations dans nos habitudes de vie.
L'été, je prends le temps de lire le journal tous les jours. Je l'achète. Cet été, je l'ai acheté presque tous les jours. Sauf les jours où j'aurais vraiment du.
Et puis, un jour, je suis allé sur une grande plage, avec les enfants. Avec du magnifique sable. Ma fille et sa copine, 11 ans toutes les deux, ont commencé à creuser deux grands trous. Profond, les trous. Pour faire un tunnel, disaient-elles.
Au moment de faire rejoindre les deux trous, je suis allé les aider, pour surveiller ça. On a fait un magnifique tunnel !
Et les momes sont passés dans le tunnel. Les bras en premier, je les ressortais en les tirant par les mains. Quelle rigolade ! Le trou était grand. Le tunnel large. A un moment, emballé par le jeu, comme un con, j'y suis allé.
Je passe dans le tunnel, sur le dos, la tête la première. Ma tête ressort de la voute, mais n'est pas encore à la surface, lorsque cette putain de voute s'écroule sur moi. J'éclate de rire, les filles aussi, et le mome encore plus. Et là, là, comme un idiot, je dis au filles en leur tendant les bras : "aidez-moi, les filles".
Et elles font quoi, les deux filles ?
Elles s'approchent du trou, avec ma tête à 30 centimètres en dessous du niveau de l'air. Et au fur à mesure où elles s'approchent, le sable de la surface s'écroule sur ma tronche de benêt et me recouvre entièrement.
Juste ma main droite, bien sortie, qui bat l'air au niveau de la surface du sol.
Une des filles essaye de dégager ma tête. Le sable coule encore plus. Je suis recouvert, juste ma main droite qui émerge. Sous un bon m3 de sable. Combien ça pèse, un m3 de sable ?
Avec ma main gauche, j'essaye de dégager ma bouche, comme on apprend à le faire dans les secours avalanches. Mais le sable, c'est pas comme la neige, ça se compresse pas. Ça glisse, ça s'insinue de partout.
D'ailleurs, j'en ai déja de partout.
Je ne panique pas. Je peux aspirer un peu d'air, le sable n'est pas tassé. Avec ma langue, je bloque ce qui est déja dans ma bouche, pour ne pas en avaler trop. Les narines, elles, sont déja bouchées. Et j'essaye de me dégager, avec des efforts lents, pour économiser mon souffle.
J'entends les momes complètement paniquées, qui crient.
"Toi, tu ne paniques pas. Tu y vas doucement, et tu vas t'extraire de cette merde. Et tu gardes ta main droite hors du trou."
C'est marrant comme on se donne des ordres en se disant tu, dans ces moments-là.
Au bout de deux ou trois minutes, super longues, j'entends plein d'autres voix, les adultes d'à côté sont là. J'ai l'impression qu'ils me marchent sur la tronche. Je sens leurs mains essayer de dégager le sable, mais il y en a toujours plus qui me tombe dessus. Aucun de ces cons ne va tirer ma main ??
Là, j'ai peur. Je me dis : putain, je ne vais pas crever sous 1 m2 de sable, devant mes momes ?
Non.
A 20 m de là, un type a vu. Il court, attrape ma main, me sort de mon tombeau de sable.
Merci, mon pote que je ne connais pas. Merci.
Je suis sonné.
Content.
J'apprendrais plus tard que quelques jours avant, le journal que je lis avait parlé de ça. Un jour où je ne l'ai pas acheté.
Et puis ma fille me racontera, comment elle est allé prévenir les voisins de plage, qui n'y ont d'abord pas cru, puis comment elle a continué à appeler au secours.
Je dois une vie à ma fille.
C'est un drôle de sentiment.
Un peu doux. Un peu dingue.
L'été, je prends le temps de lire le journal tous les jours. Je l'achète. Cet été, je l'ai acheté presque tous les jours. Sauf les jours où j'aurais vraiment du.
Et puis, un jour, je suis allé sur une grande plage, avec les enfants. Avec du magnifique sable. Ma fille et sa copine, 11 ans toutes les deux, ont commencé à creuser deux grands trous. Profond, les trous. Pour faire un tunnel, disaient-elles.
Au moment de faire rejoindre les deux trous, je suis allé les aider, pour surveiller ça. On a fait un magnifique tunnel !
Et les momes sont passés dans le tunnel. Les bras en premier, je les ressortais en les tirant par les mains. Quelle rigolade ! Le trou était grand. Le tunnel large. A un moment, emballé par le jeu, comme un con, j'y suis allé.
Je passe dans le tunnel, sur le dos, la tête la première. Ma tête ressort de la voute, mais n'est pas encore à la surface, lorsque cette putain de voute s'écroule sur moi. J'éclate de rire, les filles aussi, et le mome encore plus. Et là, là, comme un idiot, je dis au filles en leur tendant les bras : "aidez-moi, les filles".
Et elles font quoi, les deux filles ?
Elles s'approchent du trou, avec ma tête à 30 centimètres en dessous du niveau de l'air. Et au fur à mesure où elles s'approchent, le sable de la surface s'écroule sur ma tronche de benêt et me recouvre entièrement.
Juste ma main droite, bien sortie, qui bat l'air au niveau de la surface du sol.
Une des filles essaye de dégager ma tête. Le sable coule encore plus. Je suis recouvert, juste ma main droite qui émerge. Sous un bon m3 de sable. Combien ça pèse, un m3 de sable ?
Avec ma main gauche, j'essaye de dégager ma bouche, comme on apprend à le faire dans les secours avalanches. Mais le sable, c'est pas comme la neige, ça se compresse pas. Ça glisse, ça s'insinue de partout.
D'ailleurs, j'en ai déja de partout.
Je ne panique pas. Je peux aspirer un peu d'air, le sable n'est pas tassé. Avec ma langue, je bloque ce qui est déja dans ma bouche, pour ne pas en avaler trop. Les narines, elles, sont déja bouchées. Et j'essaye de me dégager, avec des efforts lents, pour économiser mon souffle.
J'entends les momes complètement paniquées, qui crient.
"Toi, tu ne paniques pas. Tu y vas doucement, et tu vas t'extraire de cette merde. Et tu gardes ta main droite hors du trou."
C'est marrant comme on se donne des ordres en se disant tu, dans ces moments-là.
Au bout de deux ou trois minutes, super longues, j'entends plein d'autres voix, les adultes d'à côté sont là. J'ai l'impression qu'ils me marchent sur la tronche. Je sens leurs mains essayer de dégager le sable, mais il y en a toujours plus qui me tombe dessus. Aucun de ces cons ne va tirer ma main ??
Là, j'ai peur. Je me dis : putain, je ne vais pas crever sous 1 m2 de sable, devant mes momes ?
Non.
A 20 m de là, un type a vu. Il court, attrape ma main, me sort de mon tombeau de sable.
Merci, mon pote que je ne connais pas. Merci.
Je suis sonné.
Content.
J'apprendrais plus tard que quelques jours avant, le journal que je lis avait parlé de ça. Un jour où je ne l'ai pas acheté.
Et puis ma fille me racontera, comment elle est allé prévenir les voisins de plage, qui n'y ont d'abord pas cru, puis comment elle a continué à appeler au secours.
Je dois une vie à ma fille.
C'est un drôle de sentiment.
Un peu doux. Un peu dingue.