En cherchant à mon tour l'idée d'un compliment,
J'ai retrouvé ces vers j'en conviens d'un autre âge
Que Corneille eut sans doute écrit en ton hommage
S'il n'était, le grand con, mort il y a si longtemps.
Il y dépeint, non pas l'amour et ses délices,
Mais les feux mal éteints d'un grand âge où le vice
Eut dû céder à la vertu. J'ai, sans malice,
Pensé que ces quatrains... (Vite, une rime en -isse !
Trop tard !) pourraient trouver dans ton cur quelque écho.
Pour n'être pas Narcisse, je termine ce mot
Par un bouquet de vux tout simples et sincères
Qui te diront pour moi : heureux anniversaire.
Pierre Corneille, Stances à Marquise.
Marquise, si mon visage
A quelques traits un peu vieux,
Souvenez-vous qu'à mon âge
Vous ne vaudrez guère mieux.
Le temps aux plus belles choses
Se plaît à faire un affront :
Il saura faner vos roses
Comme il a ridé mon front.
Le même cours des planètes
Règle nos jours et nos nuits :
On m'a vu ce que vous êtes ;
Vous serez ce que je suis.
Cependant j'ai quelques charmes
Qui sont assez éclatants
Pour n'avoir pas trop d'alarmes
De ces ravages du temps.
Vous en avez qu'on adore ;
Mais ceux que vous méprisez
Pourraient bien durer encore
Quand ceux-là seront usés.
Ils pourront sauver la gloire
Des yeux qui me semblent doux,
Et dans mille ans faire croire
Ce qu'il me plaira de vous.
Chez cette race nouvelle,
Où j'aurai quelque crédit,
Vous ne passerez pour belle
Qu'autant que je l'aurai dit.
Pensez-y belle Marquise ;
Quoiqu'un grison fasse effroi,
Il vaut bien qu'on le courtise
Quand il est fait comme moi.
Heureux anniversaire, Jean-Luc.