Comment dessiner un icône ?

Je ne peux que répéter que l'expression "autant pour moi" n'est qu'une hypothèse plus ou moins vraisemblable, et aucun contre-argument présenté ne réfute cette idée. Ceux qui la défendent ne peuvent se fonder sur aucune preuve relative à l'histoire de la langue. C'est l'argument central de Duneton et il me semble fort. L'idée selon laquelle l'expression idiomatique anglaise "so much for..." pourrait être traduite littéralement du français est très drôle. Non qu'il s'agisse d'une invraisemblance, loin de là. Mais si les Anglais disent "so much for..." par imitation des Français, cela signifie qu'"autant pour moi" a une histoire bien plus ancienne qu'on ne veux le laisser penser, sinon c'est "at time for.." ou un équivalent qui se serait imposé. On est donc obligé de repousser la substitution d'une expression à l'autre à un passé antérieur au moins au XIXe siècle (j'ai cité Genevoix et Courteline). Là est le hic, puisque l'expression "au temps pour" n'est pas attestée à une époque ou "autant pour" l'est... Mauvaise fois de ma part ? :cool: Que dire de ceux qui abordent (et c'est un peu votre cas, mes chers camarades ;)) cette question en se satisfaisant de vraisemblances logiques et en affectant d'ignorer qu'il s'agit d'un débat d'historiens de la langue ?

Je ne crains pas de citer Wikipedia, parce que je pense avoir asez de connaissances et d'esprit critique pour repérer les pièges qu'elle nous tend. On y trouve de la boue, mais aussi de vrais diamants. L'article sur "autant pour moi/au temps pour moi" est purement informatif et ne prend pas parti. Il est rédigé correctement et cite ses sources . Les recherches complémentaires que l'on peut faire par ailleurs ne discréditent nullement son contenu. La critique de Wikipedia est la tarte à la crème de ceux qui ne se sont jamais penchés sur les insuffisances des autres encyclopédies, y compris la "référence" Universalis. On trouve dans cette dernière des contradictions grossières d'un article à l'autre, y compris sur des sujets aussi sensibles que le bilan humain de la Shoah. Je me souviens d'un article sur le Troisième Reich qui parlait de trois millions de morts pour Auschwitz. Aucun historien sérieux ne crois plus à de tels chiffres depuis longtemps, et surtout pas le rédacteur de l'article "Auschwitz" dans la même encyclopédie... Que dire d'un article sur le commerce maritime contemporain dont les chiffres n'avaient pas été mis à jour depuis presque vingt ans ? Ou d'un article sur Cromwell dont la bibliographie, très incomplète, ne citait aucun ouvrage postérieur au début des années 80, comme si la question n'avait pas été renouvelée depuis trente ans ?

Quant à la réfutation de l'interprétation de Duneton, je pense franchement mon cher claude72 qu'elle ne peut emporter la conviction, parce qu'elle basée sur un raisonnement psychologique biaisé. Je ne dis pas que Duneton a raison. Je dis que son raisonnement est recevable. « Je ne suis pas meilleur qu'un autre, j'ai autant d'erreurs que vous à mon service : autant pour moi » exprime bien la reconnaissance d'une faute : on s'est trompé alors qu'on prétendait en savoir plus que l'autre et l'instruire de son savoir. Dire qu'il n'y a là aucune preuve d'humilité est hors de propos, car ce n'est pas l'enjeu de l'acte consistant à reconnaître une erreur : il peut y avoir une certaine vanité à s'ériger en juge de ses propres erreurs, ou au moins une certaine fierté. C'est une manière de prouver que l'on reste assez sûr de soi pour pouvoir assumer une erreur sans en être discrédité. "Je me suis trompé si souvent que je n'en rougis même plus" disait Napoléon. Manquait-il d'orgueil pour autant ?

Je suis étonné de cet acharnement à défendre une vulgate douteuse contre des gens qui demandent seulement à ce que, dans le doute, chacun ait licence d'écrire comme bon lui semble. Comment expliquer cet entêtement ? Je crois simplement que les tenants d'"au temps pour moi" sont d'anciens utilisateurs d'"autant pour moi" qui se sont persuadés un jour de leur erreur. Ils ne peuvent pas revenir sur ce revirement, parce que ce serait reconnaître qu'ils se sont trompés DEUX FOIX. Mais cela n'a pas de sens pour un esprit rationnel de s'attacher à ce point à une étymologie dont aucun tenant n'a jamais démontré la validité. Je ne recommande à personne d'écrire "autant pour moi" ; je demande juste que l'on n'impute pas à crime le fait de préférer une graphie alternative. N'est-ce pas justement une manifestation de cette pédanterie dont Grevisse pensait qu'elle était peut-être à l'origine d'un glissement d'interprétation ? Mais j'arrête là en dépit du plaisir que je trouve à ce débat avec des personnes de qualité. C'est épuisant et je n'ai pas de thèse personnelle à défendre. C'est à ceux qui veulent à tout prix imposer une graphie qu'incombe l'administration de la preuve. Au boulot messieurs les linguistes ! :D
 
Je suis étonné de cet acharnement à défendre une vulgate douteuse contre des gens qui demandent seulement à ce que, dans le doute, chacun ait licence d'écrire comme bon lui semble.
J'avais bien précisé : Mode "avocat du diable" ;)



L'idée selon laquelle l'expression idiomatique anglaise "so much for..." pourrait être traduite littéralement du français est très drôle. Non qu'il s'agisse d'une invraisemblance, loin de là. Mais si les Anglais disent "so much for..." par imitation des Français, cela signifie qu'"autant pour moi" a une histoire bien plus ancienne qu'on ne veux le laisser penser, sinon c'est "at time for.." ou un équivalent qui se serait imposé.
J'ai un collègue anglais, un vrai Anglais, un qui a émigré de son Angleterre natale après y avoir vécu environ 55 ans, pour venir vivre en France... je lui poserai la question dès que possible.



Mauvaise fois de ma part ?
Pas du tout : je trouvais seulement que tu frisais la mauvaise foi dans ton parallèle avec "j'en ai autant à votre service" / "au temps pour vous".



Quant à la réfutation de l'interprétation de Duneton, je pense franchement mon cher claude72 qu'elle ne peut emporter la conviction, parce qu'elle basée sur un raisonnement psychologique biaisé. Je ne dis pas que Duneton a raison. Je dis que son raisonnement est recevable. « Je ne suis pas meilleur qu'un autre, j'ai autant d'erreurs que vous à mon service : autant pour moi » exprime bien la reconnaissance d'une faute : on s'est trompé alors qu'on prétendait en savoir plus que l'autre et l'instruire de son savoir.
C'est aussi ce que je dis dans la dernière partie de mon post, après réflexion et édition, en supposant que "autant pour moi" pourrait être utilisé quand les 2 protagonistes de la discussion se sont trompés tous les deux : "autant pour moi" exprime alors bien la reconnaissance d'une faute, mais en faisant en plus remarquer que l'autre aussi s'est autant trompé...


Je crois simplement que les tenants d'"au temps pour moi" sont d'anciens utilisateurs d'"autant pour moi" qui se sont persuadés un jour de leur erreur. Ils ne peuvent pas revenir sur ce revirement, parce que ce serait reconnaître qu'ils se sont trompés DEUX FOIX.
Ça ne me pose pas de problème de me tromper DEUX FOIS et de le reconnaître... celà est tout à fait possible, et ça ne sera pas la première fois que ça m'arrivera, ni la dernière !

En revanche, ce qui me pose problème, c'est de ne pas savoir comment écrire quelquechose, en l'occurrence cette expression... et le contournement facile qui serait de ne jamais l'écrire ne me satisfait pas non plus !
 
Selon Duneton, il faut comprendre "autant pour moi" de la manière suivante : « Je ne suis pas meilleur qu'un autre, j'ai autant d'erreurs que vous à mon service : autant pour moi ». Cette lecture a le mérite de ne pas faire appel à la notion de temporalité, de rythme, de synchronisation qui domine évidemment dans "au temps pour moi", bien que ce sens ne soit pas du tout dominant dans les usages quotidiens de l'expression. Ne dit-on pas au contraire "j'en ai autant à votre service" pour renvoyer à quelqu'un la critique qu'il vient de nous adresser, alors qu'"au temps pour vous" n'est nullement usité ?
C'est aussi comme ça que je le comprenais (avant de ne même plus savoir si je faisais une faute ou pas, et de ne même plus savoir s'il y a une faute…)
:confused:


J'ai toujours cru, sans en avoir vérifié l'origine, que « au temps pour moi » venait de la musique, et plus particulièrement des orchestres. Elle était utilisée par un musicien qui ne jouait pas en mesure et qui présentait ses excuses de cette manière.
Certainement un militaire-musicien, ou un musicien qui jouait de la musique militaire…
:D

La critique de Wikipedia est la tarte à la crème de ceux qui ne se sont jamais penchés sur les insuffisances des autres encyclopédies
Peut-être, n'empêche que ce qui figure à propos de "PDF" (quelque chose que je connait bien) dans la version américaine de Wikipédia est à se tordre de rire, et ce qui figure dans la version francophone est à pleurer…
:eek:

En revanche, ce qui me pose problème, c'est de ne pas savoir comment écrire quelquechose, en l'occurrence cette expression... et le contournement facile qui serait de ne jamais l'écrire ne me satisfait pas non plus !
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:zen:

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Vivifiant tout ça, merci en tout cas d'avoir pris la peine de développer. :)
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:up:
 
:love: J'adore ce genre de discussion qui fait vaciller les certitudes…

Bon puisque que la notion de hors sujet est définitivement consommée ici…

Encore une pour relancer la machine : savez vous qu'on ne devrait pas, parait-il écrire "recette de bonne femme" mais "recette de bonne fame" (fame = réputation), ce qui change considérablement le sens de l'expression.

Et puis il y a celle là aussi (l'erreur ne fait pas le moindre doute et choque vraiment ceux qui connaissent le sens exact) : "faire long feu". Là ce n'est pas un problème d'orthographe mais de signification. Quand une arme faisait long feu, c'est que la poudre brûlait sans exploser et du coup, au mieux, la balle s'écrasait lamentablement au sol à quelques mètres seulement devant le tireur… Du coup "faire long feu" = se planter lamentablement (alors qu'on s'attendait à l'inverse). On retrouve le même sens dans "ça a fait pshit et puis plus rien". Et "ne pas faire long feu" (litote) = faire un coup d'éclat, réussir du premier coup, etc. Aujourd'hui beaucoup de gens croient que faire long feu veut dire durer (et ne pas faire long feu l'inverse) ce qui fait un contre sens au moins une fois sur deux.

Exemple :
"Sitôt embauché, sitôt viré ! Il n'a pas fait long feu !"
Ça ne veut strictement rien dire.

Par contre :
"il a réagi du tac au tac. Ça n'a pas fait long feu !"
Ça, ça marche (peut être involontairement mais ça marche).

"En dépit des effets d'annonces du gouvernement, la réforme a fait long feu." (la réforme n'est pas passée)
Ça c'est OK aussi (n'y voyez aucune allusion ;) )
 
"Sitôt embauché, sitôt viré ! Il n'a pas fait long feu !"
Ça ne veut strictement rien dire.
Ben si, ça veut dire qu'il a réussi le coup d'éclat de se faire virer tout de suite :D:D:D



jeanba3000 a dit:
En effet, il me semble qu'il y a plusieurs expressions qui ont aujourd'hui un sens opposé au sens original, mais je n'ai pas d'exemple en tête.
Démultiplier... à l'origine, "démultiplier" est le contraire de "multiplier"... dans un système mécanique, "démultiplier la vitesse" veut dire réduire la vitesse à l'aide d'un réducteur à pignons... mais aujourd'hui beaucoup l'emploient à l'envers dans d'autres contextes pour dire "augmenter"...

... comme par exemple dans cette news de MacBidouille aujourd'hui : "... le problème de fabrication des parties vitrées a aussi été réglé de la même manière, en démultipliant le nombre de machines, ..." pour dire que l'usine a acheté plus de machines, donc en fait l'usine a multiplié le nombre de machine !!!

(une origine possible de l'erreur, c'est que quand on démultiplie la vitesse d'un moteur à l'aide d'un réducteur, on augmente aussi le couple, donc la force motrice en sortie du réducteur... :confused:)


*******


Et pendant que l'on est dans les expressions et leurs orthographes, doit-on dire "avoir à faire à quelqu'un" ou "avoir affaire à quelqu'un" ???
 
Lourdeur classique à éviter : « au jour d'aujourd'hui », triple redondance.
Le plus cocasse étant que le mot « hui » (ou huy) (Xe s.) signifiait « ce jour présent », qu'il est devenu « jour d'hui » puis « aujourd'hui »(XVIe), on entend maintenant « au jour d'aujourd'hui ».
D'ici quelques années, on devrait logiquement entendre « au jour du jour d'aujourd'hui ».

;)
 
L'origine de "au temps pour moi" est parfaitement connue, et jeanba3000 l'a parfaitement expliquée...

<...>

... et donc comme la majorité fait l'erreur, alors l'erreur fini par être acceptée, voire même devient la "bonne" orthographe !!!

<...>

Tout comme "voire même" qui est en fait une abomination. Il s'agit d'une redondance telle "je monte en haut" ;)

Cela étant dit, je suis tellement mauvais en français que je retourne vite vous lire en silence.
 
Puisque décidément on est vraiment parti sur autre chose grâce à notre ami banni, moi ce qui m'énerve c'est d'entendre/lire "c'est des gens/trucs/machines/etc." au lieu de "ce sont des gens/trucs/machines/etc."

Par contre j'ai cru remarquer qu'en ce qui concerne l'affaire des roms entre la France et l'UE les journalistes/présentateurs font bien attention de dire/écrire "ce sont" à la place de "c'est des"&#8230;

Parce-que sinon cela donne "c'est des roms" (CD-Rom/cédérom) et la faute devient flagrante&#8230;

! ! !

:) ;) :p
 
Oui il y a aussi ceux qui disent un espèce de [mot masculin au choix]&#8230;

Au sujet des journalistes, hélas, ils auraient tendance à s'aligner sur la médiocrité verbale présidentielle, absence de double négation et j'en passe&#8230;
 
Tout comme "voire même" qui est en fait une abomination. Il s'agit d'une redondance telle "je monte en haut" ;)

Voire même est effectivement considéré par les puristes comme un pléonasme. On trouve néanmoins cette expression dans les écrits d’auteurs aussi distingués que Joris-Karl Huysmans ou Guillaume Apollinaire. Voici ce qu’en dit l’Office québécois de la langue française :

« De plus en plus de grammairiens reconnus se montrent tolérants envers l’expression pléonastique voire même, qui est très répandue dans la francophonie, tant à l’oral qu’à l’écrit. Cette tolérance s’appuie sur le sens premier du mot voire qui signifiait autrefois « vraiment, sans aucun doute ». Plusieurs grammairiens allèguent ainsi que le tour voire même ne serait pas pléonastique, mais plutôt archaïsant au sens de « et vraiment même » et qu’il constituerait ainsi un renforcement.

Il faut cependant savoir que l’expression voire même est encore critiquée dans bon nombre d’ouvrages ; il convient donc de l’éviter, en particulier dans un texte soutenu ».

Si voire même est une incorrection, la qualifier d'abomination relève sans doute de l'hyperbole.