coup de coeur/de pompe littéraire

… mais qu'ils se bougent la langue et le cerveau et montrent l'exemple à leurs électeurs, ces demeurés des ministères…
Vive les langues vivantes, messieurs dames ! Les traductions simultanées bruxelloises leur auront ramolli le cerveau :D
Les langues étrangères, ce n'est qu'une histoire de volonté, d'intérêt. Trouvez l'intérêt et vous parlerez vite. Et les politiques s'en moquent, surtout sur un sujet comme la prostitution…
 
  • J’aime
Réactions: bompi
Bon. C'est pas pour dire, mais je trouve dommage que ce fil, légèrement soporifique mais hautement estimable soit ainsi dévoyé.

Comme disait certain personnage de Goscinny : bis repetita ne placent pas toujours.
 
Bon. C'est pas pour dire, mais je trouve dommage que ce fil, légèrement soporifique mais hautement estimable soit ainsi dévoyé.

Comme disait certain personnage de Goscinny : bis repetita ne placent pas toujours.

au départ, je voulais faire un clin d'œil, je ne pensais pas lancer une mode. et je suis bien d'accord avec toi pour le reste.

edit : passage par un proxy pour cacher un double pseudo ? -> ban
 
Dernière édition:
@ alèm : merci ;)

Récemment, entre autres emplettes (sur lesquelles je reviendrai sous peu), j'ai pris ceci :
51QtIreHnXL._SL500_AA300_.jpg


C'est pas mal pour voir ce qu'apprenaient les écoliers il y a quelques décennies et au-delà. C'est aussi assez croquignolet et je pense une source d'inspiration toute actuelle pour certains de nos hommes politiques. Une petite citation (p. 249 "Réflexions sur le Livre VI") :
<...>
VIII. La France se fait un devoir d'instruire
tous ses enfants ; elle en fera de bons citoyens et
de bons soldats : ainsi reviendront les beaux jours
où, entre les noms des nations, brillait celui de la
FRANCE.
(je conserve la typographie)

Quel bel optimisme ! Pour le reste, c'est intéressant de voir la vision officielle de l'histoire (notamment de l'entreprise coloniale). Et ça permet de vérifier ses connaissances ;)
 
Pour rester dans l'histoire (cf Bompi) :

51HOCbzHw2L._SL500_AA300_.jpg


Les articles de Marc Bloch, ou comment voir une intelligence au travail.
J'ai commencé par quelques-uns sur les grandes invasions ou le servage. À chaque fois, un pur plaisir que ce soit dans le style, dans la façon d'aborder les problèmes, dans l'équilibre entre la conscience du lacunaire des documents sur ces époques et la conscience de ce qu'on peut en tirer si on se pose les questions pertinentes.

Marc Bloch (mort en déportation) a commis entre autres un très grand bouquin "Caractères originaux de l'histoire rurale française" mais voir comment il ouvre sans cesse des portes dans ces articles, parfois très courts, c'est un régal.
 
Il y a une trentaine d'années, Bernard Noël qui dirigeait la superbe collection "Textes" de Flammarion éditait un improbable roman de Jacques Abeille : "Les Jardins statutaires".
51YH8uzW55L._SL500_AA300_.jpg

Un livre qui ne s'est guère vendu, je crois, à l'époque et qui a vite disparu des rayons. Mais il faut croire que certains de ceux qui, comme moi, l'avaient lu, en avaient gardé une image suffisante pour maintenir autour de ce livre une aura qui persistait puisqu'il y a peu, il a été réédité chez Attila.

Beaucoup ont cru qu'il s'agissait d'un nouveau livre (tout le monde ne fait pas attention aux petits textes de présentation&#8230;) et le livre a eu des critiques plutôt (très) favorables. J'attendais l'été pour peut-être le relire mais Jacques Abeille vient de sortir un autre livre du même cycle : "Les Barbares".
51zq0sYkAiL._SL500_AA300_.jpg


J'en ai déjà lu un peu plus de la moitié et j'y retrouve cette langue, certes plus très à la mode, mais qui, personnellement, me permet de décoller quand je lis :D et ce monde atopique et atemporel entourant la contrée des jardins statutaires où poussaient les statues&#8230;

Pour ceux qui apprécient Julien Gracq (par exemple "La Route" et bien évidemment "Le rivage des Syrtes", Jean Joubert (par exemple "L'homme des sables"), il y a là une &#339;uvre qui devrait les intéresser et pour les autres, ceux qui aiment la littérature "rapide" à l'américaine :D, ils devraient y jeter un &#339;il. Au pire, ça les confirmera dans l'opinion que la littérature française, au moins dans certains de ces étages, est verbeuse :D. Au mieux, ça leur montrera qu'il n'y a pas qu'une façon d'aborder la littérature.
 
Lapsus significtif, je suppose : parler de "statutaire" au lieu de "statuaire" n'est sûrement pas gratuit. Et ça a sans doute à voir avec les deux livres dont j'ai parlé, car on y trouve des statues et des statuts. J'en demande pardon à Jacques Abeille, lui qui choisit si bien ces mots.

J'ai pensé tout à l'heure que j'avais du écrire statutaire et j'ai commencé à me demander pourquoi mais il faudrait que je continue à lire "Les Barbares" et je n'ai pas le temps pour l'heure, on verra ça plus tard dans la nuit.

Mais finalement, ce lapsus ne me déplaît pas tant que ça…
 
062258154e14cc6776b8b.jpg

LXVIII

Je n'ai besoin de personne


Donc, je suis Dieu. Il est remarquable que telle est la conclusion nécessaire de toute parole bourgeoise.


Ce n’est que le début de l'un des cent trente-sept lieux communs de la sottise bourgeoise recensés par Léon Bloy, dans un de ces livres-pamphlets dont il avait le secret : d’une véhémence jubilatoire poussée jusqu’à l’injure mais toujours maîtrisée, à la fois lassant et roboratif, du fait du caractère aussi obsessionnel que généreux et imaginatif de l’indignation furibarde qui s’y déploie. À certains égards, il est très daté (1902, tout de même). Cependant, si j'en crois simplement ce que j'entends autour de moi, la définition que Bloy y donne du bourgeois est suffisamment intemporelle pour avoir conservé sa pertinence psychosociale :

« Le vrai Bourgeois, c'est à dire, dans un sens moderne et aussi général que possible, l'homme qui ne fait aucun usage de la faculté de penser et qui vit ou paraît vivre sans avoir été sollicité, un seul jour, par le besoin de comprendre quoi que ce soit, l'authentique et indiscutable Bourgeois est nécessairement borné dans son langage à un très petit nombre de formules ».
 
Pendant qu'on y est, tu n'aurais pas un peu de Maurras, pour nous mettre en joie ?
 
Bloy, Daudet (Léon), Barrès, Maurras et tous leurs petits copains ne sont pas la mienne non plus :zen:
Et je trouve que l'on est bien trop bienveillant à leur égard.
 
Bloy, Daudet (Léon), Barrès, Maurras et tous leurs petits copains ne sont pas la mienne non plus :zen:
Et je trouve que l'on est bien trop bienveillant à leur égard.

En même temps, les mettre dans le même panier, sous prétexte qu'ils appartiennent à une même famille intellectuelle, peut mener à de graves contresens. Ce n'est pas pour rien que Bernanos a écrit qu'il devait tout à Bloy. Il n'aurait pas dit cela de Barrès, Daudet, Maurras, et encore moins de Drumont.
 
Dernière édition par un modérateur:
Je n'avais pas mis Drumont parce que, quand même, les autres sont d'un niveau un peu supérieur (le pauvre garçon est un peu limité...) et il est pour encore un moment au purgatoire (ou alors en enfer, va savoir).

Mais les autres sont bien plus malins : ils ont écrit suffisamment et sur suffisamment de sujets pour que l'on puisse les considérer comme respectables et, de là, trouver leurs idées respectables. Ces dernières années, ils ont encore gagné tout plein de supporters chaleureux qui peuvent arguer de ces glorieux aînés pour tenir des propos vifs et décomplexés. Pratique et confortable.

Il y a déjà quelque chose comme une quinzaine d'années, j'avais été surpris de lire dans Le Monde des Livres (supplément du vendredi) un article sur une biographie de Charles Maurras où l'on vantait "ce grand intellectuel engagé" qu'il a été. Et l'article de se confondre en louanges et palmes pour le grand homme. Il va de soi que l'article édulcorait quelque peu le fameux "engagement" du grand Charles (hi hi) : c'est cela que j'appelle être bienveillant et c'est cela qui me donne La Gerbe (humour...).

Mais bon, j'arrête de troller. :zen:

Parmi mes lectures du moment, je vous recommande Intimate Exchanges de Alan Ayckbourn. Ce sont les pièces de théâtre qui ont servi de base aux films Smoking/No Smoking d'Alain Resnais.
J'adore ces deux films et les ayant revus trois fois en quelques semaines, l'envie m'a pris de lire les pièces originales. Ce faisant on peut constater la fidélité de l'adaptation réalisée par Resnais et le couple Jaoui/Bacri, ainsi que les petits arrangements et les quelques coupures, nécessaires pour conserver une durée acceptable aux films (déjà, deux films de 2h20, ça peut effrayer un producteur !!)
C'est caustique, britannique en diable, hilarant parfois, malin comme tout. Au final, assez amer mais avec la distance de l'humour. Bref, un petit régal.
Malheureusement, il n'en existe pas de traduction en français (enfin, à ma connaissance).
 
Un auteur que je relis souvent, pour retrouver toujours la même stimulation intellectuelle. On le trouve parfois dans les librairies à la lettre B, juste à côté de son frère ennemi, P. Bourdieu... Que j'ai toujours considéré comme un habile charlatan à la notorité totalement surfaite.

Dans cet ouvrage, R. Boudon s'efforce de mettre en évidence le caractère rationnel des processus qui sont à l'origine de l'adhésion aux croyances, que celles-ci soient d'ordre scientifique, ou qu'il s'agisse de croyances normatives (morales). Cette démarche le conduit à contester aussi bien les théories des sentiments moraux qui se réfèrent à l'idée d'une morale naturelle universelle, que celles qui font de la moralité un système d'illusions érigées en conventions, issues de la subjectivité individuelle.


281510164f4ce0487499b.JPG


Je m'aperçois par ailleurs d'une maladresse de ma part, dans un post précédent relatif à Bloy : j'y signale que Bernanos n'aurait jamais considéré Drumont comme un maître, au contraire de ce qu'il a pu dire de Bloy. Je n'ignore évidemment pas l'hommage que Bernanos a rendu à Drumont dans La Grande peur des bien-pensants, mais son admiration ne s'adressait pas à ce qui fait à nos yeux l'essentiel de la postérité de Drumont, à savoir son antisémitisme. Il aimait le pamphlétaire acharné à dénoncer l'hypocrisie de la bourgeoisie conservatrice. Mais le fait est qu'il a connu sur la question de l'antisémitisme une évolution qui n'a été vraiment sensible qu'à partir de 1938. Disons alors que Bernanos a reconnu un temps Drumont comme un maître, jusqu'à ce que son antisémitisme lui fasse horreur.​
 
Dernière édition par un modérateur: