Le thread post-mortem [v.2]

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Il avait surtout l'image d'un raconteur de guerres (l'indochine, etc.) et par association avec les titres de ses livres (les mercenaires, les centurions…) un côté un brin douteux.
Mais pour moi, c'est l'écrivain, pas immense mais bien loin d'être nul et d'être vide, des "Baladins de la Margeride". Il était de vers chez moi, y était longtemps revenu et ce bouquin (les baladins de la Margeride) fleurait la nostalgie à plein nez. Ce n'est pas un grand bouquin mais un de ces bouquins dont j'ai gardé, sans la moindre honte, le goût. D'ailleurs, j'ai commencé à le relire tout à l'heure. J'en suis vers le milieu, la partie où on retrouve le Lartéguy qui parle des correspondants de guerre. Mais je sais que je vais bientôt retrouver Timothée et sa barrique de vin et tout le village autour et que j'y retrouverai le goût d'un monde perdu qui n'a jamais vraiment existé mais qui est pourtant un souvenir partagé.

Dans ce bouquin, il parle un peu de son oncle :
"C'était un évèque sans diocèse. On lui avait donné du violet parce qu'il passait pour fort savant, qu'il connaissait le grec, l'hébreu, l'araméen et quelque peu l'arabe. Il avait découvert, dans les vieux manuscrits qu'il compulsait, suffisamment de contradictions pour le rendre sceptique, agnostique, et tolérant, sauf à l'égard de quelques savants de la même discipline avec lesquels il poursuivait d'interminables querelles que le temps et l'éloignement ne faisait que renforcer."
Je le soupçonnerai presque (mais je peux me tromper : je ne le connaissais pas du tout sinon de vue) d'avoir voulu faire son autoportrait dans cette phrase sans avoir l'air d'y toucher : son oncle était réellement spécialiste des langues du moyen-orient et sa version de la bible (il avait assuré toute la traduction) est une référence et les notes pleines de cette tolérance dont parle Lartéguy.

Je ne suis pas du tout sûr que nous ayons partagé beaucoup d'idées (je n'ai même pas cherché à le savoir d'ailleurs) mais je sais en le lisant que nous avons partagé des paysages et l'humain qui va avec et que les Baladins de la Margeride continueront à me parler. Certains diront que c'est de la complaisance régionaliste mais l'universel est aussi au coin du feu.
 
Il était de vers chez moi

Toi aussi, tu es de Maisons-Alfort (qui est aussi mon "fief familial … Mon grand-père est venu s'y installer moins d'un an après que Larteguy (qui s'appelait encore Osty à cette époque) y soit né, et c'est là que j'ai grandi, j'y ai vécu jusqu'à ce que je rencontre celle qui allait devenir ma femme) ? :confused:
 
Toi aussi, tu es de Maisons-Alfort (qui est aussi mon "fief familial … Mon grand-père est venu s'y installer moins d'un an après que Larteguy (qui s'appelait encore Osty à cette époque) y soit né, et c'est là que j'ai grandi, j'y ai vécu jusqu'à ce que je rencontre celle qui allait devenir ma femme) ? :confused:

Non, je ne suis pas de Maison-Alfort ni même de la région parisienne. Mais si Lartéguy était né par là, ces racines familiales étaient en Lozère. Je l'ai donc un peu annexé :D Mais je suis sûr qu'il me pardonnera car il se sentait bien un peu Lozérien. Dans les Baladins, il dit d'ailleurs (bien sûr ce n'est pas une autobiographie mais quand même), je cite de mémoire : "je suis né deux fois… la première à Paris …" et il parle de sa "seconde naissance" juste avant la fête de la barrique de Timothée, du côté du fictif Marmeize, en Lozère, au bord de la truyère. Longtemps il avait une maison à l'entrée d'Aumont et il amenait des célébrités parisiennes du journal "Le Monde" par exemple balader là-bas, sur le causse Méjean ou ailleurs.

Une citation que je pique sur un forum lozérien de son bouquin "Si tu reviens en Margeride" :

"Si tu pars à la découverte de la Margeride comme un touriste condamné à date fixe aux vacances forcées et non comme en pélerin qui s'est longuement préparé à cette quête, avec ferveur, tu risques de ne jamais la trouver. Tu pourras te munir de cartes et de boussoles, de guides bleus et verts, tu n'en verras pas grand chose, même si tu évites les grandes nationales, même si comme moi tu y as passé les années de ton enfance, qui gardent le parfum des foins coupés, des genévriers et ce goût de cerise des premiers baisers.

Par des chemins étroits bordés de frênes rabougris, tu longeras des étendues grises, pelées où paissent de rares troupeaux. Tu croiseras des fermes hostiles enfoncées dans la terre, près de tas de fumier que picorent les poules et des chiens faméliques aboieront sur ton passage.[...]
Tu pourras traverser la Margeride et n'en rien voir."
 
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Réactions: teo
Suze Rotolo, première muse de Bob Dylan
Suze Rotolo a écrit "A Freewheelin' Time, A Memoir of Greenwich Village in the Sixties", traduit en français sous le titre "Le Temps des Possibles, Greenwich Village, les années 1960", chez naïve. L'article cité ne le mentionne pas, dommage.
 
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