Moi, vous m'épatez, je vais pas vous fuir !
Quoique, d'une certaine manière vous êtes un mauvais exemple : un peu comme quand on nous sort du prof de ZEP admirable-charismatique-abnégationniste ... Le second effet kick-school de la chose, c'est finalement souvent de donner ce modèle comme une chose normale et non exceptionnelle, et de faire un contre-exemple de tous les sales-cons-que-c'est-nous-qu'on-les-paye-en-plus qui essaient simplement de préserver à peu près leur santé mentale au milieu du bateau qui coule.
Je reprends pour bien me faire comprendre : je sais que vous êtes quelques-uns à être exceptionnels (si! si )

mais de là à en faire une exigence de base qu'on a pour tous prof, je trouve ça inquiétant.
Je vois de quoi tu parles, Boudou, pour l'avoir souvent entendu (

) - Les profs de pro tiennent souvent ce genre de discours : nous, au moins, on se sert les coudes. Un peu comme les profs de ZEP (quoiqu'apparemment on a deux modèles en ZEP : ou on se sert les coudes et au moins on a ça pour nous, ou ça tourne au climat tranchées de 14-18, ou tout le monde arrive la peur au ventre et le climat se casse la gueule).
Je te trouve un peu dur avec les lycées classiques, par contre. J'ai vu des gens se bouffer en pro alors qu'ils ne cessaient de dire qu'ils s'entendaient et j'ai parfois vu des comportements tout à fait humain en lycée général. Personnellement j'ai gardé un souvenir déplorable de la manière dont j'ai parfois été traité par certains collègues de techno (avec les pro c'était ambiance plus cordiale puisque pas de raison de se "tirer dans les pattes" comme tu dis).
J'ai eu des potes en techno, mais c'est sans doute par des collègues de techno que je me suis fait le plus "tirer dans les pattes" :
- horaires club-med, week-end de trois voire quatre jours, bricolés au copinage et à coup d'"intérêt des élèves" pour eux et horaires déments avec samedi matin tous les ans, vendredi soir systématique avec les génie mécanique (en philo), même parfois agression verbale à la sortie du conseil de classe, me reprochant ni plus ni moins d'exister dans leur filière....
- personnages qui se goinfraient d'heures sup', disaient nettement qu'ils ne ramenaient aucun travail à la maison, tournaient aux blagues salaces en salles des profs et estimaient qu'on devrait venir 35 h par semaine (avec une grosse augmentation bien sûr), en se torchant allégrement avec le fait que d'autres profs n'étaient pas des natifs du village et qu'ils bossaient tous les soirs et tous les week-end pour suivre le rythme qu'on leur imposait (voir chapitre sur les horaires)
- autres personnages (ou les mêmes) me réclamant 150 dissertations deux jours plus tard (sous prétexte que eux ils avaient fini depuis longtemps - évidemment, vu la rapidité avec laquelle ils corrigent leurs formulaires de bacs blancs sur un coin de table) et s'offusquant que je n'ai pas consacré les deux nuits précédentes, sans doute (et encore, ça n'aurait pas suffi) à terminer le paquet.
... J'arrête là parce que, même si, heureusement j'ai aussi croisé des gens sympas et même parfois charmants, que je n'ai jamais snobé, personnellement, j'ai aussi croisé au moins autant de connards égoïstes et corporatistes que chez les enseignants de général.
Je vous dit ça tout à fait gentiment aussi, les gars, mais c'est vrai que c'est un peu saoulant ces caricatures des lycées "classiques".
Maintenant, j'espère que je ne vous avais pas vexé en m'emportant sur le peu de cas fait parfois des PLP ou sur leurs conditions de travail (je viens de vous parler du sort réservé aux profs de matière sans intérêt, comme moi, en techno).
Ca me fait penser à un truc :
On s'inquiète tous pour les néo-titulaires et on a tendance à gueuler pour eux. Eh bien, j'en ai croisé qui semblaient trouver cette inquiétude insultante (du genre "on n'est pas en sucre"). Là encore je me dis : avec de l'expérience, vous allez comprendre, mais précisément, c'est ce qu'on ne vous laissera pas le temps d'avoir avant de vous balancer dans l'arène. J'AI commencé à l'arrache sans filet (avec moins d'heures mais dans des conditions à la noix), je ne souhaite ça à personne. Bien sûr qu'on peut y arriver (peut-être et en gros) mais croire qu'on y laissera aucune plume, d'une manière ou d'une autre, ça me paraît présomptueux.
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Pour ce qui est des 80% et plus au bac et des bacs gentils, je te comprends bien aussi Boudu.
C'est un prof de techno, justement qui m'a expliqué comment ont regonflait les notes à coup de cases à cocher qui insistaient toutes sur :" l'élève a-t-il essayé de..." pour bien plus lourd que sur les "a-t-il réussi".
En même temps, dans les faits, on en est tous là. Moi aussi je note finalement essentiellement des "efforts faits pour...". Ce qui m'ennuie surtout c'est le gros changement que doivent se prendre nos élèves quand ils passent de la bienveillance scolaire (qu'ils prennent pour un esclavage) à l'exploitation pure et simple qui les attend dehors.
Essaie de dire : "panne de réveil" à un patron, juste pour voir...