RSS et newsletter, c'est totalement différent d'un point de vue technique. D'un point de vue finaliste, en revanche, on pourrait --en faisant simple-- dire que la newsletter est une technologie active (push) là où le RSS est une technologie passive (pull). En pratique, la newsletter parvient à l'internaute, dans sa boîte e-mail, s'il en a fait la demande, alors que le flux RSS est mis à disposition de la communauté, de manière permanente, et que chacun peut choisir de s'abonner. La technologie RSS est donc plus "pratique" pour l'utilisateur (en tout cas moins contraignante) et plus respectueuse de ses choix.
Les newsletters présentaient l'avantage, au début d'internet, de faire parvenir l'information aux lecteurs, dans leur boîte e-mail. C'était la seule véritable technologie qui permettait de faire cela. Aujourd'hui, c'est devenu un inconvénient, pour plusieurs raisons (liste non exhaustive) :
- si l'on devait s'abonner par e-mail à tous les sites que l'on trouve intéressants, on finirait par avoir des dizaines d'e-mails à lire chaque jour (et on finirait par ne plus en lire aucun) ;
- de la même manière, les e-mails sont assez intrusifs puisqu'ils viennent, en quelque sorte, vers l'utilisateur à un moment où il ne s'y attend pas forcément (conséquence : celui-ci finira par faire inconsciemment un tri entre les e-mails importants --travail, famille, factures, etc.-- et les autres, dont les newsletters, qui finiront à la poubelle sans être lus), alors que les flux RSS permettent à l'utilisateur de choisir quand il veut les consulter (il est donc, par hypothèse, mieux disposé et plus réceptif à l'information diffusée) ;
- donner son adresse e-mail, c'est révéler une donnée personnelle, avec tout ce que cela implique (par exemple, être piégé par des sites qui proposeraient de "fausses newsletters" dans le seul but d'obtenir des adresses e-mail et d'envoyer du spam) ;
- la procédure de désinscription d'une newsletter nécessite l'intervention de l'expéditeur (que ce soit l'auteur de la newsletter qui désinscrive manuellement l'abonné, ou que ce soit le serveur qui gère cela automatiquement), ce qui n'est pas le cas pour les flux RSS (l'inscription et la désinscription ne font intervenir que le destinataire) ;
- les newsletters ne permettent pas au lecteur de hiérarchiser le contenu de manière efficace (concrètement, le lecteur doit ouvrir l'e-mail pour savoir ce qu'il y a dedans, et répéter l'opération pour chaque newsletter qu'il reçoit), contrairement aux flux RSS qui présentent individuellement le titre de chaque article (accompagné ou non d'un extrait de l'article) ;
- les newsletters impliquent une organisation de l'information plus hétérogène que les flux RSS : on peut facilement regrouper a priori les flux émanant de différents sites, en fonction de la teneur des informations qu'ils véhiculent (classement par thème, notamment), alors que cela reste difficile pour les newsletters qui se présentent de manière unitaire ou "en bloc" (on peut toutefois opérer un classement, en définissant des règles de filtrage des e-mails, mais cela passe au dessus de la tête de la plupart des utilisateurs), voire impossible lorsqu'on ne peut déterminer le contenu d'un message de newsletter avant de l'avoir lu.
Les newsletters présentent également certains inconvénients extrinsèques. Un exemple. Aujourd'hui, les spams sont de plus en plus nombreux. Les fournisseurs d'e-mail mettent donc en place des politiques anti-spam, agissant à la source en empêchant leurs clients d'envoyer le même message à de nombreux destinataires. En même temps, les newsletters sont très rares (et en voie de disparition) et, de ce fait, les opérateurs les prennent rarement en considération dans leur politique de sécurité relative à l'envoi des e-mails. Bien entendu, tout cela est automatisé et ne fait intervenir aucun contrôle humain portant sur la teneur des messages envoyés. Il est donc possible que des opérateurs te considèrent à tort comme un spammeur, parce que tu envoies ta newsletter à beaucoup de monde, avec tout ce que cela implique (ton adresse e-mail mise en liste noire ou, pire, le serveur de ton fournisseur d'e-mail mis en liste noire).
Bref, je dirais, en conclusion, que les newsletters sont une technologie du passé qui ne reste à mon sens pertinente que dans 2 cas de figure : 1) lorsque les destinataires constituent une petite communauté préexistante, c'est-à-dire lorsqu'ils partagent un même intérêt, qu'ils se connaissent, ou plus généralement qu'ils sont liés les uns aux autres ; 2) lorsque l'auteur de la newsletter veut contrôler la diffusion de l'information, ne pas la laisser en libre accès à tous les internautes, et ne la faire parvenir qu'à un public déterminé (par exemple : les clients qui ont payé pour la recevoir). Dans le cas d'un contenu destiné à tous les internautes intéressés (donc potentiellement destiné à tout un chacun), je pense que la technologie RSS est mieux adaptée.