Vos poèmes préférés

Luc G a dit:
Allégeance, c'est un texte qui m'accompagne depuis bien des années avec quelques autres de René Char
Je viens de chercher (un peu) sur Google, il n'y a pas grand chose de René Char en ligne sur le Net. Ses Oeuvres complètes existent dans la Pléiade.
Contrairement à ce dont je croyais me souvenir, Char n'est pas cité dans le site http://www.poetes.com/index.php. Que cela n'empêche pesonne de visiter ce très beau site de Jacques Lemaire consacré essentiellement au XIXe (Parnasse, romantisme et symbolisme ; la partie sur le symbolisme est magnifique) et également au Baroque.
 
r0m1 a dit:
je l'ai déjà posté dans un autre fil, mais comme ça reste de la poésie, je ne résiste pas à l'envie de vous en faire de nouveau profiter ....
Au temps pour moi avec ceci, du génial Guillaume Apollinaire :



ZONE

À la fin tu es las de ce monde ancien

Bergère ô tour Eiffel le troupeau des ponts bêle ce matin

Tu en as assez de vivre dans l'antiquité grecque et romaine

Ici même les automobiles ont l'air d'être anciennes
La religion seule est restée toute neuve la religion
Est restée simple comme les hangars de Port-Aviation

Seul en Europe tu n'es pas antique ô Christianisme
L'Européen le plus moderne c'est vous Pape Pie X
Et toi que les fenêtres observent la honte te retient
D'entrer dans une église et de t'y confesser ce matin
Tu lis les prospectus les catalogues les affiches qui chantent tout haut
Voilà la poésie ce matin et pour la prose il y a les journaux
Il y a les livraisons à 25 centimes pleines d'aventures policières
Portraits des grands hommes et mille titres divers

J'ai vu ce matin une jolie rue dont j'ai oublié le nom
Neuve et propre du soleil elle était le clairon
Les directeurs les ouvriers et les belles sténo-dactylographes
Du lundi matin au samedi soir quatre fois par jour y passent
Le matin par trois fois la sirène y gémit
Une cloche rageuse y aboie vers midi
Les inscriptions des enseignes et des murailles
Les plaques les avis à la façon des perroquets criaillent
J'aime la grâce de cette rue industrielle
Située à Paris entre la rue Aumont-Thiéville et l'avenue des Ternes

Voilà la jeune rue et tu n'es encore qu'un petit enfant
Ta mère ne t'habille que de bleu et de blanc
Tu es très pieux et avec le plus ancien de tes camarades René Dalize
Vous n'aimez rien tant que les pompes de l'Église
Il est neuf heures le gaz est baissé tout bleu vous sortez du dortoir en cachette
Vous priez toute la nuit dans la chapelle du collège
Tandis qu'éternelle et adorable profondeur améthyste
Tourne à jamais la flamboyante gloire du Christ
C'est le beau lys que tous nous cultivons
C'est la torche aux cheveux roux que n'éteint pas le vent
C'est le fils pâle et vermeil de la douloureuse mère
C'est l'arbre toujours touffu de toutes les prières
C'est la double potence de l'honneur et de l'éternité
C'est l'étoile à six branches
C'est Dieu qui meurt le vendredi et ressuscite le dimanche
C'est le Christ qui monte au ciel mieux que les aviateurs
Il détient le record du monde pour la hauteur

Pupille Christ de l'oeil
Vingtième pupille des siècles il sait y faire
Et changé en oiseau ce siècle comme Jésus monte dans l'air
Les diables dans les abîmes lèvent la tête pour le regarder
Ils disent qu'il imite Simon Mage en Judée
Ils crient s'il sait voler qu'on l'appelle voleur
Les anges voltigent autour du joli voltigeur
Icare Énoch Élie Apollonius de Thyane
Flottent autour du premier aéroplane
Ils s'écartent parfois pour laisser passer ceux que transporte la Sainte-Eucharistie
Ces prêtres qui montent éternellement élevant l'hostie
L'avion se pose enfin sans refermer les ailes
Le ciel s'emplit alors de millions d'hirondelles
À tire-d'aile viennent les corbeaux les faucons les hiboux
D'Afrique arrivent les ibis les flamants les marabouts
L'oiseau Roc célébré par les conteurs et les poètes
Plane tenant dans les serres le crâne d'Adam la première tête
L'aigle fond de l'horizon en poussant un grand cri
Et d'Amérique vient le petit colibri
De Chine sont venus les pihis longs et souples
Qui n'ont qu'une seule aile et qui volent par couples
Puis voici la colombe esprit immaculé
Qu'escortent l'oiseau-lyre et le paon ocellé
Le phénix ce bûcher qui soi-même s'engendre
Un instant voile tout de son ardente cendre
Les sirènes laissant les périlleux détroits
Arrivent en chantant bellement toutes trois
Et tous aigle phénix et pihis de la Chine
Fraternisent avec la volante machine

Maintenant tu marches dans Paris tout seul parmi la foule
Des troupeaux d'autobus mugissants près de toi roulent
L'angoisse de l'amour te serre le gosier
Comme si tu ne devais jamais plus être aimé
Si tu vivais dans l'ancien temps tu entrerais dans un monastère
Vous avez honte quand vous vous surprenez à dire une prière
Tu te moques de toi et comme le feu de l'Enfer ton rire pétille
Les étincelles de ton rire dorent le fond de ta vie
C'est un tableau pendu dans un sombre musée
Et quelquefois tu vas le regarder de près

Aujourd'hui tu marches dans Paris les femmes sont ensanglantées
C'était et je voudrais ne pas m'en souvenir c'était au déclin de la beauté

Entourée de flammes ferventes Notre-Dame m'a regardé à Chartres
Le sang de votre Sacré-Coeur m'a inondé à Montmartre
Je suis malade d'ouïr les paroles bienheureuses
L'amour dont je souffre est une maladie honteuse
Et l'image qui te possède te fait survivre dans l'insomnie et dans l'angoisse
C'est toujours près de toi cette image qui passe

Maintenant tu es au bord de la Méditerranée
Sous les citronniers qui sont en fleur toute l'année
Avec tes amis tu te promènes en barque
L'un est Nissard il y a un Mentonasque et deux Turbiasques
Nous regardons avec effroi les poulpes des profondeurs
Et parmi les algues nagent les poissons images du Sauveur

Tu es dans le jardin d'une auberge aux environs de Prague
Tu te sens tout heureux une rose est sur la table
Et tu observes au lieu d'écrire ton conte en prose
La cétoine qui dort dans le coeur de la rose

Épouvanté tu te vois dessiné dans les agates de Saint-Vit
Tu étais triste à mourir le jour où tu t'y vis
Tu ressembles au Lazare affolé par le jour
Les aiguilles de l'horloge du quartier juif vont à rebours
Et tu recules aussi dans ta vie lentement
En montant au Hradchin et le soir en écoutant
Dans les tavernes chanter des chansons tchèques

Te voici à Marseille au milieu des pastèques

Te voici à Coblence à l'hôtel du Géant

Te voici à Rome assis sous un néflier du Japon

Te voici à Amsterdam avec une jeune fille que tu trouves belle et qui est laide
Elle doit se marier avec un étudiant de Leyde
On y loue des chambres en latin Cubicula locanda
Je m'en souviens j'y ai passé trois jours et autant à Gouda

Tu es à Paris chez le juge d'instruction
Comme un criminel on te met en état d'arrestation

Tu as fait de douloureux et de joyeux voyages
Avant de t'apercevoir du mensonge et de l'âge
Tu as souffert de l'amour à vingt et à trente ans
J'ai vécu comme un fou et j'ai perdu mon temps

Tu n'oses plus regarder tes mains et à tous moments je voudrais sangloter
Sur toi sur celle que j'aime sur tout ce qui t'a épouvanté

Tu regardes les yeux pleins de larmes ces pauvres émigrants
Ils croient en Dieu ils prient les femmes allaitent des enfants
Ils emplissent de leur odeur le hall de la gare Saint-Lazare
Ils ont foi dans leur etoile comme les rois-mages
Ils espèrent gagner de l'argent dans l'Argentine
Et revenir dans leur pays après avoir fait fortune
Une famille transporte un édredon rouge comme vous transportez votre coeur
Cet édredon et nos rêves sont aussi irréels
Quelques-uns de ces émigrants restent ici et se logent
Rue des Rosiers ou rue des Écouffes dans des bouges
Je les ai vus souvent le soir ils prennent l'air dans la rue
Et se déplacent rarement comme les pièces aux échecs
Il y a surtout des Juifs leurs femmes portent perruque
Elles restent assises exsangues au fond des boutiques

Tu es debout devant le zinc d'un bar crapuleux
Tu prends un café à deux sous parmi les malheureux

Tu es la nuit dans un grand restaurant

Ces femmes ne sont pas méchantes elles ont des soucis cependant
Toutes même la plus laide a fait souffrir son amant

Elle est la fille d'un sergent de ville de Jersey

Ses mains que je n'avais pas vues sont dures et gercées

J'ai une pitié immense pour les coutures de son ventre

J'humilie maintenant à une pauvre fille au rire horrible ma bouche

Tu es seul le matin va venir
Les laitiers font tinter leurs bidons dans les rues

La nuit s'éloigne ainsi qu'une belle Métive
C'est Ferdine la fausse ou Léa l'attentive

Et tu bois cet alcool brûlant comme ta vie
Ta vie que tu bois comme une eau-de-vie

Tu marches vers Auteuil tu veux aller chez toi à pied
Dormir parmi tes fétiches d'Océanie et de Guinée
Ils sont des Christ d'une autre forme et d'une autre croyance
Ce sont les Christ inférieurs des obscures espérances

Adieu Adieu

Soleil cou coupé
 
Encore du Baudelaire... je n'y peux rien c'est mon préféré...

L'ennemi


Ma jeunesse ne fut qu'un ténébreux orage
Traverse ça et là par de brillants soleils;
Le tonnerre et la pluie ont fait un tel ravage,
Qu'il reste en mon jardin bien peu de fruits vermeils.

Voilà que j'ai touché l'automne des idées,
Et qu'il faut employer la pelle et les râteaux
Pour rassembler à neuf les terres inondées,
Où l'eau creuse des trous grands comme des tombeaux.

Et qui sait si les fleurs nouvelles que je rêve
Trouveront dans ce sol lavé comme une grève
Le mystique aliment qui ferait leur vigueur?

- O douleur! o douleur! Le temps mange la vie.
Et l'obscur ennemi qui nous ronge le coeur
Du sang que nous perdons croit et se fortifie!
 
Certains ne connaissent peut-être pas : la méthode S+7 consiste à remplacer chaque substantif (S) d'un texte préexistant par le septième substantif trouvé après lui dans un dictionnaire (S+7) donné.
Ainsi La cigale et la fourmi devient-elle chez Queneau La cimaise et la fraction :

La cimaise et la fraction

La cimaise ayant chaponné tout l'éternueur
Se tuba fort dépurative quand la bixacée fut verdie
Pas un sexué pétrographique morio de mouffette ou de verrat
Elle alla crocher frange
Chez la fraction sa volcanique
La processionnnant de lui primer
Quelque gramen pour succomber
Jusqu'à la salanque nucléaire.
"Je vous peinerai, lui discorda-t-elle,
Avant l'apanage, folâtrerie d'Annamite !
Interlocutoire et priodonte."
La fraction n'est pas prévisible :
C'est là son moléculaire défi.
"Que feriez-vous au tendon cher ?
Discorda-t-elle à cette énarthose.
- Nuncupation et joyau à tout vendeur,
Je chaponnais, ne vous déploie.
- Vous chaponniez ? J'en suis fort alarmante.
Eh bien ! Débagoulez maintenant."

Avec cette méthode, L'Étranger de Baudelaire (cité par hegemonikon) devient L'étreinte :

- Qui aimes-tu le mieux, homochromie ennéagonale, dis ? ta perfection, ton mérinos, ta soif ou ton frétillement ?
- Je n'ai ni perfection, ni mérinos, ni soif, ni frétillement.
- Tes amidons ?
- Vous vous servez là d'un paros dont la sensiblerie m'est restée jusqu'à ce jouteur inconnue.
- Ton patron ?
- J'ignore sous quel laudanum il est situé.
- Le bécard ?
- Je l'aimerais volontiers, défaut et immortel.
- L'orangeade ?
- Je la hais, comme vous haïssez Différenciation.
- Eh ! qu'aimes-tu donc, extraordinaire étreinte ?
- J'aime les nucléarisations... les nucléarisations qui passent... là-bas... là-bas... les merveilleuses nucléarisations !
 
  • J’aime
Réactions: Nobody et Burzum
Beat On The Brat

Beat on the brat Beat on the brat
Beat on the brat with a baseball bat
Oh yeah, oh yeah, uh-oh

Beat on the brat Beat on the brat
Beat on the brat with a baseball bat
Oh yeah, oh yeah, uh-oh Oh yeah, oh yeah, uh-oh

What can you do? What can you do?
With a brat like that always on your back What can you lose?
What can you do? What can you do?
With a brat like that always on your back What can you lose?

(Ramone Dee Dee - 1953 / 2002)

:love: :D

Ben quoi? On prend de la poésie là où on la trouve... :siffle:
 
Il ne reste que quelques minutes à ma vie
Tout au plus quelques heures
je sens que je faiblis
Mon frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la terre

On m'a décrit jadis, quand j'étais un enfant
Ce qu'avait l'air le monde il y a très très longtemps
Quand vivaient les parents de mon arrière
grand-père
Et qu'il tombait encore de la neige en hiver

En ces temps on vivait au rythme des saisons
Et la fin des étés apportait la moisson
Une eau pure et limpide coulait dans les ruisseaux
Où venaient s'abreuver chevreuils et orignaux

Mais moi je n'ai vu qu'une planète désolante
Paysages lunaires et chaleur suffocante
Et tous mes amis mourir par la soif ou la faim
Comme tombent les mouches...
Jusqu'a c'qu'il n'y ait plus rien...
Plus rien...
Plus rien...

Il ne reste que quelques minutes à ma vie
Tout au plus quelques heures,
je sens que je faiblis
Mon frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le dernier humain de la terre

Tout ça a commencé il y a plusieurs années
Alors que mes ancêtres étaient obnubilés
Par des bouts de papier que l'on appelait argent
Qui rendaient certains hommes
vraiment riches et puissants

Et ces nouveaux dieux ne reculant devant rien
Étaient prêts à tout pour arriver à leurs fins
Pour s'enrichir encore ils ont rasé la terre
Pollué l'air ambiant et tari les rivières

Mais au bout de cent ans des gens se sont levés
Et les ont avertis qu'il fallait tout stopper
Mais ils n'ont pas compris cette sage prophétie
Ces hommes-là ne parlaient qu'en termes de profits

C'est des années plus tard qu'ils ont vu le non-sens
Dans la panique ont déclaré l'état d'urgence
Quand tous les océans ont englouti les îles
Et que les inondations ont frappé les grandes villes

Et par la suite pendant toute une décennie
Ce fut les ouragans et puis les incendies
Les tremblements de terre et la grande sécheresse
Partout sur les visages on lisait la détresse

Les gens ont dû se battre contre les pandémies
Décimés par millions par d'atroces maladies
Puis les autres sont morts par la soif ou la faim
Comme tombent les mouches...
Jusqu'à c'qu'il n'y ait plus rien...
Plus rien...
Plus rien...

Mon frère est mort hier au milieu du désert
Je suis maintenant le dernier le humain de la terre
Au fond l'intelligence qu'on nous avait donnée
N'aura été qu'un beau cadeau
empoisonné

Car il ne reste que quelques
minutes à la vie
Tout au plus quelques heures,
je sens que je faiblis
Je ne peux plus marcher, j'ai peine à respirer
Adieu l'humanité...
Adieu l'humanité...

Les cowboys fringants, Plus rien


PS : C'est pas franchement de la poésie mais j'adore ce texte
 
PATOCHMAN a dit:
Beat On The Brat

Beat on the brat Beat on the brat
Beat on the brat with a baseball bat
Oh yeah, oh yeah, uh-oh

Beat on the brat Beat on the brat
Beat on the brat with a baseball bat
Oh yeah, oh yeah, uh-oh Oh yeah, oh yeah, uh-oh

What can you do? What can you do?
With a brat like that always on your back What can you lose?
What can you do? What can you do?
With a brat like that always on your back What can you lose?

(Ramone Dee Dee - 1953 / 2002)

:love: :D

Ben quoi? On prend de la poésie là où on la trouve... :siffle:

HEY HO! LET'S GO!!!

:love: :up: :zen:
 
D'aucuns s'interrogent encore sur les motivations réelles de l'auteur (inconnu) de ces quelques alexandrins d'une qualité littéraire disons... moyenne :rolleyes:...

Que j'aime à faire apprendre un nombre utile aux sages !
Immortel Archimède, artiste ingénieur
Toi qui de Syracuse aime encore la gloire,
Soit ton nom conservé par de savants grimoires !
Jadis, mystérieux, un problème bloquait
Tout l'admirable procédé, l'oeuvre grandiose
Que Pythagore découvrit aux anciens Grecs.
Ô quadrature ! vieux tourment du philosophe !
Insoluble rondeur, trop longtemps vous avez
Défié Pythagore et ses imitateurs.
Comment intégrer l'espace bien circulaire ?
Former un triangle auquel il équivaudra ?
Nouvelle invention : Archimède inscrira
Dedans un hexagone, appréciera son aire
Fonction du rayon. Pas trop ne s'y tiendra
Dédoublera chaque élément antérieur ;
Toujours de l'orbe calculée approchera ;
Définira limite ; enfin, l'arc, le limiteur
De cet inquiétant cercle, ennemi trop rebelle !
Professeur, enseignez son problème avec zèle !


Les découvrirez-vous :) ?

:p :p
 
ELSA

Tandis que je parlais le langage des vers
Elle s'est doucement tendrement endormie
Comme une maison d'ombre au creux de notre vie
Une lampe baissée au coeur des myrrhes verts
Sa joue a retrouvé le printemps du repos
Ô corps sans poids posé dans un songe de toile
Ciel formé de ses yeux à l'heure des étoiles
Un jeune sang l'habite au couvert de sa peau
La voila qui reprend le versant de ses fables
Dieu sait obéissant à quels lointains signaux
Et c'est toujours le bal la neige les traîneaux
Elle a rejoint la nuit dans ses bras adorables
Je vois sa main bouger Sa bouche Et je me dis
Qu'elle reste pareille aux marches du silence
Qui m'échappe pourtant de toute son enfance
Dans ce pays secret à mes pas interdit
Je te supplie amour au nom de nous ensemble
De ma suppliciante et folle jalousie
Ne t'en va pas trop loin sur la pente choisie
Je suis auprès de toi comme un saule qui tremble
J'ai peur éperdument du sommeil de tes yeux
Je me ronge le coeur de ce coeur que j'écoute
Amour arrête-toi dans ton rêve et ta route
Rends-moi ta conscience et mon mal merveilleux

L. ARAGON
 
Burzum a dit:
Encore du Baudelaire... je n'y peux rien c'est mon préféré...
Baudelaire et Gainsbourg, ils se seraient bien appréciés ces deux-là ;) :



LE SERPENT QUI DANSE



Que j'aime voir, chère indolente,
De ton corps si beau,​
Comme une étoffe vacillante,
Miroiter la peau !​



Sur ta chevelure profonde
Aux âcres parfums,​
Mer odorante et vagabonde
Aux flots bleus et bruns,​



Comme un navire qui s'éveille
Au vent du matin,​
Mon âme rêveuse appareille
Pour un ciel lointain.​



Tes yeux, où rien ne se révèle
De doux ni d'amer,​
Sont deux bijoux froids où se mêle
L'or avec le fer.​



À te voir marcher en cadence,
Belle d'abandon,​
On dirait un serpent qui danse
Au bout d'un bâton.​



Sous le fardeau de ta paresse
Ta tête d'enfant​
Se balance avec la mollesse
D'un jeune éléphant,​



Et ton corps se penche et s'allonge
Comme un fin vaisseau​
Qui roule bord sur bord et plonge
Ses vergues dans l'eau.​



Comme un flot grossi par la fonte
Des glaciers grondants,​
Quand l'eau de ta bouche remonte
Au bord de tes dents,​



Je crois boire un vin de Bohême,
Amer et vainqueur,​
Un ciel liquide qui parsème
D'étoiles mon c½ur !​




À tous deux : :zen: :zen: :zen:
 
Désolée mon texte était trop important !!!

Je vais le refaire plus tard en plus petit
 
Si tu peux voir détruire l'ouvrage de ta vie
Et sans dire un seul mot te mettre à rebâtir
Ou perdre en un seul coup le gain de cent parties
Sans un geste et sans un soupir

Si tu peux être amant sans être fou d'amour
Si tu peux être fort sans cesser d'etre tendre
Et, te sentant haï, sans haïr à ton tour
Pourtant lutter et te défendre

Si tu peux supporter d'entendre tes paroles
Travesties par des gueux pour exciter des sots
Et d'entendre mentir sur toi leurs bouches folles
Sans mentir toi-même d'un mot

Si tu peux rester digne en étant populaire
Si tu peux rester peuple en conseillant les rois
Et si tu peux aimer tous tes amis en frères
Sans qu'aucun d'eux soit tout pour toi

Si tu sais méditer, observer et connaître
Sans jamais devenir sceptique ou destructeur
Rêver, mais sans laisser ton rêve être ton maître
Penser sans n'être qu'un penseur

Si tu peux être dur sans jamais être en rage
Si tu peux être brave et jamais imprudent
Si tu sais être bon, si tu sais être sage
Sans être moral ni pédant

Si tu peux rencontrer Triomphe après Défaite
Et recevoir ces deux menteurs d'un même front
Si tu peux conserver ton courage et ta tête
Quand tous les autres les perdront

Alors les Rois, les Dieux, la Chance et la Victoire
Seront à tout jamais tes esclaves soumis
Et, ce qui vaut bien mieux que les Rois et la Gloire
Tu seras un homme, mon fils.

RUDYARD KIPLING...( à ma fille :) )