Mardi, je serai là, comme chaque année d'ailleurs, devant le monument aux morts du patelin, pour rendre hommage à nos anciens ... plus d'écoles, plus d'enfants, plus de discours enflammés et même pas de neige - tout se perd - on sera au maximum une vingtaine, moins si je soustrais les "habitués" qui sont disparus en 2025.
Dans mon patelin, il y a un peu plus de monde.
Deux classes de primaire sont sélectionnées pour faire acte de présence. C'est tombé sur celle de ma gamine une fois. On ne devait pas être là, on a annulé notre départ pour pas qu'on reproche quoi que ce soit, mais d'autres parents n'ont pas eu ce genre de scrupule (

). Y avait pas loin des 3/4 de sa classe, quand même.
Les pompiers sont toujours là aussi avec les jeunes sapeurs pompiers. Et vlan, ma gamine en ayant fait 3 ans, on s'est aussi farci les commémorations.
Une année a été particulièrement pénible, la fois où il a fallu se cogner la commémorations dans mon patelin puis à Marseille (où la région avait aussi invité les jeunes sapeurs). Cerise sur le gâteau, le président de région était présent le matin dans mon patelin puis, forcément, l'aprem à Marseille. Et lui, c'est le genre de type qui adore parler. Discours sans fin. Je lui reconnais cette capacité, cependant, d'être capable de ne pas raconter la même chose à chaque fois. Ce qui me fait penser qu'il n'a pas de discours écrit mais qu'il se laisse aller à la divagation. Je lui reprocherais, toutefois, de nous mentir sur ses ancêtres. Son père et son grand-père ayant fait la Prusse, la Commune - du côté du peuple - la première, la seconde, l'Indochine, l'Algérie et je ne sais plus quels autres conflits (je le soupçonne d'avoir voulu nous glisser aussi la campagne de Russie avant de se dire que fallait pas déconner).
Maintenant que mon grand-père est mort, on ne se cogne plus toutes les commémorations. Mais du temps de sa splendeur, étant donné qu'il fut porte-drapeau puis président de son asso d'anciens combattants, on se les tapait toutes (la famille fait corps derrière l'ancien), d'autant que mon frangin (qui n'est pas une seule seconde intéressé par la chose) fut désigné porte-drapeau (la famille fait corps, je répète) pour aider le pépé. Le pépé n'est plus là, mais mon père continue à gérer de loin les affaires de l'asso au niveau local et mon frangin à porter le drapeau (que personne ne veut rendre à la direction de l'association parce que, bordel, c'est le drapeau de pépé).
C'est pas tant que ça plaise à mon frère. Depuis qu'il a dû serrer la main à Lepen le borgne (que foutait-il là, dans un bled paumé de Camargue ce jour-là ?), il flippe de se retrouver dans une situation analogue avec quelconque "ennemi" politique.
Dépité qu'il était cette fois-là.
"Qu'est-ce t'aurais fait toi ? J'étais là, comme un con, avec mon drapeau. Le mec est venu serrer la main de tout le monde. Je pouvais lui cracher à la gueule ?"
Lui cracher dessus, non. Mais refuser la poignée de main, oui.
Parce que le plus beau dans l'histoire c'est que mon grand-père était là aussi (plus comme drapeau mais comme président d'asso) et quand le type est arrivé à son niveau, mon grand-père a tourné le dos et s'est barré sans un mot. La gueule de Jean-Marie avec sa main tendu dans le vide.
PS : Moi le 11 je serais en train de bosser. Plutôt que commémorer, je vais me remémorer mon grand-père.