Dans la série « à vos casseroles » j’ai envie de vous partager « ma recette » des
pasta alla carbonara.
Vers la fin de l’hiver, j’ai voulu connaître l’histoire de ce plat italien mondialement cuisiné et apprécié. Créée à l’occasion de l’invasion américaine de l’Italie mussolinienne par un chef italo-américain en charge de nourrir les généraux du corps expéditionnaire, la recette initiale varia les décennies suivantes selon les goûts des hommes en toque. Jusqu’en 1990, année où les italiens ont voulu se réapproprier leur gastronomie. Il en ressort une version expurgée de crème et de bacon !
Sauf que pour le reste du monde, ces pâtes sont cuisinées à la crème et au bacon – vocable alternatif au lard fumé. Mais les hommes en toque italiens leur préfèrent un sabayon au jus de cuisson
pecorino et de la
guanciale – une salaison de joue et gorge de cochon.
Ces connaissances en mains, et après avoir cherché en vain de la guanciale chez mon charcutier, j’ai décidé de produire moi-même cette pièce de salaison afin de tester cette alternative au lard émincé, depuis toujours poêlé pour accompagner les pâtes à la carbonara.
Et comme je ne voulais pas installer un séchoir à cochonnailles dans le grenier, hé hé, la méthode gravlax ai-je préféré tout en conservant l’assaisonnement traditionnel de la guanciale. Autant dire que pour déguster « mes » pasta alla carbonara il ne fallait pas s’y prendre à la dernière minute !
Le gravlax :
Mélanger 400g de gros sel, 200g de sucre, une cuillère à soupe de thym haché, une cuillère à café de poivre et l’émincé d’un quart de fenouil ou une cs de graines de fenouil.
Étaler une partie du mélange dans un plat pouvant contenir six joues de porc.
Déposer les joues dessus et recouvrir avec le reste du mélange.
Filmer et réserver huit à dix heures au réfrigérateur.
Sortir les joues de la saumure, les laver à grande eau, les essuyer et les mettre à sécher quelques jours au réfrigérateur.
La recette :
//pour les puristes, ou disons les adeptes de la dernière variante autrement appelée « vraie recette », autant vous dire que vous allez vous étouffer, hé hé, parce qu’il n’est pas question que je donne dans le sabayon au pecorino et jus de cuisson. J’aime trop la crème pour déroger à ce plaisir gustatif.
Sortir les joues une heure avant la préparation.
Tailler les joues en fines tranches et réserver.
Clarifier deux œufs dans un grand bol et réserver les jaunes.
Ajouter 30cl de crème fraîche aux blancs d’œuf, une cc de farine, quelques tours de moulin à poivre et fouetter le tout.
Faire sauter les chips de joues dans une poêle chaude et graissée selon votre préférence (beurre, huile végétale ou graisse animale).
Verser le mélange – à base de crème – dans la poêle.
Mélanger jusqu’à la coagulation de l’albumine dans la sauce.
Le dressage :
Égoutter les pâtes, faire fondre une noisette de beurre dans la casserole de cuisson et sublimer les pâtes en les remuant dans le beurre fondu.
Servir une portion des pâtes par assiette.
Couvrir de la sauce cuisinée.
Chapeauter avec le jaune d’œuf frais.
Râper du parmesan sur l’ensemble.
Servir !
Conclusion :
Je souscris totalement au changement de viande dans cette recette. Comparée au lard fumé et/ou salé, la joue est bien plus goûtue. La finesse de la chair donne une texture bien plus moelleuse en bouche. L’ajout d’albumine et de farine dans la crème fraîche limite sensiblement l’absorption de la sauce dans les pâtes (peu importe qu’elles soient fraîches, sèches, raffinées ou complètes). Le jaune d’œuf et le parmesan râpé agrémentent l’aspect et le goût de ce plat du quotidien. Même si un ciselé de persil ou de basilic achève l’esthétique visuelle et le plaisir gustatif.
Bref… Pas question de revenir au lard fumé pour me régaler de pâtes à la carbonara ! Et hors de question de donner dans le sabayon ! La crème fraîche c’est la vie !
