Résistance des opérateurs
Certes, le succès de l'iPhone, aux Etats-Unis - Apple en aurait vendu plus de 500.000 en quelques jours -, redonne du pouvoir à la marque à la pomme dans la négociation. Si les opérateurs européens se montrent trop gourmands, Apple pourrait leur faire comprendre qu'une sortie limitée de l'iPhone en Europe en fin d'année lui permettrait de garder des stocks pour le marché américain. Et le fait que « selon les premières informations, de 40 à 50 % des acheteurs américains viennent d'un autre opérateur », à en croire Stéphane Dubreuil, de SIA Conseil, plaide en faveur du groupe de Steve Jobs.
Mais la résistance des opérateurs du Vieux Continent est réelle. « Pour la première fois, un équipementier établit un lien direct avec l'utilisateur, contrôle la relation client, et impose ses propres contenus », poursuit le consultant. Selon les vidéos postées par Apple sur son site, le choix du forfait de l'opérateur se fait dans le téléphone, dans l'univers iTunes. L'activation passe donc par Apple. « Le nom de l'opérateur est relégué derrière Apple, il n'existe presque pas dans l'esprit du client », selon Stéphane Dubreuil. De plus, la présence d'iTunes pour lire la musique et les vidéos est une véritable déclaration de guerre, d'autant qu'ATT reverserait un petit pourcentage du trafic lié à Apple.
Or, tous les grands opérateurs européens ont leur propre plate-forme de musique ou de vidéo sur mobile. « Apple impose une nouvelle forme de collaboration avec les opérateurs en tentant de prendre une partie du contrôle des clients et de capter ainsi une part des revenus générés. Mais, le contrôle du client est au coeur de la stratégie des grands opérateurs européens, qui développent leurs propres offres de contenus. Toute la question va être de savoir jusqu'à quel point les opérateurs sont prêts à aller », se demande Vincent Poulbère, du cabinet Ovum.
Enfin, Apple arrive avec ses partenaires, comme YouTube, alors que les opérateurs ont passé des accords directs avec les majors ou avec des acteurs Internet. SIA Conseil estime à 30 % la part des revenus générés par les services que pourrait capter Apple à terme. Pour Neil Mawston, de Strategy Analytics, « la stratégie d'Apple de passer outre l'opérateur aura du mal à s'imposer en Europe ». Ce à quoi Laurent Geffroy, consultant chez Greenwich, rétorque que « les opérateurs pourraient faire des concessions sur le contrôle de la vente des contenus si, en contrepartie, l'iPhone leur permet de développer l'usage ».