Le constructeur de voitures de luxe* a exercé une option d'achat qui lui fait franchir le seuil de 30% du capital de sa filiale, ce qui l'oblige à lancer une OPA. Celle-ci*se fera à un prix inférieur de 14% au dernier cours de Bourse de Volkswagen
Le constructeur automobile allemand Porsche va devoir lancer une OPA sur son compatriote Volkswagen. Le groupe a en effet exercé lundi matin une option sur 3,6% du capital qui lui permet de monter à 30,9% de sa filiale (le transfert des actions sera effectif mercredi).*Or selon la loi allemande, au-delà de 30% le déclenchement d'une offre publique est obligatoire.
Toutefois, Porsche ne souhaite pas dépenser une fortune pour absorber l'entreprise, et a donc prévu de proposer un prix dissuasif de 100,92 euros (14% de moins que le cours vendredi soir à Francfort) - ceci avec l'assentiment du management de Volkswagen et du land de Basse-Saxe, son actionnaire historique. Le prix de l'option levée par Volkswagen, en comparaison, est de 109,20 euros par action. Mais Porsche a justifié ses 100,92 euros, samedi dernier, par le fait que le cours du titre Volkswagen a plus que doublé depuis son entrée au capital - sous-entendu, grâce à l'arrivée de ce nouvel actionnaire.*
Grâce à cette offre dérisoire, Porsche a désormais les mains libres au regard de la loi boursière pour continuer à monter au capital de son homologue. Il a d'ailleurs obtenu une ligne de crédit de 35 milliards d'euros de la part de plusieurs établissements financiers.
Le danger des hedge funds
Cette montée au capital est défensive, a affirmé le patron exécutif de Porsche Wendelin Wiedeking dans une interview au quotidien allemand Bild à paraître lundi. Il a monté en épingle le risque représenté par les fonds d'arbitrage, que la chancelière Angela Merkel a justement prévu de mettre à l'agenda du G8 afin de limiter leur impact négatif, Wendelin Wiedeking déclarant*: "Si un hedge fund démantèle Volkswagen et met ça en Bourse, nous pourrions perdre notre partenaire le plus important. Nous ne pouvons laisser faire un tel démantèlement, c'est pourquoi nous avons agi. (...) Maintenant nous pouvons réagir encore plus vite si un hedge fund lançait un raid hostile."
Le 13 février, Porsche a obtenu d'un avocat général de*la Cour de justice européenne de Luxembourg la condamnation d'une loi allemande protégeant Volkswagen contre un rachat, au nom de la libre circulation des capitaux. La Cour devrait rendre son verdict*sous trois mois - elle suit en général les recommandations de l'avocat général. Cette loi dite "Volkswagen" limite les droits de vote des actionnaires à 20% quelle que soit leur participation réelle au capital. En dépit de sa participation supérieure au capital de Volkswagen, Porsche se trouve de ce fait à égalité avec le land de Basse-Saxe, qui ne détient que 20,5%. Si la loi est abrogée, le constructeur automobile dominera clairement le nouvel ensemble - ce qui donne tout son sens à l'actuel grignotage.
Des liens historiques entre les deux groupes
Le président de Volkswagen n'est autre que Ferdinand Piëch, dont la famille contrôle Porsche. Il n'a cessé d'étendre son influence depuis que Porsche est entré au capital du plus gros constructeur automobile d'Europe, en septembre 2005. Il a*nommé des cadres de Porsche au conseil de surveillance de Volkswagen, le directeur général Wendelin Wiedeking et le directeur financier Holger Haerter. Puis ce conseil*a obtenu en novembre dernier le départ du patron Bernd Pischetsrieder et Piëch a été réélu pour un nouveau mandat de président du conseil.
L'intérêt du constructeur automobile le plus rentable du monde pour son compatriote est historique. Piëch a été le patron exécutif de Volkswagen. Ce dernier est le principal fournisseur de Porsche. Les deux entreprises ont construit ensemble les modèles*Porsche Cayenne, Volkswagen Touareg et l'Audi Q7 dans l'usine slovaque de Volkswagen. Volkswagen construira la carrosserie de la future*Panamera quatre portes de Porsche, dans son usine d'Hanovre.
Source Les Echos®