Le côté humoristique de la formule ne doit pas occulter linégalité implicite qui sy
cache : cette formule nest pas réciproque (ou réversible). Létalon de mesure est
bien lhomme, auquel la femme est référée. La formule inverse « lhomme est-il une
femme comme les autres » apparaît en effet incongrue, et dailleurs pourquoi
sinterrogerait-on sur lidentité masculine, qui ne semble jamais poser question.
Lambiguïté de la formule joue également sur la polysémie du mot « homme »,
désignant à la fois lêtre humain et lêtre sexué (masculin). Le langage trahit ici la
domination historique du genre masculin, puisque le mot homme sert à définir à lui
seul lhumanité entière !
Quelque soit donc le caractère « androcentrée » de cette formule, une question
fondamentale est posée : quest-ce quun homme ? Quest-ce quune femme ? Est-il
légitime daffirmer lunité du genre humain qui transcenderait la division en sexes et
fonderait leur égalité, ou bien au contraire, comme un courant du nouveau féminisme
laffirme (en particulier S. Agacinski), cette division est-elle
« ontologique » (« lhumanité est deux? ») ? La séparation masculin/féminin repose-t-
elle sur une différence dessence ou de nature ? Ou bien ny a-t-il quun « genre », le
genre humain ? :heu:
L'homme est-il l'égal de la femme ?