Je vais faire ma bêcheuse : ne confondez pas vérificateur et correcteur. Le vérificateur fait partie d'un logiciel comme un traitement de texte. C'est ce dont parle Le Docteur. Il analyse essentiellement les mots pris isolément et ne fait pas d'analyse de contexte. D'où son incapacité à déceler les erreurs portant sur les homophones. Il suffit que l'orthographe d'un mot existe pour qu'il ne soit pas signalé comme faux dans l'emploi contextualisé. C'est l'ex de Pascal.
Le correcteur est un logiciel séparé, qui s'adosse au traitement de texte, par ex Correcteur 101 ou Antidote. Il est beaucoup plus performant et peut analyser les syntagmes, donc détecter des erreurs que le vérificateur ne sait pas identifier. Il ne se substitue toutefois pas à la maitrise de l'orthographe.
Ce à quoi nous devons former les élèves est le vérificateur. Il faut donc commencer par leur faire comprendre les limites et failles de la machine. Ainsi que son fonctionnement, notamment le fait que les erreurs qu'il identifie sont davantage liées à l'ergonomie du clavier (inversion de touches etc) qu'à la logique qui prévaut quand on orthographie "à la main". On voit très bien ça en entrant volontairement des formes erronées et en analysant la liste des propositions de corrections.
Il va de soi que l'élève ne pourra choisir la bonne correction (quand elle est dans la liste...) que s'il sait quelle forme il devrait mettre à la main. Ce qui confirme que cet outil n'est accessible qu'à ceux qui maitrisent déjà suffisamment l'orthographe.
Mais moyennant un peu d'inventivité, on peut en faire un intéressant outil pédagogique.
Voici par ex ce qu'une copine a écrit il y a quelque temps dans les
Cahiers pédagogiques (elle emploie ici "correcteur" à la place de "vérificateur" tels que je les ai définis) :
Y faux camp m'aime fer attends scions
Clin d'oeil pour finir : j'applique l'orthographe rectifiée depuis des années, je milite pour sa généralisation dans les publications et la presse. J'ai été satisfaite de voir que les programmes 2007 puis 2008 pour le primaire faisaient de cette orthographe la référence. C'est celle qui doit désormais être enseignée à l'école et je m'en réjouis.
Il y a eu ces dernières semaines d'intéressants articles sur le sujet dans
Le Monde et
Libé. Jaffré, qui écrivait dans
Libé du 5/10, est partisan d'une tolérance élargie sur les accords du participe passé avec avoir. Je n'en suis pas encore tout à fait là, même si je comprends ses arguments.
Pour moi l'orthographe, qui est une plaie pour le scripteur, est une aide au lecteur en ce qu'elle donne des clés de lecture et de compréhension. Si elle fournit en plus des fioritures inexplicables sans une connaissance approfondie du latin, du grec et de l'histoire de la langue (le pluriel en -aux des mots en -al, par ex), elle est élitiste et dépasse ses fonctions essentielles d'outil de communication. Hélas, elle est fortement ancrée dans notre société (outil de sélection, assimilée à tort à la calligraphie, sport national avec les dictées télévisées...).
Il y a d'autres domaines pour faire briller son érudition. Qui disait déjà qu'elle est la science des ânes ?
