Un beau jour de je ne sais plus quelle année du début des années 90, je me souviens avoir reçu ce triste papier d'appel me fixant rendez-vous à la caserne de recrutement la plus proche (à savoir Nancy) pour évaluer mon aptitude à servir la France.
Dans la mesure ou j'étais à l'époque un brave keupon idéaliste et antimilitariste passant son temps à boire de la bière dans les jardins publics, je n'avais guère envie de passer dix mois en uniforme (les ranjos, passe encore...

) à courir dans la boue derrière les chars. D'autant moins que j'étais entouré d'autres zigues tous plus cinglés les uns que les autres qui avaient eux, réussi avec brio, leur examen de non-entrée chez les militaires.
Le matin venu, je me levais avant même les poules direction la gare armé de deux packs de bière histoire de se mettre en condition pendant le trajet.

Deux heures de trajet et quelques bières plus tard j'arrivais au centre de recrutement, présentait mes papiers et entrais, la mort dans l'âme dans ce haut lieu du marche-au-pas-cadencé.
Je dépose comme tout le monde mes affaires au vestiaire où j'ai quelques mots avec un gendarme qui s'imaginait déjà mon iroquoise disparaître sous la tondeuse du coiffeur...
Première étape, le questionnaire où je n'ai pas manqué de cocher certaines cases "chaudes" qui allaient faire tilt et me donneraient à coup sûr un ticket de visite chez le psychiatre militaire. :siffle:
Deuxième étape, les tests psycho techniques. Passés et réussis avec brio. (Ben oui, quitte à se faire ch... dix mois, autant essayer de les passer dans un buro que dans une unité disciplinaire...)
Troisième étape, tests physiques, RAS.
Quatrième étape, tests linguistiques, puisque j'avais un bon niveau d'allemand. RAS encore une fois.
Cinquième étape, comme j'avais très bien réussi les tests psycho machin, proposition de "volontariat service long"... (moi qui ne pensait qu'à me faire exempter !!!)
Sixième étape, convocation chez le psy (l'espoir renaît !!!)
Et la le grand jeu, tout y passe, une vie dissolue, des problèmes familiaux, de boisson, judiciaires, etc. j'exprime mon désarroi dans ce monde et mon dégoût de la chose militaire, mon envie de partir élever des chèvres au Larzac. et vas-y que je te rajoutais une couche à chaque fois que je voyais le psy écrire et écrire encore sur sa belle feuille blanche.
Beau blabla bien ficelé, inventé en grande partie qui me valut un tour chez le psychiatre expert qui me reposa toutes les mêmes questions auxquelles je donnais les mêmes réponses désabusées
Au final il me regarda droit dans les yeux et me dit la question piège numéro #32 :
- "vous croyez que c'est suffisant pour se faire exempter ça ?
- je sais pas, à vous de le dire " que je lui répond.
Et là M I R A C L E !!!, IL PREND SON TAMPON ET PLAF !
Monsieur, vous êtes proposé exemptable...
Là, j'aurais eu envie de l'embrasser le type

:love:, dur de garder un air triste et déprimé !!!
Dernière étape, le capitaine d'armée de l'air qui me reçoit pour me refiler mon affectation, qui commence à me parler de ceci et de celà et qui finit par voir mon dossier et lâche embarassé : "ah, vous êtes proposé exemptable..." au revoir...
Au final, je garde encore cette jubilation de repasser en fin de journée devant le même gendarme qui se trouvait toujours au vestiaire en lui montrant l'air réjoui mon beau papier d'exemption. L'air dépité qu'il avait pas l'autre !!!
Ça reste vraiment un grand souvenir pour moi
