Vos poèmes préférés

Bon dieu de bon dieu que j'ai envie d'écrire un petit poème
Tiens en voilà justement un qui passe
Petit petit petit
Viens ici que je t'enfile
Sur le fil du collier de mes autres poèmes
Viens ici que je t'entube
dans le comprimé de mes oeuvres complètes
viens ici que je t'empapouète
et que je t'enrime
et que je t'enrythme
et que je t'enlyre
et que je t'enpegase
et que je t'enverse
et que je t'enprose
la vache
il a foutu le camp
 
VIVRE A DEUX!


Vivre à deux, c'est pouvoir oublier

Les petites misères de la vie

En se blotissant tendrement

L'un contre l'autre...
 
Mon prefèré :

La Ballade des pendus

Frères humains, qui après nous vivez,
N'ayez les coeurs contre nous endurcis,
Car, si pitié de nous pauvres avez,
Dieu en aura plus tôt de vous mercis.
Vous nous voyez ci attachés, cinq, six :
Quant à la chair, que trop avons nourrie,
Elle est piéça dévorée et pourrie,
Et nous, les os, devenons cendre et poudre.
De notre mal personne ne s'en rie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Se frères vous clamons, pas n'en devez
Avoir dédain, quoique fûmes occis
Par justice. Toutefois, vous savez
Que tous hommes n'ont pas bon sens rassis.
Excusez-nous, puisque sommes transis,
Envers le fils de la Vierge Marie,
Que sa grâce ne soit pour nous tarie,
Nous préservant de l'infernale foudre.
Nous sommes morts, âme ne nous harie,
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

La pluie nous a débués et lavés,
Et le soleil desséchés et noircis.
Pies, corbeaux nous ont les yeux cavés,
Et arraché la barbe et les sourcils.
Jamais nul temps nous ne sommes assis
Puis çà, puis là, comme le vent varie,
A son plaisir sans cesser nous charrie,
Plus becquetés d'oiseaux que dés à coudre.
Ne soyez donc de notre confrérie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

Prince Jésus, qui sur tous a maistrie,
Garde qu'Enfer n'ait de nous seigneurie :
A lui n'ayons que faire ne que soudre.
Hommes, ici n'a point de moquerie ;
Mais priez Dieu que tous nous veuille absoudre !

François Villon
 
  • J’aime
Réactions: hegemonikon
Le texte posté par Caddie Rider et le sujet de sonnyboy m'ont rappelé celui-ci :

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Ce sont amis que vent me porte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Avec le temps qu'arbre défeuille
Quand il ne reste en branche feuille
Qui n'aille à terre
Avec pauvreté qui m'atterre
Qui de partout me fait la guerre
Au temps d'hiver
Ne convient pas que vous raconte
Comment je me suis mis à honte
En quelle manière

Que sont mes amis devenus
Que j'avais de si près tenus
Et tant aimés
Ils ont été trop clairsemés
Je crois le vent les a ôtés
L'amour est morte
Le mal ne sait pas seul venir
Tout ce qui m'était à venir
M'est advenu

Pauvre sens et pauvre mémoire
M'a Dieu donné, le roi de gloire
Et pauvre rente
Et droit au cul quand bise vente
Le vent me vient, le vent m'évente
L'amour est morte
Ce sont amis que vent emporte
Et il ventait devant ma porte
Les emporta

Rutebeuf (1230-1285).
 
WIRMA ET LE PANIER PRECIEUX!

Wirma se promenait tranquillement dans les bois,
à la recherche de petites baies.

Soudain, un orage éclata et Wirma se mit à courir pour
rentrer chez elle. Hélas, elle se perdit.

Découragée, elle se mit à pleurer.

Alors que la foudre venait de tomber tout près d'elle,
une créature dorée, chevauchant un magnifique cheval
aux yeux d'or, apparut.

(( Comment t'appelles-tu, ma petite ?

- Je m'appelle Wirma. Quel beau cheval vous avez!

- Vraiment ? Mais dis-moi, peux-tu m'aider ?

- Comment le puis-je ?

- Ma fille, la princesse des elfes, est malade. pour
la guérir, il me faut absolument trouver une baie jaune.
Cette baie unique est quelque part, dans ce bois...))

A ces mots, Wirma se souvint qu'une des baies de sa
cueillette avait une drôle de couleur.

Elle regarda dans son panier et... Miracle ! La baie
jaune était là !

((Merci ! Mille fois merci ! Ma fille va guérir ! tiens,
reprends ton panier et fais bien attention de ne pas
l'ouvrir avant d'être rentrée chez toi.

- Mais je me suis perdue !...

- Si ce n'est que cela... Voici Tempête, ma jument !
Au revoir ! ))

Et la créature disparut. Wirma monta sur Tempête qui
lui fit traverser les bois pour arriver enfin jusque chez elle.

La petite fille raconta son aventure à ses parents, qui, bien
sûr, ne la crurent pas.

Alors ! elle ouvrit le panier pour leur montrer ce qu'il contenait :
des baies... en or !

Un petit mot accompagnait ce trésor :

(( Merci encore une fois ! Signé : La reine des elfes ))
 
Cet esprit que je hais, cet esprit plein d?erreur,
Ce n?est pas ma raison, c'est la tienne, docteur.
C'est ta raison frivole, inquiète, orgueilleuse,
Des sages animaux rivale dédaigneuse,
Qui croit entre eux et l?ange occuper le milieu,
Et pense être ici-bas l?image de son Dieu.
Vil atome importun, qui croit, doute, dispute,
Rampe, s?élève, tombe, et nie encor sa chute;
Qui nous dit: Je suis libre, en nous montrant ses fers,
Et dont l?oeil trouble et faux croit percer l?univers;
Allez, révérends fous, bienheureux fanatiques,
Compilez bien l?amas de vos riens scolastiques.
Pères de visions et d?énigmes sacrés,
Auteurs du labyrinthe où vous vous égarez,
Allez obscurément éclaircir vos mystères,
Et courez dans l?école adorer vos chimères.
Il est d?autres erreurs, il est de ces dévots,
Condamnés par eux-mêmes à l?ennui du repos.
Ce mystique encloîtré, fier de son indolence,
Tranquille au sein de Dieu, qu?y peut-il faire? Il pense.
Non, tu ne penses point, tu végètes, tu dors;
Inutile à la terre, et mis au rang des morts,
Ton esprit énervé croupit dans la mollesse
Réveille-toi, sois homme, et sors de ton ivresse.
L?homme est né pour agir, et tu prétends penser
 
La chair est triste, hélas! et j?ai lu tous les livres.
Fuir! là-bas fuir ! Je sens que des oiseaux sont ivres
D?être parmi l?écume inconnue et les cieux!
Rien, ni les vieux jardins reflétés par les yeux
Ne retriendra ce coeur qui dans la mer se trempe
O nuits ! ni la clarté déserte de ma lampe
Sur le vide papier que la blancheur défend
Et ni la jeune femme allaitant son enfant.
Je partirai! Steamer balançant ta mâture,
Lève l?ancre pour une exotique nature!

Un Ennui, désolé par les cruels espoirs,
Croit encore à l?adieu suprême des mouchoirs!
Et, peut-être, les mâts, invitant les orages
Sont-ils de ceux qu?un vent penche sur les naufrages
Perdus, sans mâts, sans mâts, ni fertiles îlots ...
Mais, ô mon coeur, entends le chant des matelots!
 
Gruick Gruick
Waf waf
Et kot kot kodek!
Hi han!
Miaou miaou
Et tralalère !

Jean Foutre, poete breton ,"La poésie', 2006, Les éditions de mamain
 
Pour moi c'est celui-ci...



A une passante

La rue assourdissante autour de moi hurlait.
Longue, mince, en grand deuil, douleur majestueuse,
Une femme passa, d'une main fastueuse
Soulevant, balançant le feston et l'ourlet;

Agile et noble, avec sa jambe de statue.
Moi, je buvais, crispé comme un extravagant,
Dans son oeil, ciel livide où germe l'ouragan,
La douceur qui fascine et le plaisir qui tue.

Un éclair... puis la nuit! - Fugitive beauté
Dont le regard m'a fait soudainement renaître,
Ne te verrai-je plus que dans l'éternité?

Ailleurs, bien loin d'ici! trop tard! jamais peut-être!
Car j'ignore où tu fuis, tu ne sais où je vais,
O toi que j'eusse aimée, ô toi qui le savais!




Charles Baudelaire - Les Fleurs du Mal
 
Et la Mère, fermant le livre du devoir,
S'en allait satisfaite et très fière, sans voir,
Dans les yeux bleus et sous le front plein d'éminences,
L'âme de son enfant livrée aux répugnances.

Tout le jour il suait d'obéissance ; très
Intelligent ; pourtant des tics noirs, quelques traits,
Semblaient prouver en lui d'âcres hypocrisies.
Dans l'ombre des couloirs aux tentures moisies,
En passant il tirait la langue, les deux poings
À l'aine, et dans ses yeux fermés voyait des points.
Une porte s'ouvrait sur le soir : à la lampe
On le voyait, là-haut, qui râlait sur la rampe,
Sous un golfe de jour pendant du toit. L'été
Surtout, vaincu, stupide, il était entêté
À se renfermer dans la fraîcheur des latrines :
Il pensait là, tranquille et livrant ses narines.
Quand, lavé des odeurs du jour, le jardinet
Derrière la maison, en hiver, s'illunait,
Gisant au pied d'un mur, enterré dans la marne
Et pour des visions écrasant son ½il darne,
Il écoutait grouiller les galeux espaliers.
Pitié ! Ces enfants seuls étaient ses familiers
Qui, chétifs, fronts nus, ½il déteignant sur la joue,
Cachant de maigres doigts jaunes et noirs de boue
Sous des habits puant la foire et tout vieillots,
Conversaient avec la douceur des idiots !
Et si, l'ayant surpris à des pitiés immondes,
Sa mère s'effrayait ; les tendresses, profondes,
De l'enfant se jetaient sur cet étonnement.
C'était bon. Elle avait le bleu regard, - qui ment !

À sept ans, il faisait des romans, sur la vie
Du grand désert, où luit la Liberté ravie,
Forêts, soleils, rios1, savanes ! - Il s'aidait
De journaux illustrés où, rouge, il regardait
Des Espagnoles rire et des Italiennes.
Quand venait, l'½il brun, folle, en robes d'indiennes,
- Huit ans, - la fille des ouvriers d'à côté,
La petite brutale, et qu'elle avait sauté,
Dans un coin, sur son dos, en secouant ses tresses,
Et qu'il était sous elle, il lui mordait les fesses,
Car elle ne portait jamais de pantalons ;
? Et, par elle meurtri des poings et des talons,
Remportait les saveurs de sa peau dans sa chambre.

Il craignait les blafards dimanches de décembre,
Où, pommadé, sur un guéridon d'acajou,
Il lisait une Bible à la tranche vert-chou ;
Des rêves l'oppressaient chaque nuit dans l'alcôve.
Il n'aimait pas Dieu ; mais les hommes, qu'au soir fauve,
Noirs, en blouse, il voyait rentrer dans le faubourg
Où les crieurs, en trois roulements de tambour,
Font autour des édits rire et gronder les foules.
? Il rêvait la prairie amoureuse, où des houles
Lumineuses, parfums sains, pubescences d'or,
Font leur remuement calme et prennent leur essor !

Et comme il savourait surtout les sombres choses,
Quand, dans la chambre nue aux persiennes closes,
Haute et bleue, âcrement prise d'humidité,
Il lisait son roman sans cesse médité,
Plein de lourds ciels ocreux et de forêts noyées,
De fleurs de chair aux bois sidérals déployées,
Vertige, écroulements, déroutes et pitié !
? Tandis que se faisait la rumeur du quartier,
En bas, ? seul, et couché sur des pièces de toile
Écrue, et pressentant violemment la voile !

A. Rimbaud
 
RECETTE DE POESIE


Un grain d'étoile
Un brin de ciel
Pincée de lune
De l'eau de rose

Mélangez

Gargarisez-vous

Crachez le tout

Recommencez



Paul Valet, Les poings sur les i (1955)
 
Sensation


Par les soirs bleus d'été, j'irai dans les sentiers,
Picoté par les blés, fouler l'herbe menue,
Rêveur, j'en sentirai la fraîcheur à mes pieds.
Je laisserai le vent baigner ma tête nue.

Je ne parlerai pas, je ne penserai rien :
Mais l'amour infini me montera dans l'âme,
Et j'irai loin, bien loin, comme un bohémien,
Par la nature, heureux comme avec une femme.

Rimbaud, Mars 1870


Pour ceux qui connaissent, ce poème est magnifiquement dit par l'acteur (très connu mais dont le nom m'échappe) qui double la voix de Corto Maltese dans La cour secrète des arcanes


PS: c'est mon 100ème post: joyeux anniversaire moi-même ! :D
 
'J'ai cherché
Dictionnaire
Dans le
Dictionnaire'

Jean Foutre, poete breton
' Des finitions '
2006, Les éditions de Maminçe Urtagueule
 
Nous deux nous tenant par la main

Nous nous croyons partout chez nous

Sous l'arbre doux sous le ciel noir

Sous tous les toits au coin du feu

Dans la rue vide en plein soleil

Dans les yeux vagues de la foule

Auprès des sages et des fous

Parmi les enfants et les grands

L'amour n'a rien de mystérieux

Nous sommes l'évidence même

Les amoureux se croient chez nous.
 
  • J’aime
Réactions: Patamach
manolo81 a dit:
Pour ceux qui connaissent, ce poème est magnifiquement dit par l'acteur (très connu mais dont le nom m'échappe) qui double la voix de Corto Maltese dans La cour secrète des arcanes

Richard Berry.
 
Je mourrai d'un cancer de la colonne vertébrale

Je mourrai d'un cancer de la colonne vertébrale
Ça sera par un soir horrible
Clair, chaud, parfumé, sensuel
Je mourrai d'un pourrissement
De certaines cellules peu connues
Je mourrai d'une jambe arrachée
Par un rat géant jailli d'un trou géant
Je mourrai de cent coupures
Le ciel sera tombé sur moi
Ça se brise comme une vitre lourde
Je mourrai d'un éclat de voix
Crevant mes oreilles
Je mourrai de blessures sourdes
Infligées à deux heures du matin
Par des tueurs indécis et chauves
Je mourrai sans m'apercevoir
Que je meurs, je mourrai
Enseveli sous les ruines sèches
De mille mètres de coton écroulé
Je mourrai noyé dans l'huile de vidange
Foulé aux pieds par des bêtes indifférentes
Et, juste après, par des bêtes différentes
Je mourrai nu, ou vêtu de toile rouge
Ou cousu dans un sac avec des lames de rasoir
Je mourrai peut-être sans m'en faire
Du vernis à ongles aux doigts de pied
Et des larmes plein les mains
Et des larmes plein les mains
Je mourrai quand on décollera
Mes paupières sous un soleil enragé
Quand on me dira lentement
Des méchancetés à l'oreille
Je mourrai de voir torturer des enfants
Et des hommes étonnés et blêmes
Je mourrai rongé vivant
Par des vers, je mourrai les
Mains attachées sous une cascade
Je mourrai brûlé dans un incendie triste
Je mourrai un peu, beaucoup,
Sans passion, mais avec intérêt
Et puis quand tout sera fini
Je mourrai.


sp00a066a615bee865a75d1369e2dfadf4
 
  • J’aime
Réactions: rezba