Klimi a dit:
Apple ne veut plus payer pour avoir les meilleurs processeurs du marché (le PowerPC multicore est près de la production, si quelqu'un l'achète au prix demandé par IBM) […] Et comme il est bien plus rentable de vendre des iPods + de la musique et des films en ligne que de vendre des Mac très coûteux en R&D... je ne serais pas surpris qu'Apple effectue un repli vers du 100% logiciel dans un 1er temps (Steve Jobs l'a dit, le logiciel prime) en abandonnant les PC MacTel.
Le choix de processeurs
Le PPC 970MP arrivera sans doute, même si personne ne sait si la production de masse est lancée, c'est plutôt pour la suite, et pour les portables, qu'un accord n'a pas été trouvé. L'architecture PowerPC est la plus clean, mais les gains en performance ne sont pas si énormes. Pourquoi ne sont-ils pas trois fois plus puissants, de manière incontestable, si l'architecture est tellement supérieure ? Les performances, l'IPC, et le rapport hertz/watt d'un processeur doivent dépendre de ses caractéristiques (nombre d'unités d'execution, longueur des pipelines, technologie de gravure, etc.), plus que de son architecture (x86 ou PPC).
Le prix demandé par IBM est peut-être beaucoup trop élevé par rapport à l'avantage que pourrait apporter le PowerPC sur le x86. Apple ne pourra plus se targuer d'avoir l'ordinateur personnel le plus puissant, mais jusqu'ici ce supposé avantage, toujours temporaire, et plus ou moins contestable, n'a jamais vraiment contribué à augmenter la part de marché, comme le rappelait
cet éditorial paru lors de la sortie du PowerMac G5.
La R&D
Tu dis que : 1°) Apple devrait continuer à financer le PowerPC avec IBM, donc en fait Apple devrait dépenser autant, voire plus, et 2°) que le coût des dépenses en recherche et développement risque d'aboutir à la fin du Mac. Dans ce cas Apple devrait plutôt diminuer ses dépenses, non ?
Ramené au chiffre d'affaire le montant des dépenses en recherche et développement (qui concernent le hardware, les périphériques, les logiciels, etc) représentait
6% en 2004, soit 489 millions. Le montant en dollars augmente d'année en année, mais le rapport au CA a tendance à diminuer. En comparaison Dell a un CA beaucoup plus élevé, mais en dépense
moins de 1% en recherche. Mais ils ne développent pas leur propre OS, ni plusieurs suites de logiciels, etc.
L'iPod et sa profitabilité
La part de l'iPod dans la R&D est sans doute réduite, malgré tout la plupart des dépenses marketing d'Apple (
affiches,
pubs télé, etc) lui sont consacrées. Sur l'année 2004 les dépenses publicitaires dépassaient les
200 millions de dollars, vendre des iPod a quand même un coût.
Dans le domaine des ordinateurs Apple est resté profitable grace aux marges élevées sur certains modèles, plutôt que grâce au volume des ventes. L'iPod est vendu à des millions d'exemplaires, mais dégage moins de marge que le Mac. Dernièrement les ventes d'iPod ont augmenté de
16%, et dans un mouvement symétrique les revenus générés par l'iPod ont diminué de 16%. Certaines ventes se sont en effet reportées sur l'iPod shuffle, dont la marge est encore inférieure à celle des autres baladeurs. En sortant le mini, puis le shuffle, Apple cherche à faire du volume, plus que de la marge. L'iPod est un produit rentable, mais dans une certaine limite…
Se passer du hardware ?
Jobs a déclaré que l'OS était l'âme du Mac, plus que le processeur, et non que le logiciel primait sur le hardware. Le logiciel ne prime certainement pas en termes financiers, il est toujours impossible de se passer du hardware Mac, qui représente
46% du chiffre d'affaire. L'iPod compte pour un tiers du CA, les périphériques (moniteurs, iSight, cartes et bases AirPort), la musique (iTMS et accessoires iPod), et les logiciels représentent entre 6 et 8% chacun.
Si Apple veut changer d'orientation tout en continuant sa croissance (ce qui est une condition obligatoire), il faudra que les revenus de la musique et des logiciels remplacent et surpassent de beaucoup les revenus du hardware après la transition.
En 2003 l'iPod a commencé à percer (il fonctionnait déjà avec Windows depuis l'été 2002), et l'iTMS pour Windows a été présenté. Beaucoup ont estimé qu'Apple délaissait le Mac, ou allait l'abandonner. Mais dans ce cas ils n'auraient pas signé un contrat de cinq ans (2003>07) avec IBM. Si aujourd'hui Apple s'engage avec Intel, ce n'est sans doute pas non plus pour abandonner le Mac à court terme.