Chroniques de l'escalier.

  • Créateur du sujet Créateur du sujet PonkHead
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dans la ville lointaine suspendue entre deux rives,
des hommes tentent, péniblement, de faire entrer un morceau d'escalier dans un autre escalier.

vu d'en haut, on a l'impression qu'une partie de l'escalier s'est détachée, comme un tiroir qui s'ouvre.
vu d'en bas, ce détachement est comme suspendu dans le vide.

lenteur des gestes.
procession immobile.
montée inexorable.

on redoute ce moment où les bras cèdent.
et où tout cesse


****
l'escalier et son double
 
Rue de la Montagne sainte Geneviève ... Une porte étroite, qui donne accès à un immeuble qui devait déjà être vétuste à l'époque ou MM Roux et Combaluzier vendaient eux mêmes leurs ascenseurs.

Derrière la porte, après un court couloir, qu'un ensemble hétéroclite de boites aux lettres dépareillées rend encore plus étroit, débute cet improbable escalier. L'architecte a du retenir, pour les hauteurs de ses marches, une curieuse suite de Fibonacci, mais malheureusement, l'artisan qui le a réalisé à du mélanger ses planches, et les assembler dans le désordre, car sur les trois étages de ce labyrinthe en trois dimensions qu'est en fait cet escalier (avec ses détours, ses voies sans issues, et ses boucles te ramenant après t'avoir fait monter, puis descendre un nombre improbable d'étages, à l'endroit que tu as quitté trois minutes plus tôt), il ne dois pas y avoir plus de deux marches de même hauteur, et encore, celles ci sont elles à des étages différents.

Par contre, quel que soit le parcours que j'empruntais, il aboutissait invariablement devant cette petite porte fraîchement repeinte en bleu ciel, derrière laquelle, je savais te retrouver :love:

C'était il y a longtemps, j'ai depuis connu d'autres amours, dont le dernier en date dure maintenant depuis un quart de siècle, mais je repense parfois, avec une certaine émotion, à cette époque insouciante, ou Pascal, pas encore 77, gravissait ces marches avec l'enthousiasme de ses vingt ans :)
 
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Réactions: Amok
dans l'escalier immobile
les regards se croisent et s'évitent.
les gestes s'essayent à ne plus être.
à disparaître.
on aimerait que notre enveloppe corporel puisse se détacher.
se soustraire de cette inertie, de cette inquiètude soudaine.

toute tentative de dérobade est exclue.
il n'y a pas d'issue.
l'espace est fermé.
saturé.

à chaque extrémité de l'escalier, il n'y a rien.
un rien qui s'apparente au vide.
un vide détaché des contingences du réel.
un vide informel et sans nom.

c'est un escalier presque horizontal et sans marches, suspendu dans l'air.
plan incliné, posé là, dans le vaste ciel immobile.
c'est un lieu isolé du monde.
un lieu de passage qui ne mène nulle part.

toute tentative de dérobade est exclue.
il n'y a pas d'issue.
l'espace est fermé.
saturé.

un léger tremblement traverse la foule inerte.
un bruit ininterrompu investit l'espace.
l'escalier se met en mouvement.
lentement.

les premières personnes sont déjà happées par le vide.
elles disparaissent dans la matière opaque de l'air.
bientôt, les dernières basculent à leur tour.
lentement.

à cette distance, l'escalier, toujours en mouvement, semble à l'arrêt.
il n'y a plus personne.

le soleil s'est levé.
l'escalier se détache nettement du ciel.
prenant un relief surprenant.
forme blanche sur fond blanc.

à l'une des extrémités de l'escalier, une masse informe et floue apparaît.
lentement.

les premières personnes qui avaient disparu, tout à l'heure, par le haut, réapparaissent, à présent, par le bas.
leurs silhouettes semblent trembler dans l'air vaporeux.

dans la lumière naissante, les dernières personnes émergent d'un brouillard de chaleur.

à cet instant, l'escalier s'arrête.
immobile...
 
J'étais sur le balcon, fumant une cigarette. Puis vous êtes passée, longue silhouette noire aux cheveux sombres, le pas pressé, pour longer le muret afin de rejoindre votre voiture qui était garée dans la rue perpendiculaire. Vous y avez pris un objet, puis avez fait le trajet en sens inverse. Vous avez ensuite disparue dans l'escalier.

Je tirais sur la cigarette, et vos pas rapides n'ont pas empêchés que j'admire la courbe de ce pantalon sombre, de cette chemise ouverte. Pourtant, il faisait nuit. Vous marchiez bien, et cette élégance naturelle m'a touchée. Vous n'habitez pas là, "en face", je le sais. Probablement êtes vous invitée a une soirée, chez des amis. Dans les prochaines heures, vous allez parler, piocher dans les assiettes de noix de cajou, le verre à la main. Je sais que vous n'habitez pas là car tout à l'heure, je vous ai déjà vue, entrer accompagnée de votre ami. Par hasard. N'allez pas croire, surtout, que je guettais votre apparition : je ne suis pas en demande a ce point là. Rien de lubrique dans cette observation : juste de l'admiration, un sentiment terriblement hétéro. Pas dans le sens bavant, juste comme un fou de voitures pourrait tomber en arrêt devant les lignes élégantes d'une Bugatti.
J'ai toujours aimé celles qui étaient belles même lorsqu'elles ignoraient être vues. Un bassin qui bouge au rythme des pas, ni trop, ni trop peu, juste comme il faut. Une chevelure qui glisse au gré du vent, des bras qui ondulent, une chemise dont les boutons sont complices.

Merci à vous, dont j'ignore le nom. J'oubliais : sur Ciné cinéma culte, en fond sonore il y avait "les ailes du désir". Si un ange était sur mon épaule, je suis prêt à parier qu'il a rêvé, un moment, d'être mortel. Moi, j'ai juste pensé que l'escalier était voleur, et je l'ai détesté.
 
Il est des escaliers qui montent au Ciel...

DSC00036.JPG

(Versailles - "Les Cent Marches")

J'ai toujours eu un grand faible pour les escaliers extérieurs.
Celui-ci nous fait monter dans l'azur. Impossible de pressentir l'étendue de la grande terrasse du Midi quand on est à son pied. Surprise de l'escalier.
 
Aux Etats-Unis, pays de toutes les démesures, il existe une maison construite par l'héritière Winchester, le célèbre inventeur de la carabine éponyme. A la suite de malheurs personnels, et influencée par des mages et des charlatans, Sarah Winchester sombra peu à peu dans une terrible folie : celle de la persécution par les âmes des morts. Mais pas n'importe quels morts : tous ceux auxquels une balle tirée par une Winchester avait ôtée la vie.
Elle fit construire pendant des décennies une maison à la mesure tant de sa folie que de sa fortune pour y piéger les fantômes. Immense demeure en bois à clins peints en blanc, dans ce style californien du début XXème, la maison est particulièrement remarquable pour son plan labyrinthique, ses 160 pièces (nombre paraît-il invérifiable)... et ses nombreux escaliers. Ceux-ci traversent la maison en tout sens et sont destinés à duper les fantômes : escaliers montant au plafond, s'interrompant brusquement ou encore débouchant sur des trappes.
Escaliers fous pour bâtisse folle.
 
Aux Etats-Unis, pays de toutes les démesures, il existe une maison construite par l'héritière Winchester, le célèbre inventeur de la carabine éponyme. A la suite de malheurs personnels, et influencée par des mages et des charlatans, Sarah Winchester sombra peu à peu dans une terrible folie : celle de la persécution par les âmes des morts. Mais pas n'importe quels morts : tous ceux auxquels une balle tirée par une Winchester avait ôtée la vie.
Elle fit construire pendant des décennies une maison à la mesure tant de sa folie que de sa fortune pour y piéger les fantômes. Immense demeure en bois à clins peints en blanc, dans ce style californien du début XXème, la maison est particulièrement remarquable pour son plan labyrinthique, ses 160 pièces (nombre paraît-il invérifiable)... et ses nombreux escaliers. Ceux-ci traversent la maison en tout sens et sont destinés à duper les fantômes : escaliers montant au plafond, s'interrompant brusquement ou encore débouchant sur des trappes.
Escaliers fous pour bâtisse folle.

Quand on sait qu'en fait, la fameuse Winchester 73, trop chère, n'a été l'arme de l'ouest qu'à Hollywood, le cow-boy de base du vrai far west devant se contenter généralement d'armes plus ordinaires, telle la carabine Spencer-Henry (de laquelle la Winchester s'était d'ailleurs inspirée, et qui lui ressemblait tant qu'on se demande même si "plagié" ne s'appliquerait pas mieux que "inspiré"), on se dit que les gourous exploiteurs des années (19)60/70 n'ont rien inventé, et notamment pas ce système d'escalier vers la fortune (habile retour au sujet :D) qu'est l'exploitation de la crédulité des gogos :siffle:
 
c'est une partition du temps et de l'espace.
une partition mobile.
une image en mouvement. agitée. jamais au repos.
ici, tout est fugace et là, comme posé, tout semble figé, immobile.
quelque chose (d'incertain) se maintient. quelque chose que l'on peut saisir, appréhender.

les mouvements incessants reprennent...

c'est un espace de respiration, assez large pour y contenir deux personnes.
on y opère des transitions rapides. lentes et mesurées. selon.
un appareil d'enregistrement n'en retiendrait que des séquences aléatoires.
des coupes immobiles, brouillées par la vitesse et la lumière.
la trace d’un corps.
un nu rapide.

c'est un espace de transition qui permet de circuler, de passer d'un registre à un autre.
d'un niveau, l'autre.
d'un niveau bas à un niveau haut. par exemple.

les mouvements incessants cessent.

c’est une partition immobile du temps.
une image arrêtée.
et seule.
ton corps à même le bois.
un bois dur et dense.

c'est un escalier fait de trois marches.
son contour me hante.
sa forme changeante me perd.

c'est un escalier de trois marches.
dans la ville anonyme.
suspendue.

*****
 
P'tain certains, vous vous sentez pas l'air d'être des gros ratés ? :D


4 pages de conneries (poétiques plus certain en plus, j'vous dit pas l'niveau) sur... des escaliers ! Mais remuez vous, vous avez rien de mieux a faire qu'écrire des conneries sur des marches en nous expliquant en 20 lignes de poésie sans aucun talent que vous préférez les escaliers en colimaçon avec les marches en bois que les escaliers en palier avec des marches en métal ?

Encore, ceux qui racontent une anecdote oh combien intéressante, ça peut passer pour de l'égocentrisme et de la nostalgie du à une décomposition de l'âge avancé ; ceux qui racontent un truc du genre, anecdote ou p'tit truc marrant, ça peut passer, certaines p'tites histoires étaient même vaguement intéressantes ;
Mais ceux (hello LHO) qui font des tas de messages de dizaines de lignes sur de la poésie sur un escalier (jsais pas si c'est lui qui les à écrit ou si c'est une citation [Je sais pas si ce qui est le mieux entre écrire ces trucs ou les citer en les pensant intéressant]), une irrésistible envie de leur demander "Mais... T'as que ça à foutre de tes journées de faire de la poésie a propos d'un escalier sur un forum ?"


Sinon, mon escalier, c'est ce qui réprésente la limite entre le rez-de-chaussé ou y'a généralement toute ma famille (ce qui fait que j'y vais le moins possible) de ma chambre, ou je suis la plupart du temps tranquil' à jouer d'la gratte, écouter d'la musique etc.
 
4 pages de conneries (poétiques plus certain en plus, j'vous dit pas l'niveau) sur... des escaliers ! Mais remuez vous, vous avez rien de mieux a faire qu'écrire des conneries sur des marches .....

tu preferes que je te racontes comment je me fais draguer dans l'escalier qui meme du parking au rdc ? :siffle:

ou plutot , du mec du 4eme qui attends sagement dans l'acenseur que je monte par l'ecalier au rdc (boite a lettre oblige ) pour remonter ensemble mecaniquement a nos etages respectif ? :rolleyes:


edit : tu sais , chez moi c'est plutot une histoire d'acenseur :D:p
 
tu preferes que je te racontes comment je me fais draguer dans l'escalier qui meme du parking au rdc ? :siffle:

ou plutot , du mec du 4eme qui attends sagement dans l'acenseur que je monte par l'ecalier au rdc (boite a lettre oblige ) pour remonter ensemble mecaniquement a nos etages respectif ? :rolleyes:


edit : tu sais , chez moi c'est plutot une histoire d'acenseur :D:p


Comme on disait lorsque j'étais au lycée : "La censeur est dans l'escalier" :D

Remarque que si le mec du 4ème reste aussi sage pendant la montée que pendant qu'il t'attend, c'est moindre mal ;)

:coucou: Princess :)
 
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Réactions: kisbizz
Une nuit lointaine d'été.
La soirée avait été agréable, entre amis. Nous sommes rentrés ensemble, comme bien d'autres fois. J'aimais t'écouter parler... Tu m'expliquais ton "chez toi", là-bas où les gens roulent à gauche, la violence dans les rues, la crainte de traverser ton quartier en sortant des cours, de ton amour récent pour le cinéma... Je te parlais musique, te filais des coups de main pour tes études...
Nous avons marché sur le même chemin que tant de soirées précédentes, à un détail près, cet escalier... Pourquoi l'avoir pris ce soir là? "Le chemin est sombre, mais ça raccourcit le trajet..." Il était déjà le lendemain matin, je n'avais qu'une envie : aller me coucher...
Un effleurement, un regard, voilà, tout à commencer comme ça... Cette nuit-là... Dans cet escalier...
Cet escalier, je l'ai pris de nombreuses fois depuis... Quelques marches, un passage étroit, quelques tag, de rares amoureux..

Nous nous sommes croisés jeudi, à nouveau dans un escalier... Je ne t'ai pas reconnu tout de suite. Mes pensées étaient à 500km de cet escalier. Je me suis retournée, trop tard... Tu disparaissais sur les dernières marches. 2 petits bambins te donnaient la main...