Piqué dans laRecherche du 01/01/2004, par Fabienne LeMarchand (extraits).
"Le café est-il une drogue ?
Vous êtes accro au « petit noir » du matin ? Pas d'inquiétude : le café ne déclenche que très rarement des phénomènes de dépendance. En cas d'arrêt brutal de la consommation, on peut se sentir irritable, fatigué ou souffrir de céphalées, mais ces signes de sevrage persistent au plus vingt-quatre ou quarante-huit heures après la dernière prise. C'est le cas pour ceux qui, le week-end, arrêtent de boire du café et souffrent de maux de tête : privés de caféine, les vaisseaux sanguins du cerveau se dilatent, augmentant la pression intracrânienne à l'origine des céphalées. Cependant, cette forme de dépendance n'a rien à voir avec celle engendrée par la nicotine, l'alcool ou certaines drogues [fig. 1].
Le café empêche-t-il de dormir ?
Oui. Le café est un stimulant bien connu du système nerveux central. On sait aujourd'hui qu'il doit cet effet à la caféine, un alcaloïde naturel qui a été isolé en 1820 par le chimiste allemand Friedrich Ferdinand Runge. Les expériences ont montré que l'ingestion de ce composé trente à soixante minutes avant le coucher chez certaines personnes 20 à 40 milligrammes suffisent, soit moins d'une tasse de café allonge le temps d'endormissement et raccourcit la durée de sommeil total. La caféine agit très rapidement : absorbée par le tube digestif, elle s'accumule dans le sang qui la transporte vers les organes et le système nerveux ; elle parvient au cerveau en cinq minutes. Là, elle se fixe sur les récepteurs de l'adénosine, puissant régulateur du sommeil, ce qui déclenche une cascade de réactions chimiques qui prolongent l'éveil et augmentent la vigilance. La concentration de caféine dans le sang est maximale une heure après l'ingestion. Elle est divisée par deux au bout de quatre à six heures. L'alcaloïde est ensuite dégradé dans le foie par une enzyme (le cytochrome) dont l'efficacité est renforcée par certains médicaments (antibiotiques ou sulfamides par exemple) et par les hydrocarbures polycycliques contenus dans le tabac. Inversement, l'oestradiol contenu dans les contraceptifs oraux ou certaines classes d'anti-ulcéreux ralentissent l'activité de cette enzyme : la caféine reste alors plus longtemps dans le sang et a des effets prolongés. C'est aussi le cas chez les femmes enceintes, qui peuvent ressentir les effets de la caféine pendant toute une journée. Depuis quelques années, les biologistes expérimentent une « caféine à libération prolongée ». L'objectif ? Améliorer la vigilance de certains professionnels (pilotes, militaires, etc.). La caféine pure est associée, dans une gélule, à un liant qui en assure la diffusion progressive lors de l'ingestion et dans le sang.
Pourquoi l'expresso et le café filtre n'ont-ils pas le même goût ?
Dans les cafetières à filtre ou à piston, le café est infusé : l'eau frissonnante qui est versée sur l'agrégat peu compact de particules de café torréfié entraîne la majeure partie des substances solubles présentes dans la mouture, dont la quasi- totalité de la caféine et de nombreux acides (citrique, malique ou chlorogénique). L'expresso est préparé en un temps beaucoup plus court (trente secondes en moyenne contre quatre à six minutes pour le café filtre) en faisant passer une petite quantité d'eau chaude (entre 92 °C et 94 °C) sous pression (de 9 atmosphères) à travers un bloc de café torréfié finement moulu et comprimé. Seule une petite partie des acides et 60 à 70 % de la caféine sont entraînés dans la tasse. Les pressions élevées permettent aussi l'extraction d'huile aromatisée : une émulsion se forme sur le dessus de la tasse (la fameuse mousse) dans laquelle les composés aromatiques volatils restent piégés. Pour réussir un expresso, la mouture doit être fine et bien dosée, et la durée d'extraction de l'ordre de trente secondes. Au-delà, le café a un goût de brûlé. En deçà, il reste clair, et la mousse manque d'épaisseur. La quantité de caféine est d'autant plus élevée que la durée d'extraction est longue. Conséquence : contrairement à ce que l'on pourrait penser, un « petit noir » bien serré est moins riche en caféine qu'un café long.
Trouve-t-on de la caféine ailleurs que dans le café ?
Oui. Cet alcaloïde est présent dans les feuilles, les semences et les fruits de plus de 60 plantes, le thé, le cacao ou le cola étant les plus connus. Ainsi, 4 tasses de café apportent autant de caféine que 8 tasses de thé, 150 grammes de chocolat noir ou 7 canettes de cola. La caféine entre dans la composition de nombreux médicaments comme certains antimigraineux, des antalgiques et des excitants. Les sportifs doivent d'ailleurs s'en méfier : améliorant la capacité respiratoire et l'endurance à l'effort, la caféine est considérée comme un produit dopant et leur est interdite. On la retrouve aussi dans des crèmes amincissantes : facilement absorbée par la peau, elle permet le fractionnement des graisses accumulées dans les adipocytes. En se fixant sur les récepteurs de l'adénosine, elle sti- mule les enzymes de dégradation des graisses, les lipases. Par voie orale, l'ingestion de 100 milligrammes de caféine augmente de 16 % les dépenses énergétiques sur deux heures."
Voilà qui mettra tout le monde d'accord.
(... sauf les modérateurs : si les droits d'auteurs s'appliquent à cette diffusion d'extraits d'archives, supprimez. Merci)
"Le café est-il une drogue ?
Vous êtes accro au « petit noir » du matin ? Pas d'inquiétude : le café ne déclenche que très rarement des phénomènes de dépendance. En cas d'arrêt brutal de la consommation, on peut se sentir irritable, fatigué ou souffrir de céphalées, mais ces signes de sevrage persistent au plus vingt-quatre ou quarante-huit heures après la dernière prise. C'est le cas pour ceux qui, le week-end, arrêtent de boire du café et souffrent de maux de tête : privés de caféine, les vaisseaux sanguins du cerveau se dilatent, augmentant la pression intracrânienne à l'origine des céphalées. Cependant, cette forme de dépendance n'a rien à voir avec celle engendrée par la nicotine, l'alcool ou certaines drogues [fig. 1].
Le café empêche-t-il de dormir ?
Oui. Le café est un stimulant bien connu du système nerveux central. On sait aujourd'hui qu'il doit cet effet à la caféine, un alcaloïde naturel qui a été isolé en 1820 par le chimiste allemand Friedrich Ferdinand Runge. Les expériences ont montré que l'ingestion de ce composé trente à soixante minutes avant le coucher chez certaines personnes 20 à 40 milligrammes suffisent, soit moins d'une tasse de café allonge le temps d'endormissement et raccourcit la durée de sommeil total. La caféine agit très rapidement : absorbée par le tube digestif, elle s'accumule dans le sang qui la transporte vers les organes et le système nerveux ; elle parvient au cerveau en cinq minutes. Là, elle se fixe sur les récepteurs de l'adénosine, puissant régulateur du sommeil, ce qui déclenche une cascade de réactions chimiques qui prolongent l'éveil et augmentent la vigilance. La concentration de caféine dans le sang est maximale une heure après l'ingestion. Elle est divisée par deux au bout de quatre à six heures. L'alcaloïde est ensuite dégradé dans le foie par une enzyme (le cytochrome) dont l'efficacité est renforcée par certains médicaments (antibiotiques ou sulfamides par exemple) et par les hydrocarbures polycycliques contenus dans le tabac. Inversement, l'oestradiol contenu dans les contraceptifs oraux ou certaines classes d'anti-ulcéreux ralentissent l'activité de cette enzyme : la caféine reste alors plus longtemps dans le sang et a des effets prolongés. C'est aussi le cas chez les femmes enceintes, qui peuvent ressentir les effets de la caféine pendant toute une journée. Depuis quelques années, les biologistes expérimentent une « caféine à libération prolongée ». L'objectif ? Améliorer la vigilance de certains professionnels (pilotes, militaires, etc.). La caféine pure est associée, dans une gélule, à un liant qui en assure la diffusion progressive lors de l'ingestion et dans le sang.
Pourquoi l'expresso et le café filtre n'ont-ils pas le même goût ?
Dans les cafetières à filtre ou à piston, le café est infusé : l'eau frissonnante qui est versée sur l'agrégat peu compact de particules de café torréfié entraîne la majeure partie des substances solubles présentes dans la mouture, dont la quasi- totalité de la caféine et de nombreux acides (citrique, malique ou chlorogénique). L'expresso est préparé en un temps beaucoup plus court (trente secondes en moyenne contre quatre à six minutes pour le café filtre) en faisant passer une petite quantité d'eau chaude (entre 92 °C et 94 °C) sous pression (de 9 atmosphères) à travers un bloc de café torréfié finement moulu et comprimé. Seule une petite partie des acides et 60 à 70 % de la caféine sont entraînés dans la tasse. Les pressions élevées permettent aussi l'extraction d'huile aromatisée : une émulsion se forme sur le dessus de la tasse (la fameuse mousse) dans laquelle les composés aromatiques volatils restent piégés. Pour réussir un expresso, la mouture doit être fine et bien dosée, et la durée d'extraction de l'ordre de trente secondes. Au-delà, le café a un goût de brûlé. En deçà, il reste clair, et la mousse manque d'épaisseur. La quantité de caféine est d'autant plus élevée que la durée d'extraction est longue. Conséquence : contrairement à ce que l'on pourrait penser, un « petit noir » bien serré est moins riche en caféine qu'un café long.
Trouve-t-on de la caféine ailleurs que dans le café ?
Oui. Cet alcaloïde est présent dans les feuilles, les semences et les fruits de plus de 60 plantes, le thé, le cacao ou le cola étant les plus connus. Ainsi, 4 tasses de café apportent autant de caféine que 8 tasses de thé, 150 grammes de chocolat noir ou 7 canettes de cola. La caféine entre dans la composition de nombreux médicaments comme certains antimigraineux, des antalgiques et des excitants. Les sportifs doivent d'ailleurs s'en méfier : améliorant la capacité respiratoire et l'endurance à l'effort, la caféine est considérée comme un produit dopant et leur est interdite. On la retrouve aussi dans des crèmes amincissantes : facilement absorbée par la peau, elle permet le fractionnement des graisses accumulées dans les adipocytes. En se fixant sur les récepteurs de l'adénosine, elle sti- mule les enzymes de dégradation des graisses, les lipases. Par voie orale, l'ingestion de 100 milligrammes de caféine augmente de 16 % les dépenses énergétiques sur deux heures."
Voilà qui mettra tout le monde d'accord.
(... sauf les modérateurs : si les droits d'auteurs s'appliquent à cette diffusion d'extraits d'archives, supprimez. Merci)