Lettres mortes

  • Créateur du sujet Créateur du sujet Anonyme
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Voilà un petit mot pour te dire ce qui me passe par la tête, depuis plusieurs mois, sans doute depuis toujours.

Je t'aime. Je te le répètais à chaque fois qu'on se parlait, tout à la fin de nos téléphones, ou sur le quai en montant dans mon train. J'ai décidé de te le dire le jour où je me suis retrouvé à l'hopital, il y a bientôt 10 ans je crois, après t'avoir vu, affaibli, rescapé de ce sale tour que la vie te jouait, comme si tu en avais besoin, en plus de tout le reste. Le médecin avait un avis plus que réservé et ne nous cachait pas qu'il fallait être là, au cas où. Nous avons tous cru que tu partais. La fin. Toutes ces choses qui restaient à se dire.

Tu me l'as dit plus tard, simplement: Elle partait avec ta fille et elle t'avait brisé le coeur. Dans tous les sens du terme. Une fois de plus. Je me suis dit que si je ne te disais pas ce qu'on n'osait pas se dire depuis si longtemps, un jour, tu ne serais plus là pour l'entendre et cette petite phrase somme tout ridicule était pour moi un plaisir un peu gêné, mais comme une prouesse face à nos silences.

Je ne te parlerai pas là de ces péripéties qui ont fait nos vies, de ces fuites, de ces silences qui duraient sur des mois, des années, de ces rendez-vous manqués. On a eu ces trois dernières années des rapprochements qui m'ont fait un bien fou, et à toi aussi j'espère: tu exhumais des moments intimes, quand tu étais enfant, adolescent ou adulte et je faisais de même. On se retrouvait. On se parlait vraiment. Nous avons souffert de ton absence et toi de la notre. Je ne m'en souviens plus, mon cerveau se vide et toi seul pouvait me tendre ces pièces du puzzle de ma vie, de mon enfance, ce grand néant. Je me comprenais mieux à ton écoute, je te comprenais mieux en te parlant de moi.

Je ne te parlerai pas d'Elles, car s'il fallait t'en parler, ce ne sera pas par lettre: je veux te parler de toi. De nous. Depuis ce jour de juin 2006, dans cette petite gare, tu refuses tout contact, avec moi ou avec J. J'ai eu de l'incompréhension (je suis si naïf), de la colère, j'ai essayé d'être cynique. Cela ne me mène à rien. J'aimerai te dire que je suis tout simplement abandonné. Avec tout ce qui peux être ressenti quand on l'est. Toute ta vie, tu as été abandonné ou tu as pu le croire à tort ou à raison. Et maintenant, sans explication, il semblerait que tu nous abandonnes. Tu coupes les ponts.

Tu te détournes sans un mot, ce n'est sans doute pas facile pour toi, tu dois avoir tes raisons j'imagine mais c'est ton problème, pas le mien. Alors je pleure, mes larmes coulent sur mes joues, je me devine il y a des années, sur le bord de la route de V, tous ces dimanche soir en voyant ta voiture s'éloigner dans la nuit, j'ai envie que tu me parles, même si ce n'est de rien, même si tout va toujours bien dans ton petit monde, envie de t'entendre. J'aimerai que cela ne soit pas si réel. Je n'arrive pas à y croire.

Je t'aime

Ton fils aîné
 
Cher ami,

Je t’écris de ma face voilée mais sache que mes mots vont vers toi. Comme à mon habitude, je ne sais par où commencer. Je voudrais simplement te dire combien je tiens à toi, combien ton amitié m’importe. Malgré cette distance qui s’instaure de jours en jours, depuis ce froid qui nous a glacés en cette période de noël, alors même qu’on cherchait à réchauffer nos cœurs, à consoler nos peines si profondes. Beaucoup savent que l’amitié parfois nous rend flous…j’avais besoin de douceur et de tendresse, tu étais là. Même si ce n’est pas cet élan qui nous as éloignés (ce fait n’existe même plus dans nos pensées), et si c’est sûrement dû aux tensions qui existaient déjà dans le groupe auquel j’ai appartenu sans réellement l’avoir choisit, sache que je ne t’oublie pas.
Aujourd’hui tu es heureux, tu as enfin ce que tu cherchais, ce que tu mérite, malgré tout ce que tu as pu en penser les années dernières. Je remercie la vie de t’avoir enfin fait ce cadeau. Egoïstement cela me fait du bien de te savoir aussi transporté. Oui j’ai trouvé ça trop rapide, j’ai voulu te mettre en garde…inutilement je le conçoit et je suis ravie de m’être trompée. J’avais tant peur que tu souffres encore.
Je sais pertinement que je suis pas celle qui pourrait vraiment te venir en aide au cas où, que je ne suis pas celle avec qui tu as envie de partager tout ça…je sais qu’il est mieux placé que moi pour tout ça, que c’est lui qui est devenu ta chair. Ce n’est même pas ce que je cherche. Pour être mon ami aussi je sais qu’il n’y a pas de cœur si grand que le sien. Dis-toi simplement que je serais toujours là si tu en a besoin. Aime la vie, elle te le rendra.
Cette lettre je te l’écris alors que j’en ai tant d’autres aussi importantes à rédiger. Dans la même lignée…vous, mes amis si chers, vous êtes si loin. Les « outrepassés » et les vivants. Il est vrai que même les premiers, je le crois, me font des signes amusants de temps à autres ; et que vous, vous me saluer aussi souvent que la vie nous en laisse le temps…mais votre présence me manque tellement. J’ai tant de choses à vous dire que tous ces mots ne suffisent pas. J’ai tellement besoin de garder « contact », le vrai ; sentir la puissance si différente de tout vos bras.
Alors voilà mon G., tout ça pour dire de prendre soin de toi. Je n’ai plus assez de forces pour vous soutenir convenablement ces temps, plus assez pour moi non plus. Je ne peux que penser à vous : fais attention à toi, s’il te plaît. Je t’embrasse…..
 
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Réactions: mado
Il pleut à verse et je rêve de neige.

Je rêve de neige, de boules jetées sur toi comme autant de baisers glacés, de luttes, de roulades et de la morsure du froid quand je priais pour que ta bouche rencontre la mienne mais que cela ne devait pas arriver.
Pas là, pas à cet instant, pas devant les autres…

Je rêve encore des regards échangés, du tien d'un noir profond, de ton visage que tu cachais derrière une main timide pour mieux me regarder, de toi si près de moi, de ces instants trop courts.

Dans quelques semaines, dans quelques semaines seulement, tu seras là, pour longtemps.

Alors…
 
Pathétique…

C’est tout ce qui me vient à l’esprit en entendant ta dernière prose à mon égard.
Je pensais que tu touchais le fond, je me suis trompé. Il faut que tu continues à sombrer dans ton puit de conneries.
Plus le temps passe, plus tu deviens démagogue et hypocrite. Et le comble c’est que tu me reproches tes tares ! Tu veux des exemples de ta relation avec P.? Ou à l’égard d’autres personnes ?
Tu es tellement persuadé d’avoir raison que ça ne te viendrait jamais à l’idée de reconnaître tes défauts ou d’accepter un temps soit peu que les autres puissent détenir une certaine vérité.

Tu me reproches d’avoir changer… C’est comme tout le reste ?! Tu es trop aveuglé par ta bêtise que tu n’as pas remarqué que celui qui avait le plus changé de nous deux c’était toi.
Où est le M. qui se confiait, qui me faisait confiance, qui m’écoutait quand j’en avais besoin et qui n’était pas nombriliste au point de parler de lui et sa douce à longueur de temps ?
Tu as fait quoi pour ma mère ou pour moi quand tu es venu plus de 2 semaines ? Tu lui as offert des fleurs, un resto ? Tu m’as offert ton amitié, ta disponibilité ou de l’écoute ?
Non, tu étais aveuglé par C., tu ne parlais que d’elle me laissant à mon soi-disant mal-être et mon nombrilisme majeur. Tu es sûr de ne pas inverser les rôles ? Où sont passées nos longues discussions sur tout et n’importe quoi, nos délires, nos projets ?

Tu es rentré chez toi, tu as donné peu de nouvelles, tu n’as même pas cherché à m’aider pour mon soi-disant problème. Tu es resté fort comme toi-même, absolument pas responsable de moi ou mes agissements envers toi, et parce que tu le vaux bien, tu m’as chié à la gueule tout ce que tu avais à dire un jour avant de venir, ne se rappelant même plus que tu devais loger chez moi le lendemain ?
Où est le respect, l’intégrité amical et la morale ?
Tu en as aucunes… C., à tout prix, le reste au revoir. P. là-dedans c’est un peu l’homme à tout faire, le gars pas méchant, pas gentil, qui ce fou pas plus que ça de ta gueule mais qu’on pardonne parce qu’il n’habite pas loin est qu’il peut être utile ?
Et puis moi là-dedans, je suis le gars chiant, qui est peut-être un poil trop compliqué pour toi, qui t’as écouté quand ça n’allait pas, mais qui sert plus à grand chose aujourd’hui, il n’y a plus vraiment d’intérêt à se le coltiner, qui plus est lorsqu’il t’apprend que tu peux plus loger chez lui quand ses parents sont là avec en prime un Beau père qui t’a pas vraiment à la bonne… C’est malheureux. On va donc essayer de couper les ponts sans s’expliquer, et si l’autre ré insiste, on lui tire 2/3 conneries dans le dos et on le bloque pour ne plus en entendre parler.

Ta manière de faire me dégoûte… Je sais même pas comment C. peut te croire quand tu lui balances des conneries à mon sujet tellement c’est bidon. Tu croyais vraiment qu’elle allait croire le coût de l’inutilité de prendre un hôtel si tu ne peux pas te la faire ?!
A ce moment-là je me suis dit que t’avais sûrement déraillé et que tu avais balancé ça sur le coup de l’énervement. Même pô ! Tu rajoutes une couche en montrant à C. des archives de com’ MSN. Excuse mon étonnement, mais quel âge as-tu? Tu essayais de prouver quoi ?
Que j’étais un ******* ? Tu voulais que S. me quitte ? Prouver à ta petite assemblée mentale que tout ce que tu avais fait à mon égard étaient mérités ?
Ta manière d’agir est à la hauteur de ta désespérante chute vers la mythomanie…

Paradoxalement, je t’en veux même pas de m’avoir traité comme de la merde, d’avoir tenté de me faire passer pour un ******* auprès de C. & S. et d’avoir essayé de casser mon couple. Je me dis que t’es malade.

Un problème d’égo, truc du genre…

…Pathétique.


J’oubliais : J’attends même pas une réponse de toi. Je sais même pas ce que tu pourrais répondre de toute manière si ce n’est des petites vannes bidons infondés mais qui te font bander. Je crois que c’est la dernière fois que je te cause. À vrai dire je regrette la tournure des choses, je t’aimais bien, t’étais comme le grand frère que j’ai jamais eu, je pensais compter sur toi, qu’on serai lié un peu comme à la vie/à la mort. Passable désillusion.



Bonne vie tout de même.

R.
 
A toi Jean-Pierre,

Je t'ai connu via la passion de papa. Tu étais le type plein de cambouis qui bricolait la rallye 2 de mon pére et la barquette de mon oncle. J'étais alors tout petit ... 3-4 ans ...
Depuis ces courses de côtes des eighties, tu es et restera toujours le gros nounours plein de graisse avec le sourire jusqu'aux oreilles et ta saleté de clopes au bout du bec.

Bien à toi le roi de la mécanique et de la débrouille qui nous à quitté aujourd'hui.

et merde à ce putain de caillot !
 
vous, amis annonymes que je lis, qui me lisez.
Merci d'être là. J'aime toutes ces petites brides d'histoires personnelles que vous nous laissez entrevoir. J'aime flâner ici et vous lire, découvrir un brin de votre vie.
Se rendre compte que d'autres aussi sont. Et vivent. Et ressentent.
J'adore l'humanité qui se dégage de ces lieux pourtant virtuels.
:)
ces deux dernières pages sont magnifiques. :zen:




courage à ceux qui traversent des épreuves
plein de bonheur à vous tous !
 
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Réactions: IceandFire et mado
Un jour

Ch...

Je crois que la vie n'est pas un scénario écrit à l'avance, c'est de "l'impro...".
Des fois je sais faire et puis des fois non.
Là j'ai l'impression que la bougie n'a plus de cire pour faire encore briller la petite flamme. Je repense à notre rencontre, à ces parties de fous rire, aux silences, à la complicité, à elle à eux, aux rochers, à l'eau, au partage, aux tempêtes, au sable... enfin à des tas de petits détails que l'on croit enterrés pour toujours dans le compost de l'histoire.
Et quand la solitude apparaît soudain comme un long pèlerinage à travers les années qui restent à parcourir, je mesure combien nous nous sommes transformées en petits points sur l'horizon, une légère perturbation de l'existence...
Une sensation de fin, comme si une partie de la bande témoin s'était estompée...
So long. Ça doit être ça la vie...
 
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Réactions: rezba
toi , encore toi , toujours toi

j'espere un jour te croiser a l'improviste .....te voir et te dire finalement adieu


:zen:
 
Moi, tout ce que je voulais, c'était que tu sois sur les photos de vacances et qu'il y ait nos deux noms sur la porte. Je voulais juste ça, t'écouter me raconter ta journée pendant le repas du soir, nous chamailler pour la télécommande et te sentir blotti contre moi quand le héros serait en danger, ouvrir une bouteille de vin, comme ça, et la boire en sauvages en discutant de riens, danser parfois, sentir ta poitrine contre la mienne, tes bras autour de mon cou, et sourire à la courbure de tes sourcils quand tu dors, marcher dans la rue, contre la pluie, en relevant nos cols, et entendre ton rire quand nous arriverions trempés, ton rire de gorge, aigu et clair, tenir ta tête sur mes genoux et la caresser longuement quand tu serais triste, parler de la banque et de ce prêt qu'on en finirait pas de rembourser, des cartes de vœux en retard et de l'invitation pour samedi soir, imaginer un enfant que tu serrerais en me regardant, qui te ferait pleurer en t'appelant papa et pour lequel j'inventerais des histoires, et puis te voir vieillir sûrement près de moi dans l'espoir lâche de partir le premier et de ne pas avoir à te survivre, et vivre, au jour le jour, le miracle ordinaire de ta présence et des portes qui s'ouvrent sur ton sourire.
Il y aurait eu des voyages, quelques séjours chez des amis, des fins de mois difficiles et le cadeau à trouver sur la liste de mariage de Rachel et Fred. Il y aurait eu les nuits et tu m'aurais enfin appris à m'aimer. J'aurais senti la légèreté de ton corps et la douceur de mon plaisir dans ton contentement, et tu te serais endormi comme un ange repus, ta queue contre ma cuisse et ta main sur mon cœur. Il y aurait eu tous les matins, nos petits-déjeuners en tête-à-tête, la dispute pour la salle de bain et le linge que j'aurais laissé traîner. Et puis, ce jour-là, je t'aurais regardé partir en me disant soudain que, peut-être, c'était la dernière fois. Alors, je t'aurais rattrapé dans l'escalier et tu m'aurais trouvé un air bizarre. Je t'aurais embrassé, je t'aurais serré contre moi et je t'aurais dit que je t'aime, que je voulais juste te dire ça. Et tu m'aurais regardé en souriant, d'un air qui cherche à comprendre. Comme ça.
Je voulais juste te dire ça.
 
première lettre :

Cette lettre,

tu viens de la lire.
Tu trouves les mots beaux.
tu me renvoies à mon égoïsme aussi.
tu as raison.
je t'embrasse
avec autant de regrets.

Deuxième Lettre :

Merci à toi mon ami.
tu as lu cette lettre avant elle.
et comme d'habitude avec ta chaleur et ta sincérité tu m'as consolé
pour la deuxième fois
nous avons comme tu l'as dit
du temps à rattraper
prends soin de toi
garde moi une chaise proche de la petite rivière
avec une menthe à l'eau
nous serons beaux, beaux et cons à la fois
je t'embrasse
encore merci mon ami
Rémi
 
Qu'est-ce que tu veux que je te dise ? Quel nouveau mensonge faut-il que j'invente cette fois encore pour ne pas t'embarrasser avec la vérité nue de mon désir, pour ne pas franchir la limite de ce qu'il est acceptable de te donner à entendre ?

Bien sûr, ce n'est pas comme si je t'aimais. Rien de cet ordre ne me contraint au verbe. Tu ne sauras jamais rien ni de la vague qui monte de mon cœur à chacune de tes apparitions, ni de l'élan qui conduirait ma main sur ta joue et dans tes cheveux si tu la laissais faire. Mais je suis fatigué de nos tête-à-tête courtois et de chercher, jour après jour, un nouveau détail à flatter pour mieux te cacher l'essentiel. Parce que la vérité nue, mon cœur, c'est que ma main et ma braguette te trouvent extrêmement baisable. Parce que l'essentiel, c'est que dans chacun des sourires que tu laisses derrière toi, je consens un peu plus à l'enfer.

Tes yeux brillent du feu dont on fait les bûchers.
 
Ce nom sonne comme une cloche. Une cloche assourdissante.
Perçant mes timpans d'une éfluve sentimentale digne d'un Roméo.

Ton regard aussi. C'est quelque chose. Une couleur à en faire pâlir une nonne d'Afrique. Etrange, envoutant, fuyant.
Pourquoi tu me fuis? Pourquoi tu fuis mes yeux? Je te fais peur?

J'ai pensé à toi toute la semaine. Tu ne le sais pas. Tu ne t'en doûte même pas.
Tu as un goût de tristesse. J'aimerai bien y goûter, juste pour te comprendre.
J'aimerai bien. J'aimerai mieux.

Mais je ne t'aime pas. Je suis fou. Fou d'un truc qui s'appelle aimer. D'un truc qui te ressemble, qui t'incarne, que je cherche. Ô bon Dieu, que je cherche, mais que j'ai tant de mal à trouver.

Tu m'as vraiment touché la joue?! C'était pour quoi? Pour me tester?
Pour palier à ce désir, à cette distance. Ca s'est passé si vite. J'ai mal réagi. J'aurai dû te prendre dans mes bras. Et te dire tout le silence que je n'arrive pas à cracher. Juste ce son là, ce néant. Et te bercer, que le temps s'arrète. Que les gens s'arrètent.
J'aimerai te prendre dans mes bras oui. J'aime ça. C'est agréable. Agréable de savoir qu'on est là pour l'autre, qu'il peut se reposer sur toi.

Lorsque tu me vois, tu ne dis rien. Même pas un bonjour, un bonsoir. Un salut. Un hochement de tête. Les autres, tu leur dis non? Qu'est ce que j'ai m'enfin?!
Je sens mauvais, je suis laid? Non.
C'est un autre truc. Je me dévalorise pour faire bon genre.

Je t'impressionne. Ou je me fais des idées. Demain, j'essairai d'échanger des regards avec toi. Parce que je veux que ca avance, je veux savoir.



Et puis, j'aimerai surtout te lécher la minoutte.
 
Je rembobine deux décennies entières.

Salut Cecile !
Je suis navré que tu en sois arrivée là.
Je savais bien que tu n'avais pas que de bon côtés, mais je ne pensais qu'à moi. Des hauts et des bas, des séjours en HP répétés (je me souviens de fellations dans les chiottes à la sauvette quand je te rendais visite...). Puis ta fuite, tes rencontres de bras cassés, de copains pas si copains que ça...
Déjà quand j'ai compris que la prostitution faisait partie de ton quotidien, j'aurais dû lacher l'affaire... Mais tu es revenue, penaude et en vrac... Et il y y a eu ta TDS dans mes gogues. L'arrivée du Samu qui ne trouvaient pas de quoi piquer leur perfu par manque de pression artérielle. Tu t'en es sortie cette fois là. Mais pour te foutre en l'air quelques mois plus tard, bien au chaud chez tes parents, en laissant une lettre que je n'ai jamais lue...Que je n'ai jamais voulu lire...

Salut Pierre !
Mon meilleur ami ! De la 4e jusqu'au bac, on était comme deux frères. On allait dans les quartiers pour pécho notre demi-gramme tous les samedis, puis les mercredis aussi. inséparables... Sauf qu'en terminale, comme tu était un peu plus bosseur (moins fainéant) que moi, tu es parti en "C", et moi en "D".
Et tu as fait medecine, avec brio ! Je suis parti ailleurs courir après des études mornes, ternes et abandonnées très vite. Au retour, tu étais marié, une petite fille dans les bras. Mais dans la salle d'op où tu opérais (en tant qu'interne, heureusement), tu piquais des flacons, une seringue et hop, un tour aux toilettes... R1406, Fentanyl étaient tes compagnons.
"Pourquoi papa y dort toujours ?" demandait ta fille quand tu piquais du nez à table.
Jusqu'au jour où tu ne t'es pas réveillé de ta narcose chronique lors d'une "sieste" chez tes parents. Tu n'as rien laissé d'autre qu'une fillette qui ne t'a jamais connu. J'ai la chance de m'en être mieux sorti que toi - même si tout le monde me donnait perdant.
 
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Réactions: macelene
Monsieur le banquier de Monsieur Vendez,

Je vous écris ce jour pour vous prévenir que votre client, Monsieur Vendez, s'est mis en tête de découvrir le truc d'un célèbre et rare tour de magie, "la cage de verre".
Pour l'instant, il essaye maladroitement d'acheter pour une bouchée de pain et un peu de viande crue un prestidigitateur de renom, quoique assez ringard dans l'accoutrement.
Mais monsieur Vendez ne tardera pas à découvrir que ce tour fait partie de la catégorie "grandes illusions", et qu'il se monnaye au plus cher dans les foires aux illusions.
Connaissant le bonhomme, il est à craindre qu'il casse sa tirelire, vende sa voiture et mette sa famille aux enchères pour s'acquitter du droit exorbitant de connaitre Le truc.
Avant qu'il ne vende sa progéniture à un négrier nantais (il en existe encore, vous le savez aussi bien que moi), je vous demande, que dis-je, je vous somme de bloquer ses comptes en banque, afin que sa quête de la foire aux illusions ne se mue en foire aux atrocités.

Votre dévoué.
 
Mon…. ,
Bon sang, je ne sais même pas comment t’appeler. Ton prénom pousse à amalgame. Je pourrai m’en tenir à ami mais tu es bien plus que ça…quant à ex-amant, au vu des nouvelles données, je ne suis pas sûre que cet adjectif nous fasse honneur.
Quoiqu’il en soit, de par cette lame d’acier qui m’a un jour frôlée le derme, tu es devenu ma chair et te savoir en train de souffrir ainsi m’est insupportable. On ne voulait pas m’annoncer la nouvelle, disant que j’étais bien trop fragile. Ils n’avaient pas tort, j’ai sombrée. Ta folie est devenue mienne. C’est incroyable cette propension à ne jamais savoir si c’est mon tourment ou celui des autres qui me ruine.
Je vois notre relation sous un tout autre jour. Un jour pas très ensoleillé. On ne s’est rapproché que parce que nous étions très fragilisés. Deux cristaux fissurés qui pensaient se réparer en se fusionnant mais nous n’avons réussi qu’à faire imploser le tout. A des kilomètres de distance, en même temps…
Dans tous ces silences, et j’en ai passé des années à les vouloir les interpréter, j’ai toujours voulu y voir un fond de sentiments. Je ne pouvais imaginer tout ces instants de bonheur sans une once d’émotion. Aujourd’hui, tout est remis en question, et oui sûrement que j’ai été choséifiée pendant plus de 10 ans. Un moyen très facile d’accès pour assouvir une pulsion incomprise.
Je ne sais comment te parler. Te dire combien je comprend ta douleur. Un cercle s’est formé autour de toi. On cherche à te protéger mais ton gardien est loin d’être solide. Personnage même que tu accuses sans que l’on connaisse la proportion de tes délires. Cette torture est si forte que je n’arrive même pas à l’attacher à ma seule histoire. J’ai peur. De ce qui nous arrive et de te perdre.
Que s’est-il vraiment passé ? Qu’as-tu révélé au monde ? La cause est-elle cet excès de drogue en tout genre ou une hérédité alors inconnue ? Tant de questions s’éveillent…
Sainte Anne t’as ramené parmi nous. J’espère qu’elle veille correctement sur toi.
Mon impuissance me rend amère. Si seulement, pour une fois, tu pouvais me dire les choses…si tu avais su m’appeler…
Je te rend quand même à ta vie. Ta force et ton courage ne manqueront pas pour te sortir la tête de l’eau. Je le sais. Appuie-toi sur les tiens. Tu as au moins le mérite d’avoir soulever ce qui n’allait pas entre vous. Que le dialogue vous vienne et que le bonheur, celui que vous méritez tous depuis si longtemps même si la vie n’a de cesse de vous mettre des bâtons dans les roues, vous illumine. Je ne la connais pas cette Camille, je ne sais même pas qui elle est pour toi, mais aux dires tu peux aussi compter sur elle.
Cette lettre est morte. Pas nous.
 
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Réactions: rezba
La porte de ma chambre.
La porte du séjour qui donne dans la cour.
La portière de la voiture.
À nouveau la portière de la voiture.
Les portes vitrées de l'aéroport.
Les portes du sas de la salle d'embarquement.
La porte du couloir vers la passerelle.
La porte de l'avion.
À nouveau la porte de l'avion.
La porte du bus.
À nouveau la porte du bus.
La porte du terminal.
La porte du hall.
La porte de l'aéroport.
Le tourniquet de la gare.
La portière du train.
À nouveau la portière du train.
La porte de la gare.
La porte du bus.
À nouveau la porte du bus.
La porte de l'immeuble.
La porte du vestibule.
La porte de l'appartement.
La porte du bureau.
La porte de sa chambre.

Vingt-cinq portes et ton cœur me séparent de toi.
 
Je ne te salue pas

C'était un chien. Il était beau, sans le savoir. D'ailleurs, il ne savait rien. Son regard portait au-delà du nôtre, au-delà du connaissable qui délimite notre vision. Le grand regard de l'animal.
Il aimait jouer, jouer et jouer encore, dans les premières lueurs de l'aube, dans la pleine lumière de midi, dans l'ombre du crépuscule. Son monde était jeu. Ce jeu dont les règles échappent au temps, parce qu'il est le temps.
Un jour, tu es passé devant chez nous. Et tu l'as vu... Du marécage de tes affects, il y en a un qui s'est soulevé. Pour toi qui entends si peu, la sonorité insupportable de la beauté. Et, effectivement, ça tu ne l'as pas supporté. Ton horizon étique a été un instant déchiré par cet espace infini que tu as aperçu dans son oeil.
Cet affect, il t'a fallu le détruire. Et détruire avec lui le monde qui s'y reflétait.
Le lendemain, tu es repassé devant chez nous. Avec une boulette de viande. Et de l'herbicide.
Nous avons assisté, impuissants, à son agonie, à ses convulsions.

Mais, ne t'en fais pas. Je ne vais pas t'envoyer en enfer.
Tu y es déjà.
 
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Réactions: Aurélie85
Si je t’écris ces quelques mots, c’est pour te dire combien je t’aime même si…

Depuis bientôt 35 ans, nous vivons l’un à côté de l’autre, ensemble.
Tu as grandi avec moi. Parfois plus vite que moi, au point d’être adulte avant moi : plus sage, plus raisonné, plus conscient de tes limites.
Tu es tout pour moi : tu me supportes, tu me soutiens, tu me fais avancer. Sans toi, je ne serai qu’un souffle d’air, une illusion, fugitive, imperceptible, vaporeuse.

Et moi, qu’ai-je fait pour toi ? Rien !
Quand tu vas bien, j’en abuse et te mets à l’épreuve de mes excès en tout genre.
Quand tu souffres, quand tu me cries à l’aide, je ne t’écoute pas et je continue à te pousser dans tes derniers retranchements jusqu’à la rupture.
Et alors quand tu abandonnes pour te remettre de mes folies, je me morfonds, je larmoie, je pleurniche.
Je ne te mérite pas !


Un jour, je sais pertinemment que tu me laisseras, que tu jetteras l’éponge devant le peu d’attention et de précaution que je te porte. Mais sache alors que je ne t’en voudrai pas.
Tu l’auras bien mérité ce repos et j’aurais bien mérité de me retrouver seul. Tu iras te reposer et moi j’errerai comme une âme en peine…

A toi mon corps, merci d’être là.
Je t’aime.