Nous n'avons pas d'hirondelles par ici, elles semble élire domicile plus loin où les conditions de nidification leur sont plus favorables (présence de plan d'eau et bâtiments avec avancées, le martinet préfère les hauteurs comme les falaises ou les grands immeubles)
Tu vas rire – jaune !
Un jour que j'étais dans un village du bocage normand, au passé d'élevage et de culture, reconverti en cité dortoir pour néo-ruraux ; j'ai vu un type lutter contre les hirondelles comme Louis s'acharne contre les moustiques, fourmis et autres limaces qui envahissent son lopin de terre – c'est pour la blague, hein, Louis peut bien décimer tous les insectes qu'il souhaite tant que cette extermination en règle reste entre ses quatre murs.
Mais le type, lui, c'était les hirondelles qu'il combattait. Heureux propriétaire, endetté sur X années, d'un pavillon sans charme planté sur une parcelle engazonnée et entouré d'une haie de conifères, il ne voyait pas d'un bon œil qu'un couple ou deux d'
hirundo rustica nichent sous ses toits. Ces nids de glaise à la forme organique et de couleur sienne naturelle contrastaient avec le blanc cassé du crépi, le blanc neige du cache-moineaux et la teinte ardoise des tuiles mécaniques.
Alors… Juché sur les barreaux d'une échelle adossée au mur,
sali par la saison de la reproduction, le type s'ingéniait à détruire les nids avec une perche, comme on shouterait dans une fourmilière, avec force et détermination. Je suis resté bouche bée devant cette scène surréaliste qui s'acheva avec un coup de karcher™.
Gosse, dans une étable chez mes grands-parents, les hirondelles nous frôlaient la perruque lorsqu'elles fusaient dans le bâtiment pour rejoindre leur nid ou lorsqu'elles retournaient à la chasse aux insectes. On riait de cette expérience. Les nids faisaient parti du décor. il ne nous serait jamais venu à l'esprit de les casser. Même si gosse, j'aimais faire des conneries !
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Tu vas rire – tout court !
Lundi dernier, j'emmenais Médor dans une balade dite de ravitaillement. Un parcours qu'on emprunte une fois par mois environ. Une grande boucle qui lui permet de laisser des messages pour ses copines du bout du monde connu. Sur le chemin du retour, Médor avait la truffe d'un côté du trottoir et moi le nez au vent de l'autre. Je fus sorti de mes pensés par la vue d'un juvénile à plumes. Dans un contrebas herbeux, la bête s'affolait de voir le chien sans pour autant s'envoler. Vu le gabarit j'ai d'abord cru à un faisan alors qu'en ville… Le faisan ne nidifie pas. Son plumage anthracite faisait penser à une pintade mais en ville… On lui préfère les poules ou les lapins. Si bien que j'étais dans le flou…
Me tournant vers le chien pour voir s'il avait repéré le volatile, il y avait cinquante mètres devant moi un quatre par trois faisant la pub d'un zoo. Constatant que Médor avait toujours la truffe dans ses messages, je me retournais vers le juvénile en m'interrogeant non plus sur son espèce mais par quelle formule magique il avait bien pu sortir de ce panneau publicitaire, hé hé, avant de continuer la promenade. Mais cette rencontre m'est restée. Elle m'a, si non empêché de dormir, obligé à rester attentif aux volatiles susceptibles d'être de son espèce.
Et la réponse est venue trois ou quatre jours plus tard. La télé causait de paons. L'image de ce magnifique spécimen de la nature, souvent pensionnaire des zoos, était aussi pensionnaire d'un lycée voisin. Justement celui situé en deçà du contrebas herbeux théâtre de ma rencontre. Ce juvénile était un jeune paon bleu ! Pas tombé d'une affiche mais sorti de son enclos !
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Bon dimanche
