et avec la tête ? v2

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Merci Loustic ! :up: :zen:
 
Allez, je fais une tentative. :rose:

La rue semblait déserte. Je m'apprêtais malgré tout à sortir par ce froid glacial. Après tout il fallait bien que je me bouge, si ce n'était pour aller acheter mon journal. Je franchis donc le pas de porte. Un froid glacial, celui qui vous prend à la gorge à vous piquer les yeux. D'ailleurs, le froid entrait visiblement par le sieul, l'isolation avait mal été faite. Un peu de mastic fera sans doute l'affaire. Je fis quelques pas, pour finalement me résigner: je prendrai la voiture, même pour quelques centaines de mètres. Fallait-il faire encore la démarrer, la voiture, le moteur semblait gelé, noyé, ankylosé. Même les lumières du tableau de bord avaient daignées s'allumer. Après tout, je me devais de lire la presse quotidienne. On avait tellement parlé de cette affaire étrange un peu partout, cela m'intriguait: un homme avait étranglé sa compagne de manière assez sordide, je vous passe les détails. C'était pourtant un couple ordinaire, sans histoire visiblement, mariés depuis 2 ans. Ils habitaient mon quartier. Je les connaissais assez peu finalement, mais ils me paraissaient sympathique. J'ai encore l'odeur du délicieux pot-au-feu que Carine, l'épouse tuée, avait cuisiné il y a une semaine. L'odeur avait parfumé pendant quelques jours la cage d'escalier, ce qui avait déplu a pas mal de gens.
De retour donc à la maison, après m'être littéralement frigorifié, je remontais doucement les marches et franchissait mon antre. J'aime bien appeler mon logement, «mon antre», cela donne un petit côté médiéval qui a son charme.
Enfin au chaud.
 
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Réactions: Jean-ClaudeVanDamme
Mon front est glacé, de cette sueur froide, sechée, maintenant. Les arbres défilent, la brume s'en mèle. La voiture est collée au bitume. Je regarde le tableau de bord, je ne fais que ça. Trop vite.
Trop seul. Les micro-coupures de sommeil s'enchainent. Je dois m'arrêter. Mais pas là, pas dans le froid. Pas sur une aire d'autoroute glauque.
Je reprends une gorgée de ce liquide chargé de sucre, de vitamines, de guarana et de taurine. La nuit sera moins lourde. J'accélère, jusqu'à Carcassonne.
L'aire est déserte. La voiture s'arrête devant le point de panorama. Il fait froid. Et sec. Le vent souffle. Fort. Je voudrais colmater toutes les brèches de mes vêtements. Les sceller. Au mastic. Et rester là, dans la nuit, à contempler cette cité improbablement intacte. Carcassonne. Cela fait vingt-cinq siècles que des hommes habitent là, sur ce caillou exposé au vent. Ils ont d'abord construit les remparts, puis le chateau. Puis, autour, cette ville. Comment était-ce, au moyen-âge ?
Le monde médiéval reste un mystère, un univers de contrastes. Etait-ce l'enfer que l'on décrit parfois ? Ou ce moment de profonde nouveauté que certains historiens racontent ? On ne sait pas. On continue de véhiculer ces visions péjoratives. Comme cet ami qui me commentait un fait divers, lu dans le journal, ce matin. "C'est le moyen-âge", disait-il. Mais que sait-on, au juste, de la vie de ces gens ?
Aujourd'hui, la Cité de Carcassonne n'est plus qu'un disneyland, un attrape-gogos. Une vitrine réactionnaire. Classée au patrimoine de l'Humanité par l'Unesco et la World Company.
Heureusement que l'Aude ne se résume pas à ça. Heureusement. Je repense à ce pot-au-feu de canard, dégusté à midi. Préparé comme les audois savent le faire. Le canard gras, sa chair qui se détache sur les os. Le bouillon parfumé, odorant. Les légumes imprégnés. Et ces tartines de foie mi-cuit, posées en rosace autour de l'assiette creuse.
Le souvenir du repas me redonne de l'audace. Encore deux cents kilomètres, et je serais chez moi. La nuit est froide, mais je ne suis pas las.
 
Merci, WebO, tu m'as donné envie de te suivre dans le froid. ;) Et merci à toi, MacMarco pour ce cocktail de mots. :zen:
 
Hé bé, je suis gâté ! :D :cool:
Merci rezba ! :zen:






PS : Ca va pas de parler cuisine à c't'heure-ci ?!!! :mad: :rateau: :D
 
PS : Ca va pas de parler cuisine à c't'heure-ci ?!!! :mad: :rateau: :D[/QUOTE]


L'est dure, cette viande. On dirait du mastic. L'avait pourtant l'air bonne comme du pot-au-feu, mais l'est pire dure qu'un tableau d'bord. Si j'avais su, j'aurais bouffé mon journal. Ou mes semelles. Mieux vaut ça que des ordures, non?
Ah, y'a pas d'énigme, on est plus dans le médiéval, quoi ! :rateau:
 
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Réactions: macmarco
camisol a dit:
L'est dure, cette viande. On dirait du mastic. L'avait pourtant l'air bonne comme du pot-au-feu, mais l'est pire dure qu'un tableau d'bord. Si j'avais su, j'aurais bouffé mon journal. Ou mes semelles. Mieux vaut ça que des ordures, non?
Ah, y'a pas d'énigme, on est plus dans le médiéval, quoi ! :rateau:
:D
:up:
:zen:

Merci Camisol ! ;)
 
Dis Jean Marc,
Tu crois que c'est le primeur qui les a inspiré..? :) :D

Belle nuit de mots (do :siffle: ) en tous cas.

:zen:
 
Medhi et Valérie formaient un couple soudé. Ils vivaient à Maastricht (prononcez [mastic]) et étaient des potes au feu et regretté Boris, qui le jour n'allait pas bien et le soir mourait, laissant à sa place un amas de poussière bleue : le tas bleu de Boris. :p :D :D :D
 
:heu: :up: MArco tu en as du beau MOnde ds ta session :zen:

4 d'un coup... Une révélation, de l'audace, des mots qui touchent, des mots doux et forts...

Mon oeil me dit que tu vas peut-être en avoir d'autre ;)...

Me demande si je vais pouvoir faire un truc à la hauteur :heu: , sont forts.
 
feu-800.jpg


Dans un pot de grés il avait déchiré une lettre. Il se servait toujours de ce pot là pour les brûler. Ce pot-au-feu était comme son lieu d'amnésie. Il y jeta une allumette et regarda le papier se tordre et se border de bleu. Les bleus de l'âme sont-ils de cette couleur ? Va savoir... Journal d'une vie partie en cendres et pourtant l'enquête avait été longue pour trouver la vérité. Il se demandera sûrement encore demain si elle avait vraiment aimé ce pauvre erre.
Au mur, une mauvaise reproduction d'un tableau de Soulages. Sa couleur de geai lui rappelle combien la lumière peut être belle lorsqu'elle est emportée par le diable et conservée au bord des ténébres. Ce tableau de bord de ténébres, c'est son destructeur de vision. Ses yeux passent du pot-au-feu au tableau de bord puis s'attardent sur un journal posé à ses pieds. Sur une page on parle de la lointaine Île Moustique, c'est là qu'il a choisi de déposer un peu de mastic pour réparer le carreau cassé du fragile vitrail médiéval de sa fenêtre.
L'inspecteur cherche toujours à comprendre ce qui fait que tout ceci fût si cher à son c½ur. Face à de tels indices, il reste sans trouver le motif du crime. L'enquête tordue restera dans les dossiers classés sans suite, à moins qu'un autre indice trouvé dans les cendres du pot-au-feu ne vienne tout remettre en question.
 
TibomonG4 a dit:
feu-800.jpg


Dans un pot de grés il avait déchiré une lettre. Il se servait toujours de ce pot là pour les brûler. Ce pot-au-feu était comme son lieu d'amnésie. Il y jeta une allumette et regarda le papier se tordre et se border de bleu. Les bleus de l'âme sont-ils de cette couleur ? Va savoir... Journal d'une vie partie en cendres et pourtant l'enquête avait été longue pour trouver la vérité. Il se demandera sûrement encore demain si elle avait vraiment aimé ce pauvre erre.
Au mur, une mauvaise reproduction d'un tableau de Soulages. Sa couleur de geai lui rappelle combien la lumière peut être belle lorsqu'elle est emportée par le diable et conservée au bord des ténébres. Ce tableau de bord de ténébres, c'est son destructeur de vision. Ses yeux passent du pot-au-feu au tableau de bord puis s'attardent sur un journal posé à ses pieds. Sur une page on parle de la lointaine Île Moustique, c'est là qu'il a choisi de déposer un peu de mastic pour réparer le carreau cassé du fragile vitrail médiéval de sa fenêtre.
L'inspecteur cherche toujours à comprendre ce qui fait que tout ceci fût si cher à son c½ur. Face à de tels indices, il reste sans trouver le motif du crime. L'enquête tordue restera dans les dossiers classés sans suite, à moins qu'un autre indice trouvé dans les cendres du pot-au-feu ne vienne tout remettre en question.

Ma tante qui travaille dans les postes me disait que le spectateur est distrait de trop de couleurs. Distrait je ne l'ai jamais écouté et maintenant elle ne me distrait plus.

PS : Ludo te passe son bonjour : ce n'est pas qu'il ne veut pas mais il s'en fait un principe
 
L'enquête est-elle vraiment tordue ?
Etant donné son succès, il est difficile de dire
qu'il s'agit d'une enquête tortue !

Déclaration du commissaire principal :

L'enquête avance !
L'assassin court toujours !

:D
 
Qui ?

Sur mon tableau de bord de lectures à venir, j'ai encore rendez-vous avec elle.
Archéologue de l'époque médiévale, elle est finalement tombée dans le pot-à-feu (marmitte, à l'origine) du Rompol et fait danser les mots avec brio.
Et quand, délaissant son inspecteur à l'imper couleur mastic, pour mettre sa plume au service d'une autre vérité sur le vagabond aux yeux souriants (qui fait malheureusement la une du journal en un triste jour de février 2004), je l'aime aussi.

Qui ?
 
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Réactions: WebOliver
madonna a dit:
Dis Jean Marc,
Tu crois que c'est le primeur qui les a inspiré..? :) :D
Ah, c'est donc ça ! :D :D :D


madonna a dit:
Qui ?

Sur mon tableau de bord de lectures à venir, j'ai encore rendez-vous avec elle.
Archéologue de l'époque médiévale, elle est finalement tombée dans le pot-à-feu (marmitte, à l'origine) du Rompol et fait danser les mots avec brio.
Et quand, délaissant son inspecteur à l'imper couleur mastic, pour mettre sa plume au service d'une autre vérité sur le vagabond aux yeux souriants (qui fait malheureusement la une du journal en un triste jour de février 2004), je l'aime aussi.

Qui ?
Merci madonna ! :up: :zen: :cool:
 
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