Allez, je fais une tentative.
La rue semblait déserte. Je m'apprêtais malgré tout à sortir par ce froid glacial. Après tout il fallait bien que je me bouge, si ce n'était pour aller acheter mon
journal. Je franchis donc le pas de porte. Un froid glacial, celui qui vous prend à la gorge à vous piquer les yeux. D'ailleurs, le froid entrait visiblement par le sieul, l'isolation avait mal été faite. Un peu de
mastic fera sans doute l'affaire. Je fis quelques pas, pour finalement me résigner: je prendrai la voiture, même pour quelques centaines de mètres. Fallait-il faire encore la démarrer, la voiture, le moteur semblait gelé, noyé, ankylosé. Même les lumières du
tableau de bord avaient daignées s'allumer. Après tout, je me devais de lire la presse quotidienne. On avait tellement parlé de cette affaire étrange un peu partout, cela m'intriguait: un homme avait étranglé sa compagne de manière assez sordide, je vous passe les détails. C'était pourtant un couple ordinaire, sans histoire visiblement, mariés depuis 2 ans. Ils habitaient mon quartier. Je les connaissais assez peu finalement, mais ils me paraissaient sympathique. J'ai encore l'odeur du délicieux
pot-au-feu que Carine, l'épouse tuée, avait cuisiné il y a une semaine. L'odeur avait parfumé pendant quelques jours la cage d'escalier, ce qui avait déplu a pas mal de gens.
De retour donc à la maison, après m'être littéralement frigorifié, je remontais doucement les marches et franchissait mon antre. J'aime bien appeler mon logement, «mon antre», cela donne un petit côté
médiéval qui a son charme.
Enfin au chaud.