Bonjour Gilbertus, voici mon texte
Période hivernale. La pince du vent glacé cinglant mon visage, mon reflet venait mourir à la surface des vitrines du dernier chic parisien. Pourtant ma féminité, je la croyais révolue, érodée. Par strates successives ma forteresse s'était effritée à l'image d'un ksar perdu en plein désert.
Ce n'était pas grave, aucune importance! Les mâles devraient faire avec cette enveloppe, pas de concessions possible. Mais alors que m'arrive-t-il ?... Etonnée de pénétrer, dans ce lieu de l'embellissement corporel, j'allais redécouvrir le plaisir d'être moi, femme parmi des millions d'autres.
La vapeur du hammam m'entoure. On me guide, on me parle, et leurs voix douces et complices me séparent des dernières peurs du toucher. L'une d'entre elles m'invite à gommer mon corps. A la manière d'un corindon brun et sublime, ses mains sont douces, délicieusement douloureuses. Subtile manège m'enlevant les remparts d'un passé de tristesse, les mains de cette fille m'inspirent une reconnaissance éternelle. Je m'abandonne.
Enfin détendue, je rejoins le bain.
Bien sur le corps n'est pas l'important, bien sur il est illusoire de le vouloir beau à jamais, mais à cette minute où je glisse dans le liquide bienfaiteur, je le murmure avec une passion solitaire retrouvée : « je t'aime bien ma vieille, je suis belle »