Nerveux, vraiment nerveux ce type. Voilà ce que se dit le petit être pâle mais très bien habillé en regardant le prisonnier à travers le verre blindé de la pièce mise à disposition pour les entretients entre détenus et avocats. Les feuilles de papier, tournées, claquent dans l'air froid et sec du minuscule matin ; il est trois heures et demi et la machine à café est vidée comme l'âme des hommes au sommeil perdu qui hantent les cellules, quelque part dans ce bâtiment.
Le petit homme réalise la présence du planton que quand celui-ci fait crier la lourde porte métallique. Il sursaute. Les feuilles de papier, tombées, claquent dans l'air froid et sec du minuscule matin. Le détenu souri. Son nom revient au petit homme : « Bonjour monsieur L...
pas de nom, juste des pseudo !
bien bien, alors comment dois-je vous appeler ?
Nephou..
?
Nephou ! »
Les feuilles de papier, froissées, claquent dans l'air froid et sec du minuscule matin. Le petit homme se tasse tandis qu'un éclair orangé l'abus de vitamines sans doute passe dans le regard de l'homme étrange. Lindex de sa main droite semble caresser un objet imaginaire, ou feuilleter quelque chose. Le petit homme décide de passer : « Passons aux choses sérieuses : vous êtes ici pour
(le petit homme cherche dans ses papiers, tournés tombés et froissés)
m'être fait un loup.
Tiens, on m'avait parlé d'homicide, pas de braconnage sur espèce protégée.
le loup s'était fait homme
alors on peut sans doute recalifier le délit grâce à l'état antérieur de la victime. Le tout est bien sûr d'atténuer
»
Le filet de voix se tarit, l'homme étrange se meut comme assis sur une escarpolette : d'arrière en avant et inversement. Pour se donner une contenance, le petit homme classe son dossier. Les feuilles de papier, glissées, claquent dans l'air froid et sec du minuscule matin. Si ça continue, il va faire jour. «~Si vous voulez que je vous aide il va falloir... m'aider...~» Les mots lui manquent ; quand au souffle, n'en parlons pas. L'homme étrange se redresse et le fixe. Il va parler.
« Amok
Pardon ?
C'est ce qui a tout déclenché. C'est le nom de l'homme que j'ai tué
ça s'est passé dans un bar. Je me souviens parfaitement de ses murs gris et oranges, de ses habitués
ganz blaue(*être gris, auf deutsch), et de ses serveurs encore verts. C'était l'un d'entre eux. Il était samoyède, nyam-nyam, malgache ou fuégien
c'est égal. Il est mort et je suis fou.
C'est une bonne nouvelle... je veux dire... pour votre défense.
Le fou, tût, n'est pas seul~; lui qu'on croit.
Pardon ? »
Trop tard, l'homme étrange est de nouveau dans ses pensées et il revoit tout.
Le petit groupe se trouvant bien à moquer autour de lui, le chef de meute, riant à grands coups de « le Doc est vil » et autres « passera-t-il l'envieux râleur ? ». Pitoyable. Tout a basculé ensuite. La folie est venue, accompagnée d'une prière :
amok, amok ! susurrée sous un regard marginal. Les repère fondent ; la colère gronde et explose. « Amok ! » l'exquis mot chasse le faux hocquet d'indignation que certains poussaient. L'explosion souffle tout sur son passage, chaises, tables, verres et cendriers pleins ou vides pour les projeter sur le centre d'attraction. L'Amok quête un dernier regard d'approbation avant de sombrer dans le tabac froid, le bois, le verre et la bière
. et pis taffe tirée en hommage
rideau.
Le petit homme quitte l'homme étrange
Des feuilles de papier, jetées, claquent dans l'air froid et sec du minuscule matin. Ça y est, il fait jour.
<blockquote><font class="small">
petit jeu:</font><hr />des jeux de mots se sont dissimulés dans ce texte
saurez vous tous les trouver ?
[/QUOTE]
à bientôt, je crois que je vais aller me coucher