Je reviens sur le Taschhorn. Le plus haut des quatre pics du massif du Dom.
C'est effectivement là qu'est mort Patrick Berhault. Entre le Taschhorn et le Dom. Il a décroché. Bêtement. Une seconde auparavant, il avait les deux pieds sur l'arrête. Une seconde après, il chutait dans le vide.
Lorsqu'on parle de montagne, d'escalade, d'alpininisme, la mort est omniprésente. La montagne est sauvage. Méchante. Personne, parmi ceux qui tentent d'en conquérir les sommets, n'a la prétention de la conquérir. Encore moins de la maitriser. Parce que la vie d'un montagnard est jalonnée de ces morts de proches, de ces accidents terribles.
On ne s'y habitue pas. On cesse juste d'être surpris, ou en colère.
Patrick Berhault était un immense alpiniste. Peut être le meilleur de tous. Il avait créé, avec Patrick Edlinger, "l'escalade libre".
Berhault etait beaucoup moins connu que l'autre Patrick, même si l'industrie du cinéma faisait tout autant appel à lui. Mais Berhault ne se contentait pas du rocher, il aimait la montagne sous toutes ses formes, et notamment les hivernales, ces courses infernales, où à la dureté du rocher se rajoutent la fourberie de la neige, et la perversité du froid.
Berhault a grimpé dans tous les massifs du monde. Mais il était avant tout un alpin. Après une vie de défis, il avait décidé d'arrêter la course au grandiose pour revenir à un alpinisme authentique. Sans aide. Sans artifices. A mains nues.
C'est pour ces raisons qu'il était parti dans ce qui fut sa dernière aventure. Traverser, à pied, à skis, à vélo, tout le massif alpin. Et gravir, avec Philippe Magnin, les 82 sommets de plus de 4000 mètres des Alpes de la liste officielle de UIAA.
Leur course s'est arretée le 28 avril 2004, à 0h20 du matin. Après 67 sommets.
Paix à ton âme, Patrick Berhault. :zen: