"Je suis désolé, mais cette fois-ci je ne suis pas tout à fait d'accord avec toi, Viktor."
Encore heureux, le monde serait si monotone...
"La simple connaissance de sa matière n'est à mon avis pas suffisante pour pouvoir prétendre enseigner.". C'est vrai, il faut aussi aimer les enfants et les jeunes gens. Accepter leurs (immenses) défauts pour pousser leurs (grandes) qualités, apprécier leur compagnie malgré la pénibilité, parfois, avoir la passion de faire comprendre, de partager un savoir... entre autres.
"Négligé les sciences de l'éducation et les différentes recherches et expérimentations serait à mon avis une grave erreur. " Encore faudrait il que ces "Sciences" existent!

Lorsque j'ai voulu faire un DEA en "Sciences de l'éducation", à Toulouse, j'ai reçu une réponse qui m'a amplement renseigné: elle me précisait que cette formation "ne s'adressait PAS à des étudiants en sciences"...
J'ai vainement cherché des revues de sciences de l'éducation, des publications scientifiques réelles, des comités de lecture, des referees, des expériences (telle cohorte a reçu tel type d'enseignement, telle autre un autre, comparons après 5 ans...) mais rien, le néant (si, une étude canadienne). Des articles d'autocongratulation ou des resucées absconses tentant de dissimuler le vide des concepts derrière l'enflure sémantique du discours, j'en ai trouvé. Plein.
Les "sciences" de l'éducation se présentent avec tous les attributs des pseudo-sciences.
Entendons nous biens: je ne nie pas les progrès effectués dans la psychologie de l'enfant, dans la prise en charge des différents handicaps : tous cela, la psychologie cognitive et autre, est bel et bon, mais son utilité reste limité à des enseignement sdans des cadres spéciaux. Vouloir généraliser abusivement peut mener à la catastrophe...
Quand à savoir "pourquoi ils sont nuls"... Je ne pense pas que les élèves soient si nuls (les parents, en revanche...). Les meilleurs sont même parfois exceptionnels. Ce qui se passe, c'est qu'ils ne fonctionnent pas selon une logique comparable à la notre (nous, les vieux c...). Apple avait, il y a quelques années, sorti un document sur les enfants "numériques" vs "classique". Pensant à du pur marketing, j'y avais jeté un oeil amusé. Quelques années plus tard, je trouve l'ensemble assez pertinent.
Beaucoup d'élèves rejettent plus la façon de fonctionner de l'institution scolaire que ce qui y est enseigné, ou qui devrait y être enseigné.
Un exemple: je prête mon camescope à une élève "médiocre" de 6ème pour qu'elle réalise un reportage sur "la vie sur Terre "(dans le cadre d'un projet d'Arte pour envoyer un message vers une etoile lointaine via un radiotelescope - oui, je suis un des rares profs dont les élèves seront connus à l'autre bout de la Galaxie!). Cette élève me rend une petite merveille: elle a instinctivement réalisé un "tourné-monté" avec des interviews, des micro-trottoirs, des travelling, une arrivée d'un train... Elle était capable de créer un story board de qualité sur un projet. Mais, cela sortant du cadre scolaire, c'est toujours une élève, de troisième maintenant, cataloguée "médiocre"...
Je râle lorsque je vois la façon dont l'enseignement du français se saborde, par exemple, ou lorsque je vois que les langues sont toujours aussi mal enseignées qu'à mon époque.
Avant de dire "le niveau baisse", il faut savoir de quoi l'on parle: si on se compare aux années 50, les élèves d'alors étaient bien meilleurs en français, mais ne connaissaient pas, le plus souvent, une autre langue vivante; leurs connaissances en mathématique se limitaient à l'arithmétique et à la géométrie usuelle, sans trace d'algébre, de trigo où d'approche vectorielle (pour la plupart). La géographie demeurait centrée sur la France (en exagérant, ils savaient qu'Arras est le chef lieu du pas de Calais, mais pas où positionner Londres, Tokyo ou Los Angeles sur une carte du monde...). Les connaissances scientifiques étaient fragmentaires, voire absentes, hormis des notions élémentaires d'anatomie, de mécanique ou de chimie "cuisine"... Cette éducation correspondait à une époque, mais les époques changent, plus vite que les gens...
Quant à savoir que faire si un prof est mauvais (tout le temps, on a tous été mauvais une fois...), malheureusement, rien. C'est d'ailleurs un vrai problème, même s'il se pose rarement (sur 40 profs, j'en trouve 1 ou 2 qui ont un problème, soit par fainéantise avérée - le plus rare - soit le plus souvent à cause d'un mauvais contact avec les enfants). Beaucoup plus gênant, que faire si les parents sont nuls ? Dernièrement, un de mes élèves de cinquième (extrêmement intelligente mais n'obtenant que des résultats moyens, car tourmentée par des questions philosophiques hors de sa portée, pour le moment) disait en classe qu'elle espérait finir cet été le livre de Hawkings "une brève histoire du temps". Je lui ai demandé si elle le comprenait, elle m'a dit que le soir, elle le lisait avec ses parents qui lui expliquait ce qu'elle ne comprenait pas (s'il y avait davantage de géniteurs de cet acabit, la plupart des problèmes de l'école s'évanouiraient). Elle a eu beaucoup de mal à comprendre que les autres élèves n'avaient pas de parents susceptible de la même activité... C'est un exemple un peu extrême, mais je suis sidéré, souvent, par le peu d'intérêt que portent les parents à leur progéniture...