Tout commença par une paisible promenade solitaire en forêt. Paul avait eu envie de laisser ses pas le porter, sans but, au hasard des sentiers... Une sorte de jeu, inventé quand il était enfant, et auquel il était toujours resté fidèle. Se promener, nez au vent, jusqu'à se retrouver sans repères. Se perdre, volontairement. Pour ensuite s'amuser à retrouver son chemin...
Les heures succédèrent aux heures, et la nuit hivernale ne tarda pas à tomber.
Désormais, Paul estima que le jeu avait assez duré, et qu'il lui fallait désormais rentrer chez lui. L'agacement commençait à le gagner lorsqu'il entendit un hurlement, le pire qu'il eût jamais entendu... Un animal, sans soute... Peut-être un
chien...
Encore ce hurlement, qui se répétait en augmentant... Sans doute l'animal se rapprochait-il... Paul essaya de n'y pas prêter une trop grande attention, mais n'y parvint pas. L'animal devait désormais se rapprocher très rapidement de lui, et ses cris terribles redoublaient. Paul sentit la terreur le gagner. Il commença à courir aussi vite qu'il put, manquant de trébucher presque à chaque pas dans la pénombre...
Paul entendait maintenant non seulement les hurlements, mais également les pas de l'animal derrière lui...
Il voulut se retourner pour voir la créature qui le poursuivait, mais n'en eut pas le temps... Une morsure lui déchira le mollet gauche, et ce fut désormais ses propres cris qui succédaient à ceux de la bête... Il ne la distingua pas vraiment, mais aperçut plutôt une ombre, dont les crocs scintillaient, déjà teintés du
rouge de son sang...
Paul tomba au sol, et se débattit de toute l'énergie qu'il put, distribuant presque au hasard coups de poings et coups de pieds en direction de l'animal.
Ce fut assez pour l'éloigner quelques secondes, que Paul mit à profit pour se relever et pour fuir à nouveau. Non pas en empruntant un sentier, mais en s'enfonçant autant qu'il put dans des broussailles garnies de ronces, là où il espérait que l'animal ne pourrait le suivre aisément...
Paul sentit le sol se dérober sous lui... Il venait de glisser, et se corps dévalait désormais un petit ravin...
Il eut à peine le temps de se relever, pour s'enfoncer à nouveau dans les feuillages les plus épais qu'il put trouver ; l'animal le poursuivait encore.
Paul commença à trouver devant lui moins d'arbres, et le sol devenait plus lisse. Courant aussi vite que sa blessure le lui permettait, il parvint hagard jusqu'à une bâtisse qui était peut-être la première d'un petit village, ou d'un hameau... Il se précipita à l'entrée de la demeure en appelant à l'aide, mais ne put que marteler des ses poings une
porte désespérément close...
Paul devina en effet dans l'obscurité grandissante plusieurs demeures, dont les toits semblaient de dessiner dans le ciel à peine éclairé d'un croissant de lune...
Il courut comme un fou, d'un pas que son boitillement rendait maladroit, en appelant au secours dans toutes les directions, désespérant qu'un humain pût l'entendre...
Peut-être était-il déjà trop tard... Dans quelques instants, l'animal serait à nouveau sur lui, et il ne pourrait sans doute pas lui échapper une fois de plus...
Ce hameau était-il désert, abandonné?... Ou ses habitants se terraient-ils chez eux, se refusant à intervenir?...
Il ne trouva pas d'autres échos à ses cris de détresse que les hurlements de l'animal, qui se jeta bientôt sur lui, le terrassant aussitôt...
Les crocs acérés achevaient de lui lacérer sa
botte gauche, puis déchiquetèrent son mollet, lui arrachant à nouveau des cris de douleurs...
Il ne vit toujours pas vraiment l'animal, dont il ne distinguait que les yeux luisants et froids, et les crocs s'acharnant sur sa jambe, et approchant de son ventre...
Il sembla à Paul qu'il percevait maintenant des voix humaines, mais il ne savait pas si c'étaient des cris, ou des rires...
Un cri de terreur retentit dans l'immeuble. Paul venait de se réveiller en sursaut, relevant d'un coup son buste en agitant devant lui ses bras, comme pour se protéger de l'attaque de quelque monstre, ou autre ennemi difficilement identifiable...
Puis il alluma la lumière, et inspecta sa chambre en quelques instants. Seul le lit gardait la trace de son sommeil agité et de son brusque réveil. Le reste n'avait pas changé. C'était toujours une chambre, non l'entrée d'un hameau. Et la Bête du Gévaudan n'y avait pas établi ses quartiers.
Parfois, un homme estime qu'il
gâche sa vie, s'embourbant dans l'ennui d'un quotidien qui s'installe jour après jour, presque imperceptiblement. Un quotidien dont il voudrait parfois s'évader à tout prix.
Parfois, au contraire, il semble délicieux de n'avoir rien d'autre à affronter que le risque d'un peu d'ennui...
Bon là vous vous dites, mais quelle cruche s'po possible ?!
Et là, après une demi nuit de sommeil réparateur, je vais vous le confirmer
un reveil brutal avec :
- chien
- rouge
- porte
- botte
- gache
Fin de session, jeudi 14, 20h le 13 etant la crucifixion de captain, je vais éviter de trainer sur le net
Promis après j'arrête !